Les habitants de la ville Bourem craignent aujourd’hui le pire pour le seul restaurant camping de la ville qui servait, jusque là, de lieu d’hébergement pour les nombreux missionnaires et touristes de passage dans la cité du Foghas. Pillé par les islamistes du MUJAO le samedi dernier, ces deniers menacent de procéder à sa destruction. Le sujet préoccupe plus d’un à Bourem où le sort de cette infrastructure reste aujourd’hui entre les mains de l’imam de la ville qui a entrepris une médiation.
Situé au bord de la route nationale RN18, entre les bureaux du Préfet du cercle et le conseil de cercle de Bourem en direction de Tombouctou, cet espace qui était, jusque là, le lieu privilégié des jeunes de la cité des Foghas est considéré comme un lieu satanique par les islamistes qui ne jurent que par sa démolition. Selon eux, le campement Annoura est le genre de lieux qui ne doivent pas exister dans une ville musulmane. Pourtant, l’endroit est resté fermé depuis que la ville est tombée entre les mains des islamistes. De sources concordantes indiquent qu’il a été attaqué en début de semaine par les assaillants sur indiscrétions de certains jeunes de la ville, passés aujourd’hui collaborateurs des ‘’mujahidines’’.
Rappelons que ce campement est une infrastructure communale dont la délégation de gestion est confiée aux femmes de l’association Annoura dirigée par Mme Bintou Guiteye, présidente de la cellule CAFO du cercle de Bourem. Jointe par nos soins, la présidente de l’association ‘’Annoura’’ qui compte aujourd’hui au nombre des déplacés de guerre à Bamako raconte : « Oui, même un sac de charbon a été pris, les foyers, les matelas, les bols, les appareils de sonorisation, les chaises, les tasses et marmites ont été enlevés. La boutique qui était à l’extérieur du restaurant a été aussi mise à sac et le congélateur emporté ». Selon elle, le contenu de la boutique vaut 2 millions et le restaurant avec un congélateur, mais aussi des lits et matelas, cela peut aller à 7 millions de Fcfa.
Les objets ont été emportés vers une autre direction, probablement dans un petit village appelé N’Kakabane situé à quelques 15 Km de la ville. Un habitant de la ville que nous avons pu joindre par téléphone témoigne tout en souhaitant garder l’anonymat : « dans ce campement on ne fait que des soirées dansantes et cela rarement. Déjà ces femmes souffraient du fait que le campement qu’elles ont reçu avec l’aide de l’USAID et de l’Union Européenne pour les aider à pouvoir s’en sortir un peu ne rapportait presque rien. Les chambres de ’’passage’’ ne marchaient pas. Car, pas de touristes. Le restaurant ne marchait pas car Bourem est une petite ville où il y’a très peu de gens qui mangent au restaurant. Et en plus il se trouve dans un quartier assez éloigné du centre ville. Seuls les appareils de sonorisation marchaient pour l’animation des baptêmes, des mariages et autres divertissements comme les Balani dans les rues ».
Après son inauguration en 2009, le campement ‘’Annoura’’ est devenu le lieu favori des jeunes pour leurs activités culturelles, quand on sait que la maison des anciens combattants est vieillissante et que la maison des Jeunes, plus spacieuse, est délabrée.
Abdoulaye OUATTARA
Le Republicain
(06 Août 2012)