ATT n’avait pas besoin de cela. Il n’avait pas besoin de réunir ces femmes pour
essayer de leur expliquer comment l’armée fonctionne, comment les hommes sont
payés, combien de munitions contient chaque chargeur de Kalachnikov…
En fait, il aurait surtout fallu s’y prendre à temps pour distiller quelques informations
pertinentes et rassurer l’opinion publique. Par exemple, combien cela aurait-il coûté
à Koulouba d’ordonner à Sidiki Nfa Konaté, ministre de la Communication et Porte-
parole du gouvernement, d’envoyer l’équipe de l’ORTM Gao rencontrer les soldats,
issus de toutes les ethnies du Mali, revenus de Ménaka? Cela aurait certainement
balayé les rumeurs sur le fait que «seuls les militaires issus du Sud se battent et
sont tués au front», comme plusieurs manifestants le soutenaient lors des casses à
Kati et à Bamako. Cela aurait surtout permis de nous épargner des actes de haine,
de vandalisme, de provocation et, surtout, la fuite vers l’étranger de certains de nos
compatriotes.
Si certains de nos confrères peuvent être blâmés pour avoir mis de l’huile sur
le feu, il faut reconnaître que le gouvernement du Mali ne joue pas le jeu en
ne communiquant pas constamment. Même quand nos troupes boutent hors
de certaines localités les bandits armés. A Niafunké, par exemple, nos soldats
ont éliminé le groupe des bandits qui campaient près de la ville. La nouvelle
n’est parvenue aux Maliens qu’à travers des particuliers. A Tessalit, Tinza,
Ménaka…actuellement, on ne sait pas exactement ce qui se passe, alors que le Mali
dispose d’une Direction de l’Information des Armées.
Des exemples comme ceux-ci, il n’en manque pas. Pendant ce temps, les ennemis
contactent les média nationaux et internationaux pour leur vendre des communiqués
triomphateurs, qui continuent à entretenir le doute sur la volonté et, surtout, sur
la capacité du Mali à mettre fin à la présente rébellion. Toutes choses qui sapent
le moral des troupes sur le terrain. Rendez-vous, peut être, lors de la prochaine
marche avec casse pour une véritable autre communication gouvernementale sur les
événements du Nord? Wait and see.
Bientôt des attentats kamikazes
La phrase et les mots font froid au dos, mais la réalité est encore pire. En tout cas,
selon une source très confidentielle et proche des islamistes, AQMI serait en train
d’entraîner des jeunes dans le maniement et l’utilisation des explosifs. C’est cet
exercice qui a causé la mort de 11 jeunes, en début de semaine dernière. Dans
la localité d’Abéïbara d’où tous les jeunes sont originaires, c’était la consternation
dans les familles. La tante d’un des jeunes avec qui nous sommes entrés en contact
se dit «effondrée» et «ne comprend pas pourquoi on entraîne des jeunes dans une
guerre qui n’a pas de raison d’être». En tout cas, avec cette nouvelle arme qu’AMI
veut faire entrer dans le conflit, la vigilance doit être de rigueur. Surtout dans les
grandes agglomérations.
Paul Mben
22 Septembre 20/02/2012