La classe politique malienne saura t-elle démentir le constat malheureux qu’elle n’est pas toujours prompte à réagir pour prévenir, que de manifester pour un rattrapage tardif ? La nécessité de confectionner les cartes biométriques dans les délais (les élections, c’est dans 18 mois) lui en donne une précieuse occasion :
exiger l’exécution du marché de la biométrie avant qu’il ne soit trop tard, car les cartes biométriques sont gages d’élections crédibles, à l’abri de la fraude et de l’achat des voix, qui ont caractérisé toutes les consultations précédentes. Or sait-on, des élections transparentes, c’est l’affaire du gouvernement, et pas plus que des partis politiques, qui ne doivent pas dormir sur les lauriers et regarder tranquillement le gouvernement.
Dans un appel d’offres ouvert, Cissé Technologie s’en est sorti adjudicateur du marché. Plusieurs mois après l’attribution du marché de la biométrie à Cissé Technologie, et la saisine des autorités maliennes par l’Imprimerie Nationale de France, partenaire de Cissé Technologie dans la confection des cartes, la classe politique malienne doit-elle rester là en spectatrice de l’avènement d’un futur cafouillage, au lieu de soutenir l’exécution rapide de ce marché ? Contactés par Le Républicain, des acteurs politiques maliens de la majorité, aussi bien que de l’opposition s’insurgent contre le blocage du financement par l’Etat du marché de la biométrie, alors que celui-ci est porteur de centaines d’emplois des jeunes maliens. En effet des centaines de dossiers des jeunes sont déposés dans l’espoir d’avoir un emploi et atténuer leur souffrance de sans emploi.
Parmi les conséquences de l’obstruction administrative dans le dossier de la carte CEDEAO, on peut citer, entre autres, l’aggravation de la conjoncture économique et financière des familles des jeunes dont les dossiers sont en attente d’être retenus ; la détérioration d’un climat social déjà très lourd avec les multiples grèves en cours dans le pays, selon certains de nos interlocuteurs. Un autre avantage de l’adjudication de cette entreprise malienne est, en outre la création d’emplois pour les jeunes maliens, le transfert de technologie, la création d’opportunités pour de mini entreprises et dans des secteurs divers.
D’autres hommes politiques ont eu la désagréable surprise d’apprendre ce blocage, et promettent d’approcher Cissé technologie pour en savoir plus avant de réagir. Tant disque d’autres n’en croient pas vraiment qu’on puisse en arriver à bloquer un marché adjugé.
Ainsi pour les hommes politiques contactés, « s’il y a des blocages, le gouvernement doit voir avec ses partenaires pour débloquer la situation », car les cartes biométriques sont sécurisées et permettront de réaliser des élections transparentes. Pour d’autres encore, il ne s’agirait pas seulement d’une affaire de gros sous, mais aussi de volonté de « tripatouiller ». Pour d’autres aussi, ce blocage est une manœuvre, qui est faite à dessein. On ne veut pas quitter le pouvoir. Qui a peur de la biométrie, de la transparence des élections exigée par l’opposition ?
B. Daou