Le 1er novembre 2011, le Centre national de la production cinématographique (CNCM) du Mali a enregistré une animation particulière. Trois générations de réalisateurs et autres professionnels du cinéma malien s’y étaient donné rendez-vous pour rencontrer Fréderic Mitterrand. A Bamako dans le cadre de la 9ème édition de la Biennale africaine de la photographie, Fréderic Mitterrand, ministre de la culture et de la communication de la France a souhaité avoir un entretien avec les professionnels maliens du cinéma. La rencontre s’est déroulée en trois actes. Biennale africaine de la photographie oblige, Frédéric Mitterrand, accompagné de Hamane Niang, son homologue malien, de l’ambassadeur de France au Mali et de plusieurs cadres du département de la culture du Mali, a été accueilli dans la cour du CNCM par une exposition de photographies réalisées sur des plateaux de films maliens notamment : « Da Monzon, la bataille de Samanyana » de Sidi F. Diabaté et « Toiles d’araignée » de Ibrahima Touré.
Deuxième acte : la délégation ministérielle a eu droit à une projection de quelques minutes d’un film des actualités maliennes datant de 1970 et relatif aux festivités qui entourent le « Sanké Mon » ou pêche collective de San. Le troisième acte fut consacré à la phase des questions réponses, précédé par deux petites introductions. Sidi Fassara Diabaté, Directeur général adjoint du CNCM, a rappelé le palmarès du cinéma malien.
Selon lui, malgré les modestes moyens mis à sa disposition, le cinéma malien est classé parmi les meilleurs cinémas d’Afrique et du monde, avec trois étalons, dont deux ont été remportés par Souleymane Cissé et un par Cheick Oumar Sissoko. Pour sa part, Fréderic Mitterrand a indiqué que le cinéma a été porteur de la création africaine pendant quelques années avant de plier l’échine. « Depuis quelques années, on assiste à un fléchissement de la production et de la distribution avec la fermeture des salles un peu partout sur le continent », a-t-il déclaré.
Le cinéma africain, à son avis, mérite d’être assisté pour une renaissance. Mais pour cela, il a estimé qu’il faut un peu de volonté politique et des moyens. « J’ai senti que cette volonté existe au Mali et la France qui reste premier interlocuteur du Mali en matière du cinéma sera à vos côtés », a-t-il déclaré. Avant de révéler que la réflexion de la reprise du fonds sud et son extension à d’autres parties du monde est en cours. Il a annoncé le symposium des responsables du cinéma en Europe qui aura lieu à Amiens le 15 novembre 2011. « J’espère à cette rencontre pouvoir faire comprendre qu’ils n’aident pas suffisamment le cinéma africain, avec les mécanismes de financement trop prudent s», a-t-il ajouté. Pour conclure, il espère pouvoir mettre en place un certain nombre de conventions qui pourront remettre le cinéma africain sur les rails du point de vue de la production et de la distribution. Face à l’impossibilité de la France de faire grande chose pour le cinéma malien, il faut dire que la rencontre a eu le mérite de rappeler aux autorités maliennes toute la responsabilité qui est la leur en matière de développement du secteur.
Assane Koné
Le Républicain 03/11/2011