Biprem : les éléments de plainte non démentis par la majorité

La plainte du Biprem devant la Haute cour de justice contre le président IBK pour haute trahison a déclenché des talents nouveaux d’agitateurs et de communicateurs, au sein de la majorité présidentielle, où on rivalise de sortie médiatique pour tomber à bras raccourci sur une modeste association de la société civile, dont le seul tort est de vouloir user de ses droits. Sont-ils dans une logique de soutien efficace au président IBK ?

A regarder de près, ces gymnastiques ont tout l’air d’un ballet d’opportunistes qui veulent se signaler dans les girons d’IBK pour être dans ses grâces. Après tout IBK n’avait-il pas signalé et déploré qu’il ne fût pas soutenu ? Voilà que le pouvoir est au pilori, que partis politiques, associations et organisations de la société civile trouvent dans la plainte du Biprem un fonds de commerce pour paraître davantage plus proche du président de la République, qu’ils ne le sont en réalité. Pourquoi s’agitent-ils ainsi ? Qu’est-ce qui explique cette fébrilité de ces agitateurs qui perdent leur sang froid ? La vraie question réside-t-elle dans le fait de prouver qu’on est avec IBK ou dans celui de lui apporter un soutien réel pour l’amener à mieux gouverner?

La plainte du Biprem épingle la mal gouvernance. En effet, l’association reproche au président IBK « la violation de la Constitution » par le refus de présenter publiquement ses biens. Autre, reproche formulée par les plaignants, le détournement de plus de 28 milliards de francs CFA souligné par un rapport du bureau du Vérificateur général sur l’achat de l’avion présidentiel et des équipements militaires; la « dilapidation » de l’argent public dans l’acquisition des engrais dits frelatés et 1000 tracteurs pour les paysans maliens.

BIPREM Fasoko veut aussi des explications sur la sortie dramatique de Kidal du giron malien en mai 2014 avec ses lots de morts civils et militaires à l’occasion de la visite de l’ancien Premier ministre Moussa Mara. Ce dernier était sous les ordres du président de la République lorsqu’il a forcé sa visite dans cette région occupée alors par les rebelles.

Toujours sur le plan militaire, IBK est invité à se prononcer sur la diminution indue du budget des Forces armées et de défense de 281 milliards en 2015 à 213 milliards en 2016 ainsi que l’augmentation « incongrue » du budget de la présidence de la République de 9,3 milliards en 2014( c’était 14,6 milliards en 2015) à 19,3 milliards en 2016.
Le président de BIPREM, Lanciné Diawara, a expliqué que le vendredi 4 mars marque la moitié du mandat du président IBK, le moment idéal pour faire le point sur sa gestion du pays. Pour les plaignants, pendant ce mi-mandat, le Mali a subi dans les domaines sécuritaires, identitaires et financiers une gestion scandaleuse.

Ainsi, au-delà des ballets folkloriques de soutiens à IBK, nous n’avons pas pu relever dans les communiqués de presse qui foisonnent, un seul passage constituant un démenti au contenu de la plainte du Biprem.
Ils s’élèvent contre le Biprem, mais ont-ils démenti un seul passage des éléments de la plainte ? Ils rendent service au Biprem. A noter que cette plainte du Biprem est une première du genre contre un président de la République en exercice au Mali.

Boukary Daou
Youssouf Z Kéita