Décidemment le régime en place est passé maître dans l’art des scandales. De la surfacturation dans l’achat des équipements militaires en 2014 et à celui de l’aéronef présidentiel, en passant par l’arnaque dans l’achat des engrains frelatés et des tracteurs acquis au double de leur prix, pour enfin se retrouver dans un scandale tout aussi gravissime, relatif à l’achat des hélicoptères de combat. Ces engins qui se sont révélés être de la ferraille inutilisables, ont fini par faire du régime IBK, un régime à scandales. Et par ricochet semble battre le record en malversations financières, de l’indépendance à nos jours. Dans le dernier scandale en cours, relatif à l’achat des hélicoptères, comme dans les autres scandales liés à l’achat d’armes au Mali, six personnalités semblent être suspectées, pour avoir été directement impliquées, de par leurs postes, à la gestion de la question. Pourraient-elles aider la Justice pour la manifestation de la vérité ?
Sans avoir la prétention de désigner ces six personnalités comme étant coupables de malversations, il serait de notre devoir d’éclairer la lanterne de l’opinion sur les responsabilités que chacune de ces six personnalités ont assumé ou continuent d’assumer au sein de l’administration et qui sont en rapport avec l’achat d’armes.
Soumeylou Boubèye Maiga, fut ministre de la Défense quand le premier scandale éclatait, lequel scandale avait étalé au grand jour des graves manquements à l’orthodoxie financière. Pour rappel, même la paire de chaussettes a été surfacturée et le prix l’aéronef acquis comme avion de commandement du chef suprême de l’armée a été gonflé. Sorti du Gouvernement après la débâcle de l’armée à Kidal, Soumeylou Boubèye Maiga a fini par faire des révélations sur le prix du Boeing présidentiel, qui se serait élevé à 7 milliards de francs CFA. Par cet acte, SBM pourrait contribuer à la manifestation de la vérité dans l’achat des équipements militaires y compris les hélicoptères qui sont cloués au sol, parce qu’il a fini par être nommé Premier ministre.
Tiéman Hubert Coulibaly, SBM évincé du gouvernement, a été remplacé par Tiéman Hubert Coulibaly à la défense. Ce dernier, comme son prédécesseur, aurait été impliqué dans l’achat d’autres équipements, comme en atteste d’ailleurs un des rapports du PARENA. Selon le parti de Tiébilé Dramé, des véhicules achetés pour les Forces Armées Malienne, FAMA, ont été surfacturés. Le PARENA avait demandé en vain que les pièces justificatives des véhicules achetés soient exhibées publiquement. Déterminé à connaitre la vérité, Tiébilé Dramé avait saisi le Bureau du Vérificateur Général pour un contrôle dans les opérations d’achat des armes pour les militaires, des tracteurs pour les paysans. Tiéman Hubert Coulibaly pour avoir été au cœur de certaines opérations d’achat des équipements pourraient éclairer la lanterne des enquêteurs.
Tiénan Coulibaly, remplaça Tiéman Hubert comme Ministre de la Défense. Ce dernier fut débarqué du gouvernement quand un contingent de l’armée tomba dans une embuscade dans la région de Ségou. Sollicité, le renfort n’est jamais arrivé faute d’équipements. Pris de panique, Tiéman Hubert aurait fait des déclarations mensongères ce qui lui couta son poste, il a été remplacé par Tiénan Coulibaly. Ce dernier reconnu par son intégrité morale et sa rigueur semble lui aussi mordre à l’hameçon en défendant le dossier relatif à l’acquisition des super Tucano commandés au Brésil. Le PARENA a encore révélé le possible scandale dans l’achat de ces avions qui devraient être au nombre de six alors que le Mali n’a reçu que quatre. Tiénan Coulibaly pris de court s’est emporté face à la question d’un journaliste pour finir par dire que compte tenu de la crise financière, la commande a été revue à la baisse. Tiénan Coulibaly pourrait être appelé à justifier les quatre Tucano au lieu de six.
Le Général Salif Traoré, est le ministre de la Sécurité et de la Protection Civile. Il est à la tête d’un département qui est concerné par la loi d’orientation et de programmation militaire, LOPM. Le département de la sécurité aurait bénéficié de matériels pour la sécurisation des villes estimés à plus de 400 milliards de francs CFA. N’a-t-il pas été associé à l’acquisition de ces matériels ? La réponse est affirmative et que c’est le contraire qui pourrait paraitre surprenant. Ne dit-on pas que le ministre de la sécurité est très lié au Président de la Commission Défense à l’Assemblée Nationale, l’honorable Karim Keita et à qui il aurait dû son poste de ministre et surtout sa longévité au sein du gouvernement en dépit de son impopularité pour n’avoir pas fait reculer l’insécurité. Le Général Traoré serait une bonne piste pour les futurs enquêteurs afin de connaitre enfin la vérité.
Boubou Cissé, ministre des Finances d’alors, est l’actuel Premier ministre en gardant toujours le portefeuille des Finances. Si les premiers scandales ne l’ont pas trouvé à l’hôtel des Finances, ceux relatifs à l’achat des hélicoptères cloués au sol, ont été faits avec sa bénédiction en tant que ministre des finances. Aurait-il eu sa part pour diligenter le dossier soumis à son approbation ? C’est probablement devant les enquêteurs qu’il pourrait se blanchir en donnant des explications soutenues par des pièces justificatives et à conviction. Sinon, nombreux sont les citoyens maliens qui pensent à tort ou à raison que le maintien de Boubou au ministère des finances cache quelque chose.
L’honorable Karim Keita est non seulement le fils du Président de la République, mais aussi et surtout, le Président de la Commission Défense à l’Assemblée Nationale du Mali et cela depuis l’avènement de son père au pouvoir en 2013. Une seule question posée depuis 2013, date de son accession à ce poste, est restée sans réponse, pourquoi Karim Keita a-t-il choisi ce poste sans aucune expertise militaire et dans un pays en guerre ? Et ce qu’il faut ajouter, est qu’il était opposé à un général de la Police à la retraite. Comme pour dire que ce choix n’était pas fortuit. Et selon nos informations, Karim Keita serait impliqué dans tous les achats des équipements militaires, de 2013 à nos jours. Certainement en tant que Président de la Commission Défense. Pour rappel, s’il n’était pas impliqué, il n’allait jamais dénoncer la mauvaise qualité des hélicoptères en tant que député. Mais plutôt procéder à des interpellations de ministres pour en savoir davantage. Pour avoir dit urbi et Orbi que le Mali a été floué dans cette affaire d’achat d’hélicoptères « PUMA », l’honorable Karim Keita pourrait donner les éléments dans cette affaire et dans tous les achats d’équipements militaires des FAMa. En le faisant, il fera œuvre utile à son peuple et aiderait les enquêteurs à situer les responsabilités.
En définitive, et l’Opposition dont le rôle est de veiller à la bonne gestion des deniers publics par la majorité au pouvoir, et la Société civile qui est elle aussi une autre sentinelle pour la préservation des intérêts du Peuple, et les autres institutions législatives comme judiciaires, ont désormais de la matière pour exiger que la lumière soit faite sur tous les achats d’équipements pour l’armée.
Youssouf Sissoko