L’opération de libération des voies publiques, lancée à la mi-juillet par Mme le gouverneur du district de Bamako pour embellir la Cité des Trois caïmans est en passe d’échouer en Commune VI. Des commerçants qui avaient abandonné « leurs places » sous les coups de boutoir des Bulldozer se sont réinstallés devant un acteur de la mise en œuvre de l’opération. Reportage.
Les abords du siège du conseil de la Commune VI du district de Bamako semblent encombrés ce vendredi 26 août. Les entrées de cette municipalité nettoyée au Bulldozer fin juillet grouillent de monde. Vendeuses de parfums, de beignet et d’autres accessoires font partie du décor. Ils sont nombreux les commerçants qui avaient dû abandonner leur place sous la pression des bulldozers à revenir s’installer devant la structure en charge de la mise en œuvre de l’opération.
A 20 m de la corniche de Magnambougou, le hangar repeint d’une vendeuse de pâté s’affiche de nouveau. Cette dame est en pleine activité avec ses employés. Des activités de commerce à ces endroits stratégiques de la mairie de la Commune VI suscitent des commentaires de nombreux observateurs.
« Ce n’est pas facile de faire partir ces gens surtout que le recasement n’est pas pour demain », murmure un client. Un autre passant nous conseille de quitter les lieux pour ne pas avoir de problèmes. « Je pense qu’il n’est pas prudent de venir faire un reportage ici, car ces gens sont très agressifs. Ils sont prêts à attaquer à tout moment. Je vous conseille de vous méfier », déclare-t-il.
Aux alentours du parking principal, d’autres déguerpis signent aussi leur retour. Seuls les abords du commissariat de police du 7e arrondissement sont pour le moment épargnés par l’occupation anarchique.
Plus loin, le trafic reprend au carrefour de l’auto-gare de Sogoniko. Entre la porte principale et la passerelle, l’on se demande si les Bulldozer sont réellement passés par là. « Je me suis installé ici depuis plusieurs années. Pour moi, il n’est pas question d’aller ailleurs », réagit une vendeuse sous couvert de l’anonymat.
Les autres déguerpis sont aussi dans la même logique. Ils sont déterminés à rester sur place. « Tous les commerçants que vous voyez ici sont des chefs de famille. Je nourris ma famille et j’envoie aussi de l’argent à mes parents au village. Il faut que les autorités pensent à ça. Des espaces ne sont pas aménagés pour nous recaser. Pourquoi je vais quitter ? », s’interroge notre interlocutrice sur le ton de l’emportement.
Aujourd’hui, la réussite de l’opération en Commune VI est très mitigée car la plupart des commerçants déguerpis sont revenus s’installer. C’est le cas au niveau du carrefour de la mairie et autres grandes artères. Des « têtes brûlées » se réinstallent progressivement et de façon très inquiétante. Ils reviennent la plupart avec des étals et semblent prêts à mourir pour préserver leur nid.
Ce constat laisse une réalité triste : l’opération de libération des voies publiques, lancée en mi-juillet pour rendre coquette, comme autrefois, notre capitale, aujourd’hui envahie par des montagnes d’ordures qui n’ont rien à envier au mont Kilimandjaro a toutes les chances de foirer, à l’image d’autres initiatives annoncées dans le cadre du rétablissement de l’autorité de l’Etat.
Mme Rais Aicha Wafi, chargée de l’assainissement de la mairie qui a dirigé l’opération même dans les ruelles de Magnambougou et Sokorodji n’est pas à mesure de faire le suivi devant son bureau.
Nos tentatives pour la joindre n’ont pas été couronnées de succès.
Bréhima Sogoba