Il avait dit qu’il ne démissionnerait pas. Il ne se sera pas dédit. Cerise sur un gâteau que le Fdr aurait saupoudré d’arsenic, Cheik Modibo Diarra peut même se prévaloir d’un seconde victoire en obtenant d’être reconduit sans démissionner conformément à la pratique républicaine. Personne depuis quelques semaines ne donnait pourtant cher de sa peau.
A commencer par lui-même. Parce que s’il a tenu à faire feu de tout bois pour ne tomber au troisième mois de sa nomination, Cheik Modibo Diarra paraissait plus, ces derniers temps, à une âme en peine et moins au taureau qui s’était installé dans le magasin de porcelaine national et sous-régional en mi avril. Porté donc aux nues au lieu d’être défénestré comme surenchérissaient ses adversaires, le Premier a eu deux alliés : d’abord Dioncounda Traoré chez lequel la volonté d’éviter que son retour réalimente la crise et ensuite la sympathie populaire, suscitée ou non, réelle ou surestimée et que le peuple du Stade 26 mars, ce dimanche de manifestation géante, a converti pour lui en ovation là où Iba N’Diaye, une figure emblématique de la révolution du 26 mars et plus récemment du Fdr a été conspué.
Ce que le président de la transition veut faire de son retour est clair : c’est de chercher à être au dessus de la mêlée plutôt que d’être entre le marteau de ses adversaires et l’enclume des siens. Certes, il aura trop saigné en mai et suscité trop d’espoir en juillet pour s’attarder sur les questions de procédure. Mais il ne peut pas ne pas savoir que la forme peut tuer le fond. Alors, la partie délicate de la nation a bien raison de se frotter les oreilles en entendant la télé convoquer les regroupements à déposer chacun pas plus de huit Cv à la primature et pas plus tard qu’aujourd’hui. Quant au Premier ministre, on ne sait pas ce qu’il fera de sa seconde victoire. Cependant, seules l’humilité, le compromis, l’expertise et le travail sortiront le Mali de sa honteuse turbulence. Il n’y a pas de Mali de Satan face au Mali des Anges. Il n’y a aujourd’hui que le Mali des larmes à sécher et des rancœurs à vider.
Adam Thiam
Le Republicain (14 Août 2012)