Ils étaient près d’un millier de musulmans le vendredi dernier, tout juste après la prière de 13 heures, à marcher sur la mairie de la Commune V pour dénoncer la prolifération des maisons closes et des bars dans leur milieu. Ils piquèrent une colère noire quand leurs leaders à l’instar des imams Seydou Niangadou, représentant du Haut conseil islamique de la C V, Mamadou Bocoum et Abdourahamane Sénou ont été sermonnés par le maire Boubacar Bah dit Bill lors d’un entretien dans la salle de conférence de la mairie. « Vous êtes des musulmans, si vous respectez votre religion, respectez les autres », leur a-t-lancé avant d’inviter « ceux qui ne sont pas contents, de quitter la salle ».
Protégés par deux ceintures d’agents de sécurité, Bill a rappelé à ses interlocuteurs que la fermeture des bars n’était pas de sa compétence, mais celle de l’Office malienne du tourisme et de l’hôtellerie (Omatho) qui délivre les autorisations d’ouverture des bars et des hôtels. Et pour leur fermeture, a-t-il expliqué, c’est à la suite d’une requête déposée à la mairie par les populations qu’une enquête est engagée pour décider des sanctions à prendre.
A ces explications, les leaders de la marche ont opposé la loi qui démontre que ces lieux de loisirs considérés comme les établissements de tourisme sont installés dans la plupart des cas en violation flagrante et systématique du décret : n°06 -340 /P–RM du 10 Août 2006 portant réglementation de l’agrément et de l’exploitation des établissements de tourisme. En son chapitre 1 et article 3, ont-ils souligné, ce décret stipule qu’ « aucun établissement de tourisme ne peut être à proximité des édifices ci-après : les lieux de culte, les cimetières, les établissements scolaires, les établissements hospitaliers, les centres de santé et les casernes ». Malheureusement, « à cause de leur proximité, les jeunes garçons et filles qui fréquentent ces endroits malfamés qui ont été ouverts en violation totale de toutes les dispositions légales en vigueur en la matière », regrettent les leaders religieux de la C V.
« Ensemble, les chefs religieux, les chefs de quartiers, les associations de développement, les associations des jeunes de la commune condamnent avec la dernière énergie, l’existence de ces bars et chambres de passe qui ne respectent pas les normes d’installation dans notre commune, nous mettons en garde Monsieur le Maire de Commune V et ses collaborateurs de prendre toutes les mesures nécessaires pour la fermeture de tous les bars dans la commune d’ici la semaine prochaine à défaut de quoi nous passerons à notre plan B », ont menacé Seydou Niangadou, président Haut conseil islamique de la C V et les autres membres de la délégation qui ont eu maille à partir avec le maire. Le bras de fer semble donc engagé entre eux.
Oumar Camara
L’ Indicateur Renouveau 26/04/2011