Cameroun: arrêt des poursuites et expulsion de l’écrivain Patrice Nganang

Yaoundé – L’écrivain camerounais Patrice Nganang, arrêté le 6 décembre au Cameroun pour des propos menaçants sur les réseaux sociaux à propos de la crise en zone anglophone, a été relaxé et expulsé, a annoncé son avocat mercredi à l’AFP.

Le tribunal de première instance de Yaoundé a ordonné la relaxe de M. Nganang, selon l’avocat Emmanuel Simh.

Son procès était prévu le 19 janvier, mais il a été conduit au tribunal mercredi matin où le procureur a demandé l’abandon des poursuites et sa libération.

Selon son avocat, M. Nganang a été expulsé. Son passeport camerounais lui a été retiré mais il dispose toujours de son passeport américain, pays dont il a également la nationalité.

Son expulsion n’a pas été confirmée de source officielle dans l’immédiat.

« Je sais qu’il est remis en liberté parce que c’est (une question) politique. L’histoire le retiendra ainsi. Lorsque M. Nganang a été arrêté, il était poursuivi pour outrage au président de la République. L’accusation nous a convoqué (ensuite) pour dire que l’infraction a été abandonnée. Le président Paul Biya a donc désavoué tous ces gens-là qui par zèle ont fait arrêter un écrivain », a déclaré à la presse son avocat au sortir de l’audience.

L’écrivain avait été interpellé le 6 décembre à Douala, capitale économique du Cameroun, alors qu’il devait embarquer pour Harare.

Il était poursuivi notamment pour « apologie de crime », « menaces » et « outrage à corps constitués », et avait plaidé non coupable lors de la première audience de son procès le 15 décembre à Yaoundé, selon son avocat.

Ce dernier avait alors dénoncé « une procédure à caractère purement politique (…) contre quelqu’un qui a des positions connues et tranchées contre le régime de M. Biya ».

Selon le porte-parole du gouvernement, Issa Tchiroma Bakary, il lui était reproché notamment des menaces contre le président Biya sur Facebook, publié au retour d’un séjour dans l’ouest anglophone du pays, plongé depuis fin 2016 dans une grave crise socio-politique aux accents séparatistes.

« Faites-moi confiance et je ne blague pas, je l’ai devant moi, lui Biya, et j’ai un fusil, je vais lui donner une balle exactement dans le front. Je le dis depuis Yaoundé où je suis », avait écrit M. Nganang le 3 décembre.

M. Nganang est l’auteur de « Temps de chien », prix Marguerite Yourcenar et Grand prix de la littérature d’Afrique noire. Il enseigne la littérature à l’Université de New York.

(©AFP / 27 décembre 2017 14h27)