CABLEGATES OU LES MURMURES DE L’ONCLE SAM Les relations douteuses dans le nord du Mali

Iyad Ag Ghali retourna au Mali de son poste au consulat malien à Djeddah pour aider le président Amadou Toumani Touré à gérer la révolte grandissante de Bahanga. Mais son influence avait beaucoup diminué pour plusieurs raisons. Le Mali et l’Algérie croyaient qu’Ag Ghali était revenu pour conclure la libération des quatre militaires maliens détenus par Bahanga.
Cependant, lorsqu’Ag Ghali et le ministre de l’Administration territoriale Kafougouna Koné, sont arrivés à Kidal, l’accord sur la libération des prisonniers s’était soudainement évaporé. Le ministre Koné retourna à Bamako avec seulement l’un des quatre officiers maliens. Abderamane Ag Gala pensa qu’Iyad ag Ghali était le responsable de l’échec. Ses contacts algériens, y compris l’ambassadeur algérien au Mali lui disaient depuis longtemps qu’Ag Ghali était derrière Bahanga et tout ce qui ne va pas dans la région de Kidal. Selon l’analyse d’Ag Gala il n’y aura pas de paix à Kidal pour un certain temps et les rébellions dans le nord ne finiront jamais tant que les revendications fondamentales des rebelles ne sont pas satisfaites.
Abderamane Ag Gala interrogeait souvent ses collègues algériens sur la position de l’Algérie envers Mokhtar BelMokhtar. Travaillait-il pour l’Algérie ? Ag Gala avoua être confus comme tous les autres en ce qui concerne la réticence du gouvernement algérien à détruire les camps de BelMokhtar dans le nord du Mali. Il conclut que BelMokhtar recevait un soutien de certaines personnes du gouvernement algérien. Il nota la réputation légendaire de BelMokhtar à toujours s’évader à la dernière minute. Il est probable que les dirigeants à Alger n’étaient pas au courant de ce que les services de sécurité faisaient au sud du pays.
Une fois que les hostilités entre les rebelles touaregs et le gouvernement à Kidal ont diminué, les puissances occidentales encouragèrent non seulement le gouvernement malien, mais les dirigeants touaregs à combattre AQMI. Selon Ag Gala, il y avait un accord informel entre AQMI et les communautés locales du nord du Mali. AQMI ne ferait rien contre eux et les communautés toléreraient leur présence. Cet accord s’est dissous, au moins une fois pendant la crise des otages de 2003-2004 impliquant le Groupe Salafiste pour la Prédication et le Combat (GSPC) et plusieurs dizaines de touristes européens. Ag Gala rappela que ce sont les dirigeants touaregs et non l’armée malienne, qui ont chassé le leader du GSPC, El Para, du nord du Mali. Cette décision était basée en grande partie du fait que le GSPC avait amené des otages au nord du Mali en violation de leur accord informel.
Ag Gala a donné assez d’information concernant la genèse des unités paramilitaires arabes et pourquoi le gouvernement malien pourrait avoir du mal à les démobiliser maintenant que Bahanga n’est plus un obstacle. Si l’analyse d’Ag Gala est correcte, cela signifie que le Mali s’est joint à des trafiquants arabes pour éliminer un ennemi commun : Ibrahim Bahanga. L’élimination de ce dernier a donc permis de sécuriser les routes de trafic des trafiquants arabes, de renforcer les liens entre les trafiquants et les militaires maliens et d’organiser ces groupes en une force paramilitaire sous l’égide du gouvernement malien.
L’histoire semble se répéter au Mali. En 2007, aussi bien qu’en 2009, les rebelles touaregs avaient été désarmés. Mais les hostilités ont toujours repris quelques temps plus tard. Il y ‘ a peu d’espoir de penser que le dernier Accord d’Alger ne subira pas le même sort.
Amadou O. Wane
Collaborateur externe,
Floride, Etats-Unis
amadou@amadouwane.com