Voilà ce qui décidera, à coup sûr, dans une large mesure, l’ancien premier ministre d’ATT, le cadet de cet autre premier ministre qui lui avait sans doute soufflé, avant l’heure, qu’entre la primature et la présidence il n’y a qu’une simple figure de style à transcender.
La deuxième raison est à rechercher, prosaïquement, dans le fait qu’après tant d’années passées sous le harnais on se rend compte qu’on est l’auteur de la plupart des grandes idées, des réussites, du chef. Encore qu’il n’a pas toujours compris et n’a pas toujours fait, à tort, ce que le technocrate lui avait indiqué. Dès lors on a d’autres choix que de monter au créneau pour arrêter d’être ce souffleur de théâtre, paraître au grand jour et recevoir en direct et non plus par procuration les acclamations du peuple en liesse.
Ça c’est pour la forme et la légitime aspiration à un destin national. La suite est moins aisée car il en faut plus pour gagner Koulouba. Une des indications, toute simpliste, est dans la configuration même du chemin qui y conduit, tortueux sinueux et escarpé à souhait, y aller à pied, par jours d’affluence, donne une toute petite idée du parcours. Le chemin est donc difficile. Surtout quand on n’a pas de partis, pas de militants fidélisés, quand on n’est pas implanté de longue date et partout, quand on n’a pas de machine huilée, rodée, rodée pour tout. Quand on n’a pas été le fer de lance des combats d’avant-garde, quand le peuple ne se souvient d’aucune dette concédée et à rendre. Quand enfin vous n’avez pas le profil qui fait rêver et qui peut faire pleurer au nom du Mali. Quand vous n’êtes pas une chose et son contraire comme les peuples l’aiment et l’exigent, quand vous n’acceptez de n’être rien pour n’être que ce que l’homme simple veut faire de vous et surtout quand vous n’acceptez pas de mourir pour renaitre en chaque Malien.
Si vous n’êtes rien de tout ceci, alors les flonflons, les bains de foule et les meetings ce sera juste pour faire illusion.
S. El Moctar Kounta
Le Républicain 08/06/2011