Nous aurions voulu une saine et efficace collaboration de tous les Maliens pour conjurer les difficultés économiques de l’heure et relever les défis qui se posent aujourd’hui à notre pays, notamment la reconquête du Nord, l’organisation et la tenue d’élections libres, transparentes et crédibles. Mais autant le traitement de ces chapitres ne nous donne pas pour le moment satisfaction que des apprentis sorciers créent des problèmes là où ils ne sont ni invités, ni compétents, et sont même indésirables.
Et c’est en cela qu’ils ne nous laissent pas le choix. Nous sommes d’autant déçus que c’est le Président de la République en personne, le camarade professeur Dioncounda Traoré, qui cautionne la détention illégale de notre confrère. Même si l’article n’est pas exempt de reproche, que l’article soit même condamnable, de là à mettre la République entre parenthèses, il y a à se demnder pourquoi suspendre la République juste pour régler des comptes à un journaliste qui a osé parler des émoluments d’un Capitaine putschiste. Alors l’histoire retiendra que «notre Dioncounda national» a compromis la liberté de la presse pour défendre son décret contesté et contestable, sous prétexte d’état d’urgence. Pourtant, il n’est écrit nulle part que l’état d’urgence conduit à la détention illégale d’un citoyen même pour une faute commise.
La transition qui avait tout à gagner avec l’arrivée unanimement saluée de Diango Cissoko à la tête du gouvernement d’union est en train de perdre tout le crédit qu’on lui prêtait à cause de grosses erreurs de parcours. Au titre de ces erreurs de parcours, il y a les errements qui ont conduit à l’arrestation arbitraire du journaliste Boukary Daou, il y a l’augmentation spontanée des tarifs de transport urbain à Bamako, et l’absence de l’armée malienne à Kidal, sans oublier le doute qui plane sur la tenue des élections en juillet. En ce qui concerne l’arrestation du confrère Boukary Daou qui sera jugé le 16 avril prochain pour incitation au crime et au délit et publication de fausses nouvelles, son seul « crime » a été d’avoir publié une lettre ouverte d’un militaire dénonçant le salaire et les avantages accordés au Capitaine Sanogo. Au lieu de l’entendre dans la perspective d’un procès en bonne et due forme, il a été privé de sa liberté avant jugement, dans un pays qui, jusqu’à une date récente encore, était considéré comme un exemple de liberté de presse.
Nous sommes loin de cette réalité avec 62 violations de la presse depuis le coup de force du 22 mars 2012. Le comble dans tout cela, c’est que le Président Dioncounda Traoré, intervenant sur la question, a déclaré que la publication du document querellé pouvait démobiliser l’armée malienne. Pourtant, après cette publication, et malgré la diffusion intempestive de l’information, il n’y a pas de démobilisation ? C’est vrai que selon certaines informations le Capitaine Touré n’existerait pas et il s’agirait de fausses nouvelles, plutôt inventées par le journaliste. Nous disons non et non, car nous sommes parmi ceux qui ont reçu ces nouvelles avant l’arrestation de Boukary Daou. Le Capitaine se nomme Wahab Touré et nous sommes prêts à témoigner, preuve à l’appui, que le journaliste n’a rien inventé.
Ceux qui lui veulent des problèmes en trouveront certes, mais nul ne saurait établir la preuve de l’incitation au crime après tout ce temps là, ni celle de la fausseté des nouvelles. Ce n’est pas parce que vous n’avez pas le Capitaine Touré entre vos mains que le journaliste a menti. C’est parce que vous avez manqué de diplomatie que vous avez tout raté. Et vous ne trouverez rien dans cette dynamique de violence et de violation des lois. Concernant l’augmentation spontanée des tarifs de transport urbain à Bamako, il y a lieu de rappeler que tout est parti de l’épineuse question de la Chambre de Commerce et d’Industrie du Mali. Le Gouvernement CMD a fait venir son homme à la tête de la CCIM par nomination et non par élection, des commerçants ont laissé faire, et voilà que tout retombe sur leur tête. Au moment où Bittar est en train de transporter gratuitement des déplacés jusqu’à Gao, des transporteurs trouvent le moyen d’augmenter leurs tarifs, l’Etat ne fait rien, ne dit rien, ne peut rien pour les pauvres populations. L’actuel Président de la CCIM ne dit rien, ne fait rien, ne peut rien pour les commerçants. Il attend ceux qui l’ont mis à la tête de la CCIM, sans souci pour les commerçants auxquels il ne doit certainement rien.
Et du côté des transporteurs, le bureau a peur de se créer des problèmes avec ses électeurs et donner l’occasion au gouvernement de placer ses pions. Finalement, nul n’est responsable. Concernant l’absence de l’armée malienne à Kidal, il se dit que les moyens logistiques font défaut. Pourtant, l’AMRTP (ex CRT) a offert une dizaine de milliards de F CFA à l’armée pour l’achat de 200 véhicules. Le ministre dit que ces fonds seront utilisés pour acquérir d’autres moyens complémentaires et assurer le renforcement des capacités opérationnelles des troupes. Si nous avons donc la logistique, à quand l’arrivée de nos troupes à Kidal ? Nous vous proposons le communiqué de presse du ministère de la défense et des anciens combattants, en date du 22 mars 2013 : » Le Ministre de la Défense et des Anciens Combattants porte à la connaissance de l’opinion publique nationale que des informations récurrentes font état d’une commande de véhicules à réaliser sur les fonds mis à disposition par les opérateurs de téléphonie mobile au profit des Forces Armées.
Des procédures administratives avaient été engagées, sans concertation avec le Département de la Défense qui est en attente d’un lot important de véhicules du même type. Les Fonds en question sont utilisés pour acquérir d’autres moyens complémentaires et assurer le renforcement des capacités opérationnelles des troupes. Le Ministre salue et félicite l’esprit et l’engagement citoyen de tous les donateurs au profit de l’armée malienne et rassure que toutes les dispositions seront prises pour parachever la mise en condition des Forces Armées. « Enfin, vous qui savez arrêter les journalistes, qu’est-ce que vous attendez pour accomplir la mission qui est la vôtre d’organiser les élections ? Où est le fichier ? Où sont les cartes d’électeurs ? On ne trouve même pas la simple carte d’identité à Bamako. L’Administration a-t-elle fait son retour au Nord ?
Mamadou DABO
Zenith bale 2013-03-26 17:08:11