BILAN 2021/PERSPECTIVES DE 2022 : Entre l’espoir et l’incertitude d’un pays toujours en zone de turbulence

Tiegoum Boubèye Maïga

L’an 2021 a vécu et nous laisse des souvenirs plus ou moins agréables. Ce fut une année comme toutes les autres, avec ses bonheurs et aussi ses malheurs, ses satisfactions et ses peines… Nous voilà en 2022. Une nouvelle année avec ses espoirs et aussi ses inquiétudes. Que retenir de 2021 ? Qu’attendre de 2022 ? La rédaction a préféré donner la parole aux Maliens de différents secteurs sociaux professionnels. Nous proposons ici les réflexions de ceux et celles qui ont accepté de se livrer à cet exercice.

TIEGOUM BOUBEYE MAÏGA, CHRONIQUEUR INDEPENDANT : «Le temps des épreuves»

L’année 2021 a été une année très éprouvante pour le Mali et les Maliens, un peu dans le prolongement de 2020.  Le fait marquant est sans doute la rupture intervenue dans le déroulement de la Transition avec le coup d’Etat contre le président Bah N’Daw le 24 mai. «La rectification» ainsi opérée allait procéder à une redistribution des cartes avec l’ascension de Assimi Goïta au sommet de l’Etat, mais surtout l’arrivée du M5-RFP au centre du jeu institutionnel. L’une des conséquences est incontestablement le clivage intervenu de manière persistante sur la scène politique.

Parmi les faits marquants, il y a les arrestations intervenues dans le cadre de la lutte contre la corruption. Ces arrestations ont été dénoncées par des praticiens du droit pour le non respect des procédures. Et surtout pour l’incapacité constitutionnelle pour la Cour suprême d’envoyer des anciens ministres en prison. Par-delà la lutte contre la corruption, on a constaté une dérive dans les arrestations de personnes pour des opinions ou des propos jugés injurieux.

2021 est aussi l’année des «rumeurs». A chaque fois que le gouvernement s’est retrouvé en face de faits plus ou moins gênants, il trouve le moyen de les qualifier de «rumeurs». Rumeurs concernant le feu-vert donné au Haut Conseil Islamique du Mali (HCI-Mali) pour trouver un cadre de négociation avec les jihadistes, notamment Iyad Ag Ghali et Amadou Koufa. Rumeurs concernant les relations avec le groupe Wagner.

Comment ne pas mentionner la recrudescence de l’insécurité avec des zones complètement sous le contrôle des djihadistes et surtout une surenchère dans la cruauté (le cas des 31 personnes brûlées vives à Songho). Je n’oublie pas le fait que notre pays est complètement isolé sur le plan diplomatique. Le Mali est seul contre la CEDEAO, contre l’Union Africaine, contre l’Union Européenne et contre l’ONU.

2021 fut une année d’épreuves. Le pays ressemble presque à un champ de mines au regard de toutes les difficultés qui l’assaillent. Ce point a culminé avec les sanctions prises contre les autorités du pays. Je ne terminerai pas 2021 sans évoquer nos confrères disparus, notamment Oumar Maïga dit Gilbert, Amadou Tall, Makan Koné, Hawa Séméga, Birama Fall, Sacko Maguiraga…

Pour 2022, mon souhait est de voir notre pays revenir à une vie constitutionnelle normale. Cela passe par le respect des engagements pris entre maliens et vis-à-vis de la communauté internationale. Ce retour devrait permettre de desserrer l’étau autour du pays. Et surtout de renouer avec la communauté des Nations. Je souhaite qu’il y ait une vraie réconciliation nationale tant sur le plan politique que sécuritaire. Ceux qui jouent à diviser les Maliens sur la base de vieilles rancœurs devraient mettre de l’eau dans leur vin ou avoir moins voix au chapitre.

Je voudrais une meilleure prise en charge du Covid-19. On constate une véritable flambée des chiffres officiels qui sont très éloignés de la réalité. Or on ne sent ni les autorités sanitaires ni les autorités politiques. Mais tel que c’est parti, l’an 2022 risque d’être au moins l’égal de 2021.

MME CISSE FATIMATA KOUYATE, PRESIDENTE DE L’ASSOCIATION MALIENNE DES AGENCES DE VOYAGES ET DE TOURISME (AMAVT) : «Nous attendons de 2022, la fin de la pandémie du Covid-19 pour la reprise du pèlerinage aux lieux saints de l’islam»

Ce que je retiens de l’année 2021, c’est la turbulence politique occasionnée par le deuxième coup de force qui a vu la montée en première ligne du duo Colonel Assimi Goïta/Choguel Kokalla Maïga. Nous avons également connu la persistance du Covid-19 et le ralentissement de plusieurs activités lucratives, notamment le tourisme ainsi que d’autres activités génératrices de revenus.

Nous retenons, avec force, l’organisation des Assises nationales pour la refondation (ANR) qui devraient aboutir à des recommandations et à des résolutions en prélude au Mali Kura dans toute sa plénitude. L’année 2021 a été l’année de la chute vertigineuse des activités de notre secteur (tourisme), notamment de la billetterie, à cause des mesures barrières qui ont sonné le glas des voyages, de l’événementiel et d’autres regroupements.

Nous attendons de l’année 2022, la fin de la pandémie du Covid-19 pour la reprise certaine avec assurance du pèlerinage aux lieux saints de l’islam, l’amorce de la résilience de l’activité tourisme avec la mise en œuvre d’un Plan d’action et d’une stratégie de communication efficiente. Enfin, nous ambitionnons une convergence de vue et d’actions afin que tous les Maliens puissent être à l’unisson pour un Mali uni, fort, prospère et débarrassé de toutes ses tares et contraintes, notamment l’insécurité, la pauvreté, les maladies, etc.

ROKIA TRAORE, ARTISTE/INTELLECTUELLE ENGAGEE : «Que 2022 balise la place du Mali dans un nouvel équilibre du monde»

Pour moi 2021, dans la suite de 2020, fut une année qui continua à marquer la fin d’un monde et le début d’un autre. Ce fut une année chargée d’enseignements sur l’humanité entière et son évolution (pour ceux qui suivent l’actualité en dehors de notre pays). Au Mali, «nous avons la tête sous l’eau». Cela nous empêche de voir par moment que ce que nous vivons et que nous appelons à tort «une guerre» n’est qu’une partie des conséquences de l’écroulement de ce que les pays grands conquérants d’Europe ont commencé à établir depuis l’époque du commerce triangulaire et qu’ils ont achevé avec la fin de la deuxième guerre dite mondiale en annonçant au reste du monde des règles établies pour tous par eux …

Des troubles du Vietnam à ceux de l’Afghanistan pour en arriver au Sahel aujourd’hui en passant par la Syrie et les attentats du 11 septembre aux Etats-Unis qui marquèrent le début des troubles sécuritaires dans le monde…. tout est lié. 2021 pour moi est l’année où il commence à être impossible de nier les failles dans les règles établies pour tous. Le monde entier, d’une manière ou d’une autre, manifeste son besoin d’équilibre dans le respect et la souveraineté des États, dans le respect des êtres humains et leurs droits, dans le respect de l’environnement.

En 2021, j’ai réalisé que nous avons besoin d’autres équilibres sur le plan géopolitique et économique dans le monde. Mais les maîtres dans l’ancien équilibre, les grands pays colonisateurs, ont tant à perdre qu’il est très difficile d’imaginer ce qui va réellement changer. La politique du diviser pour garder le pouvoir, sur tous les plans, demeure une valeur sûre. L’Afrique et ses habitants, les Maliens au Mali, sont devenus plus audacieux, moins craintifs. Mais, peut-on rêver pour autant d’être en mesure de nous construire, nous mêmes, sans l’aide qui nous conditionne psychologiquement, d’accéder à une vraie indépendance sur la base de nos ressources…?

J’attends de 2022 que nous sachions enfin où tout cela va mener. Nous avons suffisamment espéré. J’aimerais que 2022 soit une année où nous commencerons à voir qu’elle sera notre place dans un nouvel équilibre du monde sur le plan géopolitique, écologique et économique. J’attends de voir si la sagesse et l’humanité pourraient l’emporter sur le culte de l’économie.

MAMADOU BABA TRAORE, JURISTE/CVJR-TOMBOUCTOU : «L’insécurité a gagné presque l’ensemble du pays»

L’année 2021 a été très difficile sur les plans sécuritaire et sanitaire. En effet l’insécurité a gagné presque l’ensemble du pays. Aussi, la pandémie de Coronavirus s’est aggravée avec plus de personnes contaminées. En plus le front social a été bouillant surtout avec la grève des enseignants. Pour la nouvelle année nous espérons que les autorités vont renforcer la sécurité, durcir les mesures barrières pour protéger les populations contre le Covid-19. Nous espérons aussi un calme sur le plan social. Espérons surtout que notre pays trouve un terrain d’entente avec nos voisins de la CEDEAO et nos Partenaires techniques et financiers !

MAÏMOUNA TRAORE, DIRECTRICE FONDATRICE DU MAGAZINE NYELENI : «La meilleure des choses en 2022, c’est de voir le Malien changé de mentalité»

Nous avons mal pris soin de notre patrie, depuis des décennies. L’année 2021 a trouvé le pays dans une crise multidimensionnelle. Cette année a été des plus difficiles pour tout le monde. Que ce soit sur les plans sécuritaire, sanitaire ou économique. Nous avons perdu beaucoup de nos frères et sœurs au nord et dans le centre du pays, surtout beaucoup de femmes et d’enfants. Des villages ont été dévastés, des familles dispersées… L’arrivée de la pandémie a donné un autre coup. Heureusement que des appuis multiformes ont été reçus de ce côté. Les avoirs ont considérablement diminués chez tout le monde et les pauvres sont devenus plus pauvres encore. Ce n’est pas à vous que je vais apprendre les difficultés financières que vit la presse depuis quelques années.

En 2021, pour imager ce qui se passait, c’est comme si tout le monde parlait à la fois et on ne s’écoutait pas du tout. Tellement, tout le monde était remonté contre l’insécurité et les pratiques malsaines qui se passaient dans le pays. En fait, nous sommes tous coupables. D’un côté, il y a ceux qui ont fait subir aux autres, ce qui continue encore à certains niveaux. Et de l’autre côté, ceux qui pouvaient faire quelque chose, mais qui se sont tuent.

Pour 2022, je veux la paix pour mon pays. Que l’on puisse vivre ensemble comme avant ; célébrer nos joies dans le bonheur et compatir ensemble quand il y a un malheur dans une famille. Que l’éveil de conscience continue à tous les niveaux et que chaque citoyen comprenne que pour accéder au pouvoir on a besoin d’hommes et de femmes avec des programmes de société et non de ceux qui distribuent de l’argent. Que chaque citoyen puisse jouer le rôle  pour lequel il s’est engagé envers la communauté.

Par exemple, un religieux doit nous aider à mieux comprendre la religion et comment par nos bons comportements assurer le mieux vivre ensemble dans un pays laïc. La meilleure des choses en 2022, c’est de voir le Malien changé de comportements pour ne pas dire de mentalité. La communauté internationale, c’est nous aussi ; qu’on nous respecte donc et qu’on comprenne que désormais le Mali ne se fera pas sans nous.

DICKO AMINA DICKO, PRESIDENTE DE SOLIDARIS223 : «Notre association va devenir une ONG afin de mieux contribuer à l’assistance humanitaire»

Mon bilan 2021 s’inscrit dans la poursuite des objectifs généraux de Solidaris223 et de notre Plan d’actions autour des programmes «kits scolaires» (prise en charge des frais de scolarité d’enfants, distribution de fournitures scolaires), «ramadan solidaire» (assistance des familles démunies en denrées de première nécessité pour le ramadan, distribution de repas dans les centres de santé et hôpitaux), «sourire de Mariam» (lutte contre les violences basées sur le genre: écoute conseil et orientation des femmes victimes de VBG) et «sensibilisation contre le cancer du sein et du col de l’utérus» (conférence de sensibilisation, journées de dépistage gratuit au CSCOM de Daoudabougou et chez les déplacés du Centre Mabilé, marche sportive et de plaidoyer) et «un enfant, un sourire» (collecte d’habits, de chaussures et de moustiquaires pour les enfants d’Essakane, dans la région de Tombouctou).

Mais plus spécifiquement, nous avons assisté des femmes avec des activités génératrices de revenus et donné le sourire aux administratrices et enfants des pouponnières de Bamako. Plusieurs de nos actions ont ciblé les déplacés de la «crise du centre». Nous les avons assistés avec des kits alimentaires et vestimentaires.

En termes de perspectives 2022, nous allons poursuivre nos activités classiques, renforcer notre partenariat (recherche de nouveaux partenaires) et transformer notre association en ONG afin de pouvoir mieux aider l’État dans l’assistance humanitaire. Nous comptons institutionnaliser l’engagement de notre camarade Fatoumata Chabane contre le cancer du sein en lançant un programme portant son nom.

MOUSSA SEY DIALLO, ELU URD EN COMMUNE I : «2022 doit marquer la matérialisation du Mali Kura»

Pour moi l’année 2021 a été une période de gestion des conséquences des actes posés en 2020 ; des élections législatives catastrophiques qui ont abouti aux contestations virulentes ; le kidnapping d’une figure majeure de la scène politique nationale (peut être même d’un stabilisateur), suivi de son décès brutal ; la chute d’un régime qui n’a pas su mesurer tous les enjeux. Alors, en 2021, la junte qui a pris le pouvoir sans être réellement outillée s’est laissée avoir et a été rattrapée par son impréparation. Elle a mal amorcé sa prise des affaires. Ce qui nous a basculé dans un changement de chef d’État une nouvelle fois, donc un manque de confiance des partenaires, un doute au niveau du peuple et surtout un nouvel attelage qui a ralenti forcément les choses.

Par ailleurs il faut voir la division des Maliens et cela à tous les niveaux. Et un manque criard d’orientation précise concernant la nation. Après les Assises nationales de la refondation, qui ont  permis aux gens de se décharger, les autorités de la transition vont devoir maintenant reprendre rapidement les choses en main, avec cette fois une confiance renouvelée. Les autorités devront alors profiter de cet intervalle d’accalmie pour acter, au moins, les bases du Mali Kura. Donc l’année 2021 a été l’année de recherche du Mali Kura.

Quant à 2022, elle doit être la matérialisation du Mali Kura et servir à  chercher et désigner ceux qui doivent le conduire, c’est-à-dire ceux qui viendront le consolider. Elle doit être une année de véritable prise de conscience et d’engagement. Ceux qui auront l’honneur de l’organiser doivent savoir mesurer l’ampleur de la tâche. Le peuple malien doit aussi comprendre tous les enjeux et, en fonction de cela, il doit s’organiser pour mieux choisir et mieux veiller sur la gestion du pays. L’année 2022 doit être une année de relance !

ABDOUL MAJID THIAM, DIRECTEUR DE PUBICATION DE L’HEBDO «FOCUS» : «Une nouvelle désillusion pour un pays qui s’enfonce dans la crise»

L’année 2021 constitue une nouvelle désillusion pour notre pays qui s’enfonce dans la crise. A la crise sécuritaire, alimentaire, sanitaire, scolaire, s’est greffée la crise diplomatique. Et sans peut-être le savoir, les Maliens semblent opter pour la stratégie du «ça passe ou ça casse». Mais, il n’est pas évident, en cas de pépin, que beaucoup de ceux qui tiennent présentement ce discours va-t’en-guerre acceptent de boire le calice jusqu’à la lie.

Certes, il est nécessaire de s’affirmer, mais à notre humble avis, il est bon de savoir raison garder, de ne pas mettre le cœur devant la raison. En découdre avec tout le monde ? Aucun être humain n’accepterait de vivre sous le joug de qui que ce soit, mais encore faudrait-il qu’il sache le démêler. Et comme l’a dit Cheikh Hamidou Kane dans «L’Aventure ambiguë», j’aurais tendance à croire qu’il faut aller apprendre chez eux l’art de vaincre sans avoir raison. Militairement, économiquement et diplomatiquement parlant, l’Afrique, à plus forte raison le Mali, pèse quantité négligeable pour aller à l’affrontement direct avec l’Occident, impérialiste impénitent, capable de toutes les atrocités et ignominies pour sauvegarder ses intérêts et ses suppôts.

La vie chère, la maladie à Coronavirus et d’autres pathologies, l’insécurité, l’accès difficile aux services sociaux de base ont continué à régenter la vie des Maliens. Les pauvres se sont appauvris un peu plus et ceux qui tiraient leur épingle du jeu ont continué à crier à la rareté de l’argent. Nous ne croyons pas trop aux textes, car les plus belles lois édictées de par le monde ont été justement transgressées par les personnes les plus insoupçonnées. Nous croyons beaucoup plus au distinguo entre le bien et le mal, à la règle de l’examen de conscience, la sanction de la faute, la peur du qu’en-dira-t-on et du Jugement dernier comme régulateurs de la société. Autrement dit, aucune réforme ne serait parfaite pour empêcher des humains de commettre des délits et crimes.

L’Etat, en l’occurrence, devrait être égalitaire, tenir à la règle de «nul n’est au-dessus de la loi» comme à la prunelle de ses yeux. Il devrait enrayer l’impunité : le fils du président de la République devant être traité sur le même pied que celui du citoyen le plus humble devant la justice. Notre société est tellement imbriquée, tellement complaisante qu’il serait illusoire de croire que les textes (fondés ou refondés) sauveraient le pays comme sur un coup de baguette magique.

Néanmoins, et puisqu’il ne faut pas désespérer de la nature humaine et surtout croire en la bonté divine, l’espoir est permis.

Bonne et heureuse année 2022 à tous !

ILS ONT DIT AUSSI…

2021 a été une année d’épreuves, de doutes et d’incompréhensions aux plans politique, institutionnel, sécuritaire et socioprofessionnel. Vivement que 2022 soit une année de retrouvailles et d’union des Maliennes et des Maliens autour de notre patrimoine commun: le MALI !

Dramane Bouaré, entrepreneur social

Je retiens surtout que 2021, comme l’année précédente, a été marquée par l’instabilité institutionnelle en lien avec la crise sécuritaire. C’est pourquoi en 2022, je souhaite davantage de prise de conscience des Maliennes et Maliens de la situation gravissime du pays afin de réaliser un sursaut national pour reconquérir et reconstruire le pays. Mes meilleurs voeux pour la nouvelle année. Puisse-t-elle vous combler et conférer beaucoup de réussite sociale et professionnelle»

Diarra Diakité, ambassade du Mali à Bruxelles (Belgique)

«L’an 2021 nous a appris à nous attendre à l’inattendu. En 2022, je souhaite un monde pacifié, réconcilié avec lui-même et prêt à relever les défis futurs»

Bakary Sanogo, professeur d’université au USA