Le choix porté sur Mamadou Igor Diarra n’est pas le fruit d’un hasard. Loin s’en faut. Ses états de service à la tête de la Banque Internationale pour le Mali (BIM sa) n’ont pas peu pesé dans ledit choix. En effet, lorsqu’il prenait la tête de la mission de redressement de la BIM sa en 2006, cette banque était au creux de la vague et personne n’osait parier un sou troué sur elle.
Avec des fonds propres négatifs, elle n’arrivait pas à respecter le capital minimum d’un milliard de FCFA à l’époque. Dès cette reprise en main, la banque est redevenue bénéficiaire deux années consécutivement, avec des résultats nets de 2,5 milliards de FCFA en 2006 et de 5 milliards de FCFA en 2007. Dotée un capital de 4,5 milliards de FCFA, elle jouissait à l’époque d’un fonds propre de 15 milliards de FCFA. Deuxième banque du Mali, avec un total de bilan de 178 milliards de FCFA, elle affichait un effectif de 260 personnes et jouissait d’un réseau de 55 points de vente au Mali, en France, en Espagne et aux Etats-Unis. A croire que Mamadou Igor Diarra est né avec la bosse de la banque.
C’est pour tous ces atouts et à cause de la beauté de la fiancée qu’Attijariwafa Bank, la plus grande banque du Maroc et du Maghreb, n’a pas hésité à débloquer la bagatelle de 60 millions d’euros, soit près de 40 milliards de FCFA (39,3 milliards de FCFA plus exactement) pour en devenir l’actionnaire stratégique, avec 51% des parts, en juillet 2008. Cinq concurrents étaient dans les starting blocks, et non des moindres. Ce sont, en plus de l’adjudicataire Attijariwafa Bank, la Société Générale (France), UBA (United Bank for Africa, première banque du Nigeria, 8e en Afrique), le Groupe Ecobank et le… Groupe BOA.
C’est la première fois que, dans l’histoire des privatisations ou de cessions d’actifs au Mali, une opération rapporte autant d’argent. Entre autres exemples, Huicoma a été cédée au groupe Tomota pour 9 milliards de FCFA, l’ex-BMCD a été rachetée par la BDM sa 4,5 milliards de FCFA, la licence de Ikatel (aujourd’hui Orange-Mali) a rapporté 30 milliards de FCFA. Jusqu’à preuve du contraire, cette opération est la plus réussie. Au-delà, cet exploit figure dans tous les documents de référence des privatisations en Afrique.
Le Groupe Bank Of Africa (BOA), dont la première implantation date de 1982, voit, depuis le 31 août 2010, 55,8% de ses actions contrôlées par la BMCE Bank (Banque Marocaine du Commerce Extérieur), au terme d’un accord conclu entre les actionnaires historiques (Néerlandais et Français). Nul doute donc que les Marocains, avec leur sens aigu des affaires, ont flairé l’oiseau rare pour concrétiser leurs ambitions, d’autant plus que l’oiseau rare en question possède un tableau de chasse reluisant et très fourni.
Déjà, le Groupe Attijariwafa Bank, à l’occasion de son entrée dans le capital de la BIM sa, avait beaucoup misé sur lui. Malheureusement, ou heureusement pour l’intéressé, il avait été nommé ministre des Mines, de l’Energie et l’Eau dans le gouvernement de la République du Mali. Au regard de ses états de service, on est fondé à croire que le nouveau Directeur Général de la BOA-Mali est capable de rééditer ses performances au bénéfice de cette banque et d’en faire un établissement très respecté de la place bancaire malienne. D’autant qu’il jouit d’un cursus universitaire et professionnel remarquable.
Hormis son passage dans le gouvernement en qualité de ministre des Mines, de l’Energie et de l’Eau, il a fait l’essentiel de sa carrière dans le sérail des banques. Ingénieur diplômé de l’Ecole des Hautes Etudes Commerciales de Liège (Belgique), il a notamment été Président-Directeur Général de la Banque Internationale pour le Mali (BIM sa), Directeur Général de la Banco Da Uniao Guinée Bissau, établissement bancaire au capital de 2 milliards de FCFA créé par la Banque Centrale des Etats de l’Afrique de l’Ouest (BCEAO), avec l’expertise de la Banque de Développement du Mali (BDM sa).
Au demeurant, il occupera plusieurs fonctions importantes au sein de cette banque: Responsable du Bureau de Représentation de la BDM sa à Paris, Chargé de l’élaboration du Plan de Développement à Moyen Terme de la BDM sa 1997-2002, Analyste financier à la Direction en charge du crédit, Directeur Adjoint du Réseau et de la Monétique, Conseiller du Président Directeur Général de la Banque en charge de la fusion, Secrétaire Assistant du Comité de Gestion, Directeur du Réseau et de la Monétique, Responsable projets Cartes Visa et Master Card et GAB, TPE, Directeur d’Exploitation des Agences de Bamako et Responsable Pôle Exploitation à la Banque de Développement du Mali, cumulativement Directeur de l’Exploitation des Agences Principales.
Bon vent à M. Diarra dans sa nouvelle aventure, pour le plus grand bien du système bancaire et le financement de l’économie malienne!
Yaya Sidibé
Le 22 Septembre 2013-03-04 00:59:15