« Tout ce qui se conçoit bien s’énonce clairement ». Si les assises nationales de la refondation (ANR) ont été bien conçues, les fruits, les résolutions tardent à voir ne serait-ce qu’un début de concrétisation. Pourquoi cet attentisme, alors que le temps presse ?
Même si les autorités de la Transition tardent à s’entendre avec les dirigeants de la CEDEAO sur la durée de prolongation de la transition, l’on ne comprend pas aisément pourquoi rien ne bouge comme réformes arrêtées par les assises nationales de la refondation (ANR).
Les assises nationales de la refondation(ANR) ont pris fin le 31 décembre 2021. A bientôt trois mois après ce forum, qui a acté la prolongation de la transition, aucune résolution adoptée n’a connu ne serait-ce qu’un début de mise en œuvre.
En effet, en dehors du texte surla révision de la charte de la transition et du projet de loi électoral, qui serait sur le bureau du Conseil national de transition, l’on cherche à la loupe la traduction en acte concret des résolutions émanant des assises nationales de la refondation. Pourquoi cet attentisme ou ce immobilisme? Comment expliquer qu’après 18 mois de transition, au plan des réformes politiques et institutionnelles évoquées, le gouvernement semble être toujours dans le sondage et dans l’exploration ? Y a-t-il une réelle volonté politique d’accélérer la Transition quant à ce qui concerne le processus de refondation ressassé dans tous les discours officiels ?
Selon certains observateurs, l’on peut douter dans l’existence de cette volonté politique quand on sait que des autorités semblent se hâter très lentement et posent des actes paralysant la coopération avec certains partenaires techniques et financiers censés appuyer ces chantiers de ces réformes. Par exemple, comment peut-on efficacement réformer le secteur de la sécurité, de la justice sans l’appui des partenaires comme la France, le Canada, dont les aides sont quasi vitales aux initiatives attendues ?
Pour plusieurs acteurs politiques, le Premier ministre joue à la montrer en tenant un discours qui n’encourage aucun des partenaires à soutenir l’initiative des réformes envisagées. Ce qui implique que Dr Choguel Kokalla Maïga est à la manœuvre pour que la Transition se prolonge, lui permettant de dérouler un certain agenda personnel que ses adversaires politiques lui prêtent.
Même si ces accusations ne sont pas suffisamment étayées par des preuves irréfutables, l’on observe quand même que le chef du gouvernement ne se fait pas prier pour dégainer contre certains partenaires du pays. Ce qui ne facilite pas les appuis financiers pouvant permettre d’enclencher les réformes souhaitées.
En outre, au plan institutionnel, l’on perçoit un flou par rapport à la cheville ouvrière du gouvernement dans le pilotage des réformes. L’on se demande qu’entre le ministère de l’Administration territoriale, le ministère de la Refondation et le ministère délégué chargé des réformes, lequel a véritablement les prérogatives de chef d’orchestre du chantier de mise en œuvre des résolutions issues des ANR ? Difficile de répondre clairement à cette question, puisque tout se passe comme s’il y a un chevauchement des compétences encourageant un immobilisme, qui semble entretenu.
Dès lors, la question se pose de savoir à qui profite cet immobilisme, au moment où le pays se morfond dans un marasme socio-économique, qui continue d’amplifier le désespoir des populations.
Kassoum TOGO