A l’occasion du vingtième anniversaire de l’ouverture démocratique au Mali, l’Association pour la défense des victimes de la répression (ADVR) a ouvert le débat sur la marche de la démocratie malienne. Elle a donné la parole à trois acteurs importants de la lutte qui a finalement eu raison des 23 ans de règne du général Moussa Traoré.
Après cette chute de Moussa Traoré, qu’avons-nous fait de cette victoire ?, se sont interrogés samedi dernier lors d’une conférence-débat à la Pyramide du souvenir autour de la responsabilité historique du mouvement démocratique les trois conférenciers du jour : le Dr. Oumar Mariko du parti Sadi, Me Mountaga Tall du Cnid Faso Yiriwa Ton et Tiébilé Dramé du Parena.
Tout en notant que « la démocratie malienne peut mieux faire », l’ancien ministre des Affaires étrangères, Tiébilé Dramé, a regretté que les acteurs du mouvement démocratique se soient dispersés après leur victoire, favorisant ainsi une intrusion d’autres types d’acteurs dans la scène politique. D’où son appel à une reconstitution du mouvement démocratique à travers la création d’une alliance politique. « Il est urgent de se mettre ensemble si on ne veut pas périr. Cela peut se faire à travers une sorte d’alliance patriotique et démocratique en vue de porter un homme politique à Koulouba en 2012. C’est ce qui fera fleurir davantage les espoirs de la lutte démocratique.
Ce pays a assez de défis, et il urge de se mettre ensemble pour faire face à l’intrusion de certains acteurs dans la vie politique, lesquels veulent faire regretter le 26 mars à ses auteurs », a souligné l’ancien leader estudiantin. Il a aussi rappelé que le mouvement démocratique a lancé le débat de la mise en place d’une commission électorale indépendante ayant toutes les cartes de l’organisation des élections en vue de nous éviter les comportements de l’administration lors des précédentes échéances électorales.
Quant à Me Mountaga Tall, président du Cnid Faso Yiriwa Ton, il a reconnu que « tout n’est pas rose dans le bilan du 26 mars tout comme tout n’est pas aussi échec ». Il a fustigé la faillite de l’éducation sociale dans notre société où l’école est considérée comme le seul moyen d’éducation.
Prenant le contre-pied de ses camarades, l’ancien secrétaire général de l’Association des élèves et étudiants du Mali, Oumar Mariko, a qualifié le bilan du 26 mars « d’échec total ».
Il a déploré « les survivances des réformes économiques de Moussa Traoré en 1985 qu’on retrouve dans la Déclaration de politique générale (DPG) du Premier ministre Modibo Sidibé pourtant adoptée à l’Assemblée nationale par les députés des partis issus du mouvement démocratique ». Oumar Mariko appelle à cet effet à démettre l’actuel chef du gouvernement à travers une censure à l’Assemblée nationale que pourront réaliser les députés du mouvement démocratique auquel appartiennent l’Adéma, le RPM, l’Urd, le Parena, le Cnid et le parti Sadi.
Réglant ses comptes avec certains anciens camarades, le député élu à Kolondiéba a précisé que l’Association des élèves et étudiants n’a jamais fait l’objet de manipulation politicienne en 1991. « Elle avait ses revendications que le régime Moussa devrait satisfaire obligatoirement et urgemment. Ce qui n’a pas été le cas et a donc poussé les scolaires dans les rues », a-t-il tranché.
Abdoulaye Diakité
L’ Indicateur Renouveau 22/03/2011