BRAQUAGE SUR LES ROUTES : Fin de course pour le faux général, Soungalo Doumbia et sa bande

Sous la houlette du commandant de brigade, l’Adjudant-Chef, Ousmane Diarra et son adjoint, Abdoulaye Diakité dit Charly, la brigade territoriale de gendarmerie de Naréna est à pied-œuvre pour mettre hors d’état de nuire les bandits armés et autres trafiquants. Son dernier exploit a été l’arrestation  du faux général, Soungalo Doumbia et sa bande.

En effet, depuis quelques  mois, les habitants des Communes de Siby, Naréna et Kangaba (situées sur l’axe Bamako-Kourémalé, à la frontière guinéenne) ne dorment que d’un œil. Ils étaient soumis au diktat d’un réseau de coupeurs de route, l’un des plus hétéroclites de l’histoire de la localité.

C’est le mercredi 18 septembre dernier, que les populations de ces trois localités ont été libérées du joug des malfrats  grâce à l’action musclée et intelligente de la BT de gendarmerie de Naréna mettant ainsi fin au règne du faux lieutenant de la douane, Soungalo Doumbia et ses compagnons.

Le film

Depuis plusieurs semaines, les habitants de Siby (chef-lieu de commune du même nom) sont embarrassés par la présence suspecte d’étrangers dans leurs murs et qui ne mènent aucune activité professionnelle officielle.

Face à l’imminence d’une vindicte populaire, les intrus quittent nuitamment Siby pour Naréna où ils seront accueillis par Broulaye Coulibaly, issu d’une famille de guérisseurs réputés et lui-même à voix au chapitre dans le village.

En complicité avec le « général » Soungalo Doumbia, âgé d’environ 40 ans, Broulaye parvient à tromper tout le village avec l’annonce d’une visite surprise du général Amadou Haya Sanogo. Il présente le nommé général Soungalo Doumbia comme précurseur  de la visite privée et secrète de son ami et frère d’arme, le général Amadou Haya Sanogo. Usant de la confiance en lui placée par les habitants, Broulaye Coulibaly parvient à bien mener une campagne d’information sur cette visite obscure. A cet effet, il se rend à la brigade territoriale de la gendarmerie pour annoncer au CB l’arrivée du général Amadou Haya chez lui. Il ajoute que la délégation, constituée de personnalités devrait arriver d’un moment à l’autre. Informée par Broulaye, le 16 septembre vers 20heures, de la visite dans leur ressort territorial d’une personnalité aussi illustre qu’Amadou Haya Sanogo, la BT de gendarmerie ne voulait restée en marge.

Le 17 septembre 2013, il mobilise toute la notabilité du village, y compris des représentants de l’administration publique, à la place publique où la gendarmerie s’est invitée volontiers histoire de rendre les honneurs à leur chef hiérarchique.

Mais ce fut une journée assez longue pour tous ceux-là qui voulaient voir de visu l’auteur du putsch du 22 mars 2012. Après toute une journée de patience, ils étaient résolus à rentrer chez eux avec l’espoir d’être à l’accueil du général Sanogo annoncé pour le lendemain. Le 18 septembre, Broulaye se présente de nouveau à la brigade pour annoncer que la délégation est déjà passée depuis le 16 septembre et est même rentrée à Bamako mais que le « général » Soungalo Doumbia, tiré à quatre épingles (toujours habillé d’une veste bien reluisante) restera pour des affaires privées mais ne voudrait pas de la présence des gendarmes à ses côtés. A la demande du CB et de son adjoint de rendre visite au général resté, Broulaye finit par prétexter que cet envoyé de Sanogo est parti cueillir des feuilles vertes dans la broussaille.

Quelques heures plus tard, Broulaye passe à la brigade de gendarmerie pour faire croire aux gendarmes que « le général éclaireur » est appelé d’urgence à Bamako.

Broulaye Coulibaly (ancien militaire de la promotion 1994 et déserteur depuis le centre d’instruction) s’était allègrement transporté à la gendarmerie avec un message d’encouragement aux gendarmes à qui il a aussi transmis une supposée promesse du général Doumbia à venir lui-même rendre visite à la BT dès son prochain passage à Naréna.

La  complicité d’un vieux de  70 ans et deux épouses comme appâts

Les limiers mettent le grappin sur lui (Broulaye) et conditionnent sa libération à la présentation du « général Doumbia ». Avant de craquer, Broulaye sort son téléphone et passe un appel à un interlocuteur histoire de flouer Charly et ses agents.  Peine  perdue, l’arroseur est à son tour arrosé et finit par avouer tout de go que le général émissaire de Sanogo n’était autre que Soungalo Doumbia, un jeune âgé d’environ 40 ans qui se fait aider dans ses opérations par plusieurs autres personnes dont son épouse Aïchata Doumbia, mère d’un bébé d’un an.

Le faux général bénéficiait du secours d’un vieux d’environ 70 ans du nom de Dougou Kanté, un guérisseur féticheur réputé dans le village. Celui-ci qui joue (à l’aide de ses fétiches) un rôle de prédilection pour l’issue des opérations du gang, partageait également les butins. Très avisés, les gendarmes mettent ensuite le grappin sur les deux maillons faibles du groupe à savoir les jeunes dames (l’une, répondant au nom de Aïchata Doumbia, épouse du chef de file Soungalo Doumbia, est âgée de 18 ans et l’autre baptisée Kadiatou Kéïta, âgée de 23 ans, mère d’un bébé d’une année, est l’épouse d’un autre membre du gang du nom de Mohamed Coulibaly).

Deux autres adeptes du vieil homme (les frères Siné et Dramane Doumbia), dont l’appartenance au gang est avéré, sont aussi interpellés. Eux, ils sont directement rattaché à leur chef spirituel tout comme les deux dames. Cette liaison a pour but de donner l’impression de guérisseurs et ses patients.

A la gendarmerie, les deux dames ont été les premières à avouer les activités néfastes du groupe qui se résument aux braquages et aux coupures de routes.

Ayant pris vent des arrestations, le général qui se faisait applaudir auparavant, s’est évaporé dans la nature  pour trouver refuge dans le village de Kamalé, situé à quelques kilomètres de Naréna.

Après 2 jours d’avis de recherche lancé par une radio locale, il a été dénoncé et interpellé le 20 septembre dernier à Kamalé.

Interrogés, lui et ses complices ont avoué les uns après les autres les différents forfaits perpétrés par eux courant 2013. Parmi lesquels l’attaque à mains armée contre un gendarme, sur le tronçon Naréna-Krikrou. Attaqué dans sa voiture, le gendarme en civil a eu la vie sauve grâce à l’indulgence d’un des membres du groupe. Cependant, il a été grièvement blessé et soulagé de son arme de service qu’il gardait sous le tapis de sa voiture Mercedes 190.

 

Ce groupe tenait son invincibilité du rôle important de son élément Bakary Camara qui restait dans le réseau téléphonique suivant le mouvement des gendarmes pour ensuite en informer ses complices.  Aussi, le caractère hétéroclite (personnes de sexes, d’âges et d’activité différents), les moyens d’opération et sa mobilité faisait la spécificité de ce groupe. Lequel opérait à bord d’une Toyota 207 de couleur blanche utilisée comme moyen de locomotion mais transformé en ambulance  juste après les opérations pour acheminer les butins sans soupçon. Pour faciliter leur exfiltration et tromper la vigilance des curieux et aux postes de contrôles, les malfrats faisaient passer les dames et leurs bébés pour patients en état critique en destination  d’un centre de santé le plus proche. Aussi, après chaque opération, ils disparaissent pendant un ou deux mois avant de réapparaître pour commettre un autre forfait.

Après 8 mois de règne, « le général »et ses éléments viennent de tomber sur plus dur qu’eux : les éléments du CB, l’adjudant-chef Ousmane Diarra et de son adjoint Abdoulaye Diakité dit Charly lequel a demandé la franche collaboration des populations pour leur permettre de mettre hors d’état de nuire les malfrats. Selon lui, cette opération a été rendue possible grâce à la collaboration des populations.

Les recherches sont en cours pour retrouver le conducteur du véhicule d’opération, Issa Coulibaly, qui reste pour le moment introuvable. En attendant d’être présenté au procureur de la République, les malfrats méditent sur leur sort en garde à vue.

Zakariyaou Fomba

Le Débat

27/09/2013