par le clanisme et la gestion partisane qui prévalent dans le parti. En effet, pour lui « cette gestion clanique nous a amené dans une situation inconfortable ». Le secrétaire général des Jeunes poursuit : « Les militants sont aujourd’hui désemparés » par « une guerre des chefs qui va les amener vers une situation désastreuse, voire à la cassure du parti ». Amadou Koita ne pouvait pas être plus clair en déplorant la guéguerre Jeamille Bittar-Diane Séméga, respectivement vice-président et président du Pdes.
Duel Bittar-Séméga
Déjà, depuis la naissance du Pdes en juillet 2010, la tension couvait entre ces deux responsables qui sont pourtant, tous les deux, des barons du système Att dont ils sont aussi proches qu’ils le sont de la première dame. Il se disait déjà que Jeamille Bittar ne cachait pas sa volonté de présider le parti pour être plus tard candidat à la présidentielle de 2012. Il en a les arguments. Il est un homme d’affaires en vue. Il reste le président de la Chambre de Commerce et de l’Industrie, malgré un mandat épuisé – il n’y a toujours pas d’élection malgré l’insistance des opérateurs économiques-.
Et cerise sur le gâteau, il est le président du Conseil Economique Social et Culturel, un parachute doré reçu en récompense, sans doute, à son cuisant échec aux législatives de 2007 où il est allé en tandem avec une proche de la famille présidentielle. Même palmarès pour Ahmed Diane Séméga très apprécié, dit-on du président de la République dont un de ses enfants porte d’ailleurs le nom, il est super-ministre depuis neuf ans. Mines, énergie et Eau puis depuis 2007 le portefeuille de l’Equipement et des Transports. Il n’est pas peu fier d’avoir été un des artisans des réalisations en infrastructures d’Att. S’il n’est pas viré dans les jours à venir comme l’annonce Radio-trottoir, il pourrait égaler le record de longévité ministérielle de Modibo Sidibé sous Konaré et il est en passe de battre celui d’Ahmed Ag Hamani sous Moussa Traoré. Peut-on lui reprocher, cependant d’être candidat ? Ses ambitions « sont moins explicites que celles de Bittar » assurent ceux qui le connaissent. Mais sait-on jamais ? Au lancement du Pdes à Nioro du Sahel, le 25 juin, il a botté en touche concernant sa personne. Mais il a été clair sur Modibo Sidibé en disant que celui-ci n’est pas le candidat du Pdes qui en soutiendra pourtant un, a-t-il promis. Qui ? Mystère total, mais c’était assez pour déterrer la hache de guerre avec Jeamille Bittar.
Et la jeunesse Pdes qui, à travers Amadou Koita, rappelle qu’Att avait pourtant dit qu’il ne fallait pas qu’un ministre attende trois mois avant la fin de son mandat pour annoncer sa candidature à l’élection présidentielle. Propos dont s’est réjoui Jeamille Bittar que nous avons joint au téléphone hier. Pourtant les services du ministre de l’Equipement jurent : « la candidature de Ahmed Diane Séméga n’est pas à l’ordre du jour. Jusqu’à la preuve du contraire, il n’est pas candidat ». Ils précisent, en effet, qu’il y a des critères au Pdes pour désigner son candidat et que ces critères seront définis par le parti après le renouvellement des bureaux de structures. Ce n’est pas attendu « avant septembre prochain ».
En attendant, chaque camp a ses gladiateurs : Pour Jeamille Bittar, Amadou Koita cite : Mme Simpara Saran Traoré, Sori Mounkoro, tous opérateurs économiques. De son côté, Ahmed Diané Séméga peut compter sur de hauts fonctionnaires : Mohamed Dibassi, N’Diaye Bâ, Cheikh Oumar Sow, Abdoulaye Diop et Malick Alhousseiny. Hamed Sow, autre baron du Pdes (tant le parti que le programme électoral du président) est pourtant à l’affût et pour beaucoup, il peut être le troisième larron. A peine né, le Pdes taillé en pièces par le Chérif de Nioro, va-t-il être dévoré par ses initiateurs ?
Baba Dembélé, Boukary Daou
Le Républicain 07/07/2011