Le Mali vit désormais au rythme des prochaines élections communales. Après l’étape de la validation des listes des partis politiques et des indépendants, l’heure est actuellement à la précampagne pour séduire les électeurs. Ces élections communales dont l’enjeu et le contexte tranchent d’avec toutes les autres déjà organisées depuis la Révolution de Mars 1991, si elles ont lieu, seront un véritable test grandeur nature pour les partis politiques en général et surtout pour les trois plus grands à savoir le RPM, l’URD et l’ADEMA-PASJ. Ces trois partis détiennent à eux seuls plus de 90 % des mairies à travers le pays, soit plus de 630 maires des 703 communes. Réussiront-ils à se maintenir en tête de peloton comme en 2009 ? La bataille de leadership sera-t-elle gagnée par le RPM comme aux législatives de 2013 ? L’URD renversera-t-elle la tendance en tant que principal parti de l’Opposition ? Le vent de renouveau qui a soufflé lors du choix des listes électorales ADEMA apportera-t-il les résultats escomptés ? Gros plan dans le District de Bamako sur le choix des candidats aux communales au RPM, à l’URD et à l’ADEMA.
Les élections communales du 20 novembre 2016 annoncent les couleurs pour la bataille des présidentielles de 2018. Ces communales, si elles ont lieu, seront un baromètre important pour tous les partis politiques, qui auront une occasion idoine, de jauger leur capacité de mobilisation, mais aussi leur niveau d’audience au sein de l’opinion nationale. Elles permettront également aux potentiels candidats aux prochaines élections présidentielles de se faire une idée du degré d’implantation réelle de leur parti sur le territoire national. Aux dires de bon nombre d’observateurs, la bataille de leadership se jouera entre les trois grands partis présents à l’Hémicycle que sont le RPM (70 députés), l’URD (16 députés) et l’ADEMA-PASJ (14 députés). Ces partis se livreront un combat, s’il n’a même pas déjà commencé, au regard des plaintes en disqualification dans certains endroits. Qui du RPM, de l’URD ou de l’ADEMA sortira vainqueur de cette première joute électorale ? Analyse des forces et faiblesses du tiercé politique malien :
Le Rassemblement pour le Mali, RPM. Il est sans nul doute le plus grand parti au sortir des élections législatives de 2013 avec plus de 60 députés. On se rappelle que c’est à la suite d’un effort de débauchage que le parti des tisserands avait réussi à gonfler ses rangs de 14 nouveaux transhumants. Les mêmes causes produisant les mêmes effets, le groupe parlementaire RPM se voit aujourd’hui amputé de 4 départs pour l’ADP-Maliba n’en totalisant que 70 députés. Après trois ans de gestion de pouvoir, le RPM a-t-il la même aura qu’en 2013 ? L’ombre d’IBK qui a toujours couvert le parti sera-t-elle levée ? La question aura sa réponse le 21 novembre après la proclamation des résultats. Mais d’ores et déjà, ce ne semble pas être la grande sérénité au sein des tisserands qui apparaissent plus que jamais minés par des dissensions internes. Des querelles byzantines qui ont bien eu des répercussions sur la composition des listes du parti dans les communes du District de Bamako. C’est le cas en communes III, IV et VI où les frustrés sont allés constituer leurs listes pour concurrencer celles du parti. Si la force du RPM est qu’il est le parti au pouvoir, ces handicaps demeurent la division et le mauvais choix des hommes.
Les têtes de liste du RPM dans le district de Bamako :
Commune I : Mamadou B Keita
Commune II : Cheick Sidiki Niaré
Commune III : Kassoum Touré
Commune IV : Bakary Niaré
Commune V : Amadou Ouattara
Commune VI : Baba Sanou
L’Union pour la République et la Démocratie, URD. Elle est le principal parti politique de l’opposition et la deuxième force parlementaire après le RPM. Le combat que ce parti qui incarne et cristallise en lui seul toutes les attentes de l’opposition malienne est de réaliser l’alternance en 2018. C’est pourquoi, ces élections communales sont pour le leader du parti de la poignée de main un test grandeur nature pour jauger l’implantation réelle du parti et sa vraie capacité de mobilisation. Ce combat sera déjà le prélude à la grande bataille tant attendue des présidentielles de 2018. L’URD est en alliance dans beaucoup de communes du District de Bamako et sa liste fait l’objet d’une plainte par le RPM en commune II. L’une des forces de l’URD est son appartenance à l’Opposition qui, face à un bilan des plus mitigés de la gouvernance actuelle, a plus d’arguments pour convaincre l’électorat que le RPM n’a pour défendre son bilan. Mais, sa grande faiblesse tiendra au fait que les candidats proposés comme têtes de listes ne sont pas très connus de l’électorat. Excepté Boubou Diallo le jeune candidat malheureux au second tour des élections partielles de la commune V du District de Bamako qui a des chances de l’emporter.
Les têtes de liste de l’URD dans le District de Bamako
Commune I : Boubacar Sangaré dit Baini
Commune II : Alfousseny Touré
Commune III : Boubacar Sidiki Samaké dit Koly
Commune IV : Cheick Oumar Koné
Commune V : Boubou Diallo
Commune VI : Aliou Coulibaly
L’ADEMA- Parti Africain pour la Solidarité et la Justice
Le plus grand parti politique dont sont issus l’URD et le RPM et qui a toujours été de l’avènement de la démocratie au coup d’Etat de 2012 le parti majoritaire à l’Assemblée n’a régressé à la troisième place derrière ses deux progénitures qu’après les législatives de 2013. Va-t-il enfin piquer sa crise d’orgueil en se rachetant au cours de ces prochaines élections communales ? Il serait tôt de répondre à l’affirmatif, mais à analyser ses différentes listes, un constat saute à l’œil nu c’est celui du renouveau. En commune I, Mme Konté Fatoumata Doumbia, le maire depuis 2004 a cédé à un candidat plus jeune. En commune II, le maire sortant Youssouf Coulibaly a démissionné de l’ADEMA. A sa place, le parti de l’Abeille a fait la promotion d’un autre militant. En commune III, le maire sortant Kader Sidibé depuis 1997 ayant été exclu de l’ADEMA, la section a fait la promotion d’une femme tout comme en commune IV. En commune V, l’inamovible Boubacar Bah dit Bill, maire sortant depuis 2009 a cédé à la suite d’une négociation intense au profit de celle qui fut le porte étendard des Abeilles aux législatives de 2013. Mais c’est en commune VI que l’ADEMA semble avoir fait son plus mauvais choix en renouvelant sa confiance à un maire sortant après plus de dix ans à la tête de la mairie et aujourd’hui très diminué par la maladie qui l’oblige à rester plus de temps en France qu’au Mali. Si la force de l’ADEMA pour ces élections semble être ce vent de renouveau dans la plupart des communes du District, son plus grand handicap pourrait bien être son appartenance à la majorité présidentielle. Les électeurs risquent de sanctionner l’ADEMA et le RPM indistinctement.
Les têtes de listes de l’ADEMA-PASJ dans le District de Bamako
Commune I : Affa Doumbia
Commune II : Balladji Touré
Commune III : Mme Djiré Mariam Diallo
Commune IV : Mme Hawa Traoré
Commune V : Mme Katilé Adiaratou Séne
Commune VI : Souleymane Dagnon
De toutes ces listes, le chapeau doit être tiré à l’ADEMA pour avoir proposé une liste dans l’esprit de la loi sur le genre, en alignant trois femmes sur six comme têtes de liste, bien que la lettre n’exigeait une telle promotion des femmes que dans la composition globale des listes où chaque parti était tenu de respecter la loi en alignant plus de 30% de femmes.
Espérons des élections communales apaisées dont les résultats seront acceptés par tous pour l’honneur et le bonheur de la démocratie malienne.
Youssouf Sissoko
youssouf@journalinfosept.com
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