C’est avec une profonde tristesse que la famille de Manu Dibango, notre désormais regretté «Papa» ou «Papy Groove», a annoncé son décès survenu hier, mardi 24 mars 2020, à l’âge de 86 ans dès suites du COVID 19. Avec cette douloureuse disparition, l’Afrique perd un guerrier toujours engagé pour les nobles causes, un ambassadeur qui a mobilisé en faveur des Africains lors des calamités naturelles et des pandémies comme la sécheresse, le VIH/Sida et récemment Ebola.
Il faut souvent un cyclone ou un Tsunami pour déraciner un baobab ! Et il fallait un virus redoutable qui défie les scientifiques de la planète entière pour venir à bout de la résistance du baobab africain que fut Manu Dibango. Le monstre sacré du jazz a été finalement vaincu par le Coronavirus (COVID 19) dans la nuit du lundi au mardi 24 mars 2020.
Et pourtant, on a un moment espéré qu’il était tiré d’affaire après les déclarations rassurantes de ses proches la semaine dernière. «Il récupère dans la sérénité… Il se réjouit d’avance de vous retrouver prochainement et vous demande, en cette période troublée que nous traversons tous, de bien prendre soin de vous», a conclu un communiqué publié la semaine dernière par la famille.
Hélas ! La légende camerounaise voire africaine et planétaire a donc finalement succombé à 86 ans. «Les obsèques auront lieu dans la stricte intimité familiale, et un hommage lui sera rendu ultérieurement dès que possible», ainsi en a décidé les proches de Manu Dibango, le Papy Groove arraché à ses millions de fans à travers le monde. Le chanteur camerounais est ainsi devenu la première star mondiale à succomber du COVID-19.
En octobre 2019, cette grande figure de la musique africaine était revenue pour Jeune Afrique sur plus de soixante ans d’une carrière intense et exceptionnelle. Alors qu’il venait de terminer une grande tournée afro-européenne, il avait alors affirmé avoir de nombreux projets en tête. «Je veux faire quelque chose avec rien que des instruments africains… J’ai déjà rencontré un jeune homme, Adama Bilorou, qui joue du balafon chromatique et avec qui j’ai envie de mener ce projet. Je souhaite aussi reprendre des standards africains avec un joueur de tam-tam camerounais initié à la transmission de messages… Et un enregistrement audiovisuel du Safari symphonique doit aussi être réalisé», avait-il alors confié à nos confrères de J.A. Des projets que la légende n’aura plus à réaliser pour le rayonnement culturel de l’Afrique.
Un baobab est ainsi tombé. Avec Manu Dibango, c’est un pilier de la musique qui tombe. Il fut juste un monstre sacré de la musique, qu’elle soit classée «jazz», musique «africaine», «classique», «moderne» ou «traditionnelle»… Le saxophoniste camerounais et légende de l’afro-jazz est par exemple l’auteur d’un des plus grands tubes planétaires de la musique world, «Soul Makossa» en 1972. Avec cette douloureuse disparition, l’Afrique perd un guerrier toujours engagé pour les nobles causes, un ambassadeur qui a mobilisé en faveur des africains lors des calamités naturelles et des pandémies comme la sécheresse, le VIH/Sida et récemment Ebola.
De son vrai nom Emmanuel N’Djoké Dibango (surnommé Papy Groove ou Papa Manu) Manu Dibango était un saxophoniste et chanteur né le 12 décembre 1933 à Douala, au Cameroun !
Comme l’a si bien rappelé le président de la Fédération des artistes du Mali (FEDAMA), M. Alioune Ifra Ndiaye, «il a inscrit la culture africaine dans la conversation mondiale contemporaine et l’a sortie du folklore dans lequel on continue à vouloir la ramener». Un grand bon homme s’en est allée. Une voix, un souffle qui a fait «vibrer son saxophone pour imprimer un son incomparable et reconnaissable parmi des milliers».
La mort est loin de l’avoir vaincu car Manu est immortalisé par une œuvre fabuleuse à l’épreuve du temps, donc de l’oubli. Certes nous serons orphelins de ses éclats de rire, de sa joie de vivre et surtout de sa grande humilité, mais ces œuvres sont toujours là pour nous consoler et nous rappeler aux bons souvenirs de l’artiste qui n’a jamais joué à la star. Aux héritiers maintenant de perpétuer l’héritage !
Dors en paix l’immortelle légende !
Alphaly (LE MATIN)
PS : Si vous le souhaitez, vous pouvez adresser vos condoléances à : manu@manudibango.net