Sur le plan politique, tout va tourner autour des actes à poser de maintenant aux élections de 2012. Si on banalise certains actes, la paix apparente serait gravement menacée. Il ne faut pas oublier que la classe politique malienne a joué à l’apaisement depuis 2002. Nous avons l’impression que le gouvernement traine les pieds à réunir les conditions d’élections transparentes dans le délai constitutionnel. Mais, nous espérons que les Maliens auront du ressort pour éviter tout cataclysme à notre cher Mali. En ce qui concerne la situation sociale et économique, le problème récurrent reste celui de l’école malienne. Pour le RPM, l’investissement le plus important, c’est celui qu’on fait pour la formation.
Et, si des mesures ne sont pas rapidement adoptées, les conséquences de la crise de l’école malienne seront dramatiques dans les années à venir. Le Mali, par le niveau de ses citoyens, risque d’avoir très peu de rôle à jouer sur l’échiquier international. Par ailleurs, les détournements de deniers publics ont tendance à devenir une règle au Mali. La question est de savoir si c’est le système qui est en cause ou si ce sont les hommes. Sur le plan social, prions et espérons que les produits de première nécessité qui ne sont pas à la portée de tous les Maliens, ne subissent pas d’autres augmentations circonstancielles. Les Maliens ont enduré la cherté de la vie pendant 9 ans et nous espérons que la dernière année ne va pas les tuer.
Quelle appréciation faites-vous des reformes constitutionnelle annoncées ?
Pour nous, la grande interrogation reste l’opportunité, maintenant et tout de suite et aussi la faisabilité de ce projet. L’administration étant une continuité, si ces deux questions n’ont pas une réponse satisfaisante un autre Président et son équipe continueront les réformes après ATT. Si on peut mettre 13 milliards de FCFA dans un referendum, pourquoi ne pas utiliser cet argent pour doter le pays d’un fichier électoral digne de nom. La reforme est une bonne chose, mais le moment n’est pas approprié. C’est une opération couteuse et le calendrier posera problème. En l’absence d’un fichier électoral fiable, quel est le fichier qui va servir pour l’organisation du référendum.
Est-ce le fichier tant décrié ou un autre fichier ? Par ailleurs, si l’élection du Président de la République, celle des députés et des maires a besoin d’un fichier propre, la constitution, loi suprême du pays n’a-t-elle pas besoin d’un ficher crédible pour son adoption par le peuple. Qui a intérêt à piéger les 20 années de pratiques démocratiques. Aujourd’hui, il est d’abord nécessaire de déterminer le fichier qui va servir pour faire le référendum. Faire le référendum sur la base du fichier non audité est un piège.
Que pensez-vous du débat actuel sur le choix d’un fichier électoral tiré du RACE ou du RAVEC ?
C’est un faux débat de mettre en compétition le RAVEC et le RACE, parce que doter le Mali d’un fichier électoral relève de la compétence du pouvoir exécutif. Attendre la dernière phase pour soulever une telle question vient de nous faire perdre inutilement 3 mois. Il y a deux semaines on nous disait que 3 millions à 4 millions de Maliens n’ont pas encore été touchés par le RAVEC. Raisonnablement quel est le type de fichier qu’on peut à l’état actuel des choses tiré de ce document. Quant au RACE, il y a 2 ou 3 ans, que le RPM a réclamé avec force l’audit du fichier tiré de ce recensement. On n’a pas été entendu. Mais, les évènements nous ont donné raison.
La cour constitutionnelle et même le Président de la République ont admis que la fraude massive a sa source dans le fichier électoral. Pour nous au RPM, ni le fichier tiré du RACE à l’état actuel, ni celui tiré du RAVEC ne peut permettre d’organiser des élections crédibles et fiables. Donc, nous demandons au gouvernement, dans les délais réglementaires, de nous sortir un fichier propre et acceptable pour des élections dont les résultats seront acceptés par tous. Au RPM, on demande l’audit du fichier tiré du RACE. Au lieu de perdre le temps dans un débat inutile, allons rapidement à la mise en place d’un fichier crédible et à la détermination du chronogramme de l’organisation des élections. Il nous faut rapidement ce chronogramme, à moins qu’on ne prépare un piège du genre prolongation du mandat présidentiel.
Quelle est votre analyse des différentes incursions de l’armée mauritanienne sur notre territoire ?
La violation de notre territoire est de mise depuis un certain temps. Et, cela n’est pas rassurant. Avant la dernière incursion de l’armée mauritanienne, il y a eu plusieurs actes de violations de notre territoire. Un avion a atterrit sur notre territoire et déverse sa cargaison : le peuple malien n’a eu aucune explication, au moment où le ministre des affaires étrangères est allé s’expliqué en France. Le Mali est devenu l’hôtel où on négocie les libérations des otages. Tous les jours, des actes sont posés et prouvent que la question sécuritaire du pays n’est pas gérée.
La question est certes transfrontalière, mais nous voulons savoir la part du Mali dans sa gestion. Le Mali a intérêt à mettre en place un système fiable de gestion de cette question, avec ce qui se passe en Libye. Aujourd’hui, l’insécurité n’est plus dans une seule zone, elle est devant toutes les portes de Kidira à Labezanga. En ce qui concerne les incursions mauritaniennes, nous disons que s’il y a un droit de poursuite, il y a un devoir d’action. Or, on n’a jamais entendu que l’armée malienne a poursuivi des éléments d’Aqmi dans un pays limitrophe.
Assane Koné
Le républicain 04/07/2011