Dynamique et enthousiaste, elle connaît la Cpi de l’intérieur et a planché sur tous les grands dossiers de cette Cour. Les palais africains la connaissent. Les forums consacrés à la justice et aux droits de l’homme également. Mais c’est précisément parce que la Cpi a été réduite à un rôle d’épouvantail ou de guillotine sélective pour ceux que Paris, Londres ou Washington qui n’est même pas signataire de la Convention de Rome choisit d’y envoyer, que l’on peut penser que l’Africaine et la magistrate peut-être émérite propulsée aux premiers rôles pour faire le sale boulot. Y compris juger un jour Yaya Jammeh, le président gambien pour meurtres sériels contre des malades du Sida forcés d’avaler ses potions de charlatan sous les commentaires appuyés des laudateurs et le silence apeuré des chercheurs de la très british Medical Research Council basé Bakau ? Voire.
En tout cas, elle sera difficilement la voix qui peut réclamer Georges Bush Junior à la Haye pour crimes de guerre. Ou même faire contre Israël les rodomontades de l’Argentin. Ou enfin pousser la réflexion stratégique jusqu’au point où les pays membres soient d’accord pour considérer l’élection frauduleuse ou la corruption des élites, deux grandes plaies africaines, comme un génocide tout court. Au sens propre du terme puisque c’est sa jeunesse que l’Afrique dévoyée par ses présidents est en train d’assassiner. C’est pour toutes ces raisons que nous disons que la nouvelle patronne de la Cpi sera la juge africaine de criminels africains désignés par la communauté internationale. Il ne serait même pas surprenant qu’elle reçoive le Nobel de la Paix
Adam Thiam
Le Républicain Mali 15/12/2011