Cela n’a pas suffi. L’Honorable Deïty lui-même nous a fait parvenir un droit de réponse, dans lequel il affirmait, entre autres: « … Après la lecture de cet article, je me suis donné le devoir d’édifier l’opinion nationale et internationale. Tout d’abord, je m’inscris en faux contre toutes les allégations formulées à mon égard. Je ne suis, ni de près ni de loin, impliqué dans une quelconque attaque armée dans le nord de mon pays. Les informations données par M. Chahana Takiou sont tout simplement fausses et dénuées de tout fondement.
Dans ledit article, il n’y a aucune précision. Mon nom est vaguement associé à des attaques armées. Je suis victime d’un acharnement et de la non observation des règles d’éthique et de déontologie en matière de journalisme. Ces informations diffamatoires portent atteinte à mon intégrité et à mon honnêteté. Elles sapent dangereusement tous mes efforts consentis pour la paix et le développement de la région de Kidal. J’aime mon pays et je suis résolument décidé à apporter ma contribution à la construction nationale. Un article de presse n’y changera rien. Cher journaliste, vous devez apprendre à relayer de vraies informations. Car les fausses informations portent préjudice à la dignité des paisibles citoyens ».
Nous sommes revenus plus tard à la charge, dans un article intitulé:Tous les rapports de la Sécurité d’Etat, de la Gendarmerie et des renseignements militaires vous accablent: « Cher Honorable Deïty Ag Sidimou, tous ceux qui vous connaissent savent qu’à chaque fois qu’il y a résurgence des activités criminelles des bandits armés, vous êtes le plus souvent plus proche des théâtres d’opération qu’e de l’Assemblée nationale du Mali. Et ce n’est sûrement pas là une simple coïncidence.
Nous tenons de source sûre que ce sont des amis qui vous veulent du bien, désireux de vous sauver de vos propres turpitudes, qui vous ont conseillé de quitter Tessalit avec toute votre famille, pour venir vous installer à Bamako et occuper honorablement votre siège à l’Assemblée nationale. Et être ainsi plus utile à votre pays que vous ne l’aviez fait jusque-là. En fait, trop de gens vous soupçonnent de mener une double vie: Honorable élu à Bamako, mais, dès que les choses se gâtent, bandit armé dans les confins algéro-maliens.
Une chose est certaine: tous les rapports de la Sécurité d’Etat, de la Gendarmerie, des Renseignements militaires, sont accablants pour vous. Vous vous en apercevrez quand sera venu le moment de vous confondre ».C’était plus précisément le 7 mai 2008.
Eh bien! Le moment est arrivé, puisque, depuis le 24 août 2011, le ministre de la justice, Maharafa Traoré, a adressé une correspondance à l’Assemblée nationale pour l’informer qu’un magistrat algérien souhaitait entendre sur commission rogatoire le député Deïty Ag Sidimou de Tessalit. Le bureau de l’Assemblée nationale a rapidement examiné la requête, dans laquelle il est accusé d’avoir vendu, en 2007, de la cocaïne à des Algériens et cela sur le territoire algérien.
Ce produit prohibé a transité par ce pays pour l’Egypte. Aussi, une commission ad hoc a-t-elle été instituée pour étudier le dossier. Elle est composée de 15 membres et tous les groupes parlementaires y sont représentés, y compris l’Opposition qui n’a pas le nombre d’élus requis, à savoir 5, pour former un groupe parlementaire. Elle est présidée par le député RPM de Kita, Moriba Keïta, vice-président, Sereba Diarra de l’ADEMA et Alou Aya de l’ACM comme rapporteur. Le rapport de cette commission est attendu en octobre, au cours de la rentrée budgétaire.
C’est ce document qui sera discuté en plénière, avant le vote permetttant de lever ou pas son immunité parlementaire. Où se trouve le député Deïty Après son pèlerinage de l’année dernière, entièrement pris en charge par l’Assemblée nationale suite à un tirage au sort, personne n’a vu cet énergumène dans les allées de l’Hémicycle. Avant même cette période, il de présentait rarement Place de la République. Il semble qu’il soit dans un hameau éloigné de Tessalit et que même ses électeurs n’aient plus de ses nouvelles. En tout cas, ces accusations sont trop graves pour que les députés essaient de jouer la carte de la solidarité ou, surtout, de la complaisance. A suivre.
Chahana Takiou
Le 55 septembre 08/09/2011