La détresse des Brésiliens, à l’issue de leur élimination du Mondial par la Belgique, le 6 juillet 2018 à KazanAFP
Jeu flamboyant plombé par des lacunes défensives, stars absentes dans les moments décisifs, incertitude sur l’avenir: la sortie prématurée du Brésil au Mondial-2018 rappelle l’élimination cauchemardesque il y a quatre ans à domicile.
. Le jeu: pas de plan B
« Ca me fait du mal de le dire, mais c’était un match tellement beau. Je le dis même en sentant la douleur d’avoir perdu! »… Dans l’heure qui a suivi l’élimination de la Seleçao, Tite louait la qualité du match Brésil-Belgique. Vraie conviction ou axe de communication ? En tout cas, le sélectionneur brésilien a repoussé les interrogations sur l’approche de son équipe, partie à l’abordage après l’ouverture du score des Belges qui se sont régalés des espaces offerts, comme l’Allemagne en demi-finale du Mondial-2014 (7-1). Visiblement, aucun plan de jeu alternatif ne répondait à la question: que faire si l’adversaire mène 1-0 à la sortie du premier quart d’heure ?
Faute de système cohérent, la Seleçao s’est appuyée sur ses individualités. La solution a ses limites: le plan de jeu offensif reposait trop et quasi exclusivement sur Neymar, raillé pour ses simulations mais auteur de performances plutôt convaincantes. Aucun joueur n’a été à la hauteur de ses fulgurances, notamment Gabriel Jesus, l’une des grandes déceptions du Mondial, et Willian. De plus, les Brésiliens ont laissé poindre des faiblesses défensives rédhibitoires au milieu à la récupération (Fernandinho, Paulinho) et en défense (Miranda, Fagner).
. Le mental: chancelant
Postées sur les réseaux sociaux, les images du camp de base des Brésiliens, à Sotchi, renvoient des sourires sur fond ensoleillé de Mer Noire et des barbecues fumants, partagés avec les familles, installées à proximité du camp de base.
Une fois sur le terrain, c’est plutôt l’émotion et la pression qui semblent étouffer la Seleçao. Les larmes de Thiago Silva version 2014 ont trouvé un prolongement quatre ans plus tard en Russie. « La pression on l’a toujours », a résumé après le nul face à la Suisse le même « O Monstro », pourtant délesté de la charge de capitaine. Cinq jours plus tard, le duel face au Costa Rica s’est conclu dans les larmes pour Neymar. « Des larmes de joie, de dépassement, de force », avait-il expliqué après le match, marqué par une grosse algarade avec Thiago Silva, suivie d’un psychodrame. « Quand j’ai rendu la balle, il m’a beaucoup engueulé », avait déploré le partenaire de « Ney » au PSG.
. La suite: « pas le moment »
En quatre ans, le Brésil a déjà utilisé trois sélectionneurs. Felipe Scolari avait été poussé (difficilement) dehors après l’infamant 7-1 encaissé face aux Allemands en 2014. Puis Dunga a été appelé à la rescousse. Sans résultat: son jeu restrictif a conduit la Seleçao a une sortie dès les quarts de finale de la Copa America en 2015 et, pire, au premier tour de l’édition suivante en 2016.
En deux ans, Tite a redonné une philosophie de jeu à la Seleçao, et l’équipe semble un peu mieux équilibrée. Mais elle est toujours absente du dernier carré.
Et forcément, les interrogations sur son avenir ont fleuri dès le coup de sifflet final vendredi soir. Tite a refusé de répondre. « Ce n’est pas le moment d’évoquer l’avenir », a-t-il simplement indiqué. « Après deux semaines, on pourra évaluer les choses avec sang froid ».
Il pourrait bénéficier d’un sursis jusqu’à la prochaine Copa America, programmée en juin-juillet 2019 au… Brésil. Il sera temps de chasser vraiment les fantômes.