L’espoir est déçu au regard du fonctionnement des autorités intérimaires censées apporter du sang neuf à la gouvernance locale. Faute de ressources, les conseils régionaux tournent au ralenti dans le Nord.
La mise en place des autorités intérimaires est une disposition forte de l’accord pour la paix et la réconciliation. Elle découle de la volonté des signataires de passer par une période intérimaire pour gérer les affaires courantes des collectivités, en particulier pour préparer le retour des refugiés et faciliter l’organisation des élections locales.
Pour arriver à l’installation de ses autorités intérimaires, des nombreuses difficultés étaient apparues entre acteurs signataires mais également l’opinion nationale.
Endeuillées à Gao, les autorités intérimaires ont été néanmoins installées en premier lieu dans cette ville naguère hostile. Et c’est un certain Djibrilla Samaké qui a été choisi pour diriger les autorités intérimaires. Inconnu jusque-là au bataillon, M. Samaké semble être le choix du gouvernement comme le stipule une entente signée en sourdine.
De sa prise de fonction à nos jours, le président du conseil régional de Gao peine à mener ses activités sur le terrain. Dans la 7e région administrative, on évoque des difficultés quant à l’adhésion même des populations à l’idée des autorités intérimaires.
A Kidal, la mise en place des autorités intérimaires a été très mouvementée avant de voir le jour. Mais, de réels malentendus ont surgi d’abord entre les maîtres de la ville. Retenu pour présider le conseil régional issu des autorités intérimaires, le déserteur de la garde nationale, Hassane Fagaga a été contesté d’abord dans son propre camp, avant d’avoir un minimum de consensus pour son maintien.
Depuis son installation, bien que membre de la CMA, Fagaga est interdit de mener des actions en vue de rapprocher une partie des populations de Kidal hostiles à tout retour du Mali. Confiné dans la ville, le colonel Hassan Fagaga ne donne plus de gages d’assurance pour mener à bien la mission.
Dans la région de Ménaka, bien qu’appuyé, le jeune Abdoul Wahab fait profil bas et préfère se contenter des actions entreprises par son mentor Moussa Ag Acharatoumane. Il est le choix du gouvernement mais voue une grande admiration pour le général El Hadj Gamou. Le président du Conseil régional de Ménaka, conscient de ses lacunes, s’est finalement rangé du côté du gouverneur Seydou Maïga. Ni la sensibilisation annoncée, ni des initiatives en faveur du retour des réfugiés n’a encore vu le jour.
Un océan des défis
Installées il y a moins d’un mois soit le jeudi 20 avril 2017, les autorités intérimaires de Tombouctou versent dans la propagande. Téléguidé à partir de Bamako, le jeune Boubacar Ould Hamadi tente de forcer en se rendant dans certaines localités de la région. Mais derrière ses actions de tapage, la réalité est criante : dans la 6e région son autorité manque du ressort nécessaire pour gérer la montagne de besoins.
Idem pour la région de Taoudeni dont les ressortissants bluffent sur les autorités intérimaires alors que tous les ingrédients sont réunis pour empêcher son émancipation sur le terrain. Les premières contestations ont surgi avec la nomination de Hamoudi Sidi Ahmed Aggada, proposé par la Plateforme expliquent l’étendue des défis qui attendent les autorités intérimaires. Installé dans ses fonctions, ce dernier est engagé dans une course contre la montre mais ne parvient pas à voir le bout du tunnel.
Pratiquement, les autorités intérimaires souffrent de l’impréparation, du manque de ressources et surtout du peu d’engagement de la médiation internationale.
A titre illustratif : c’est le gouvernement malien qui s’est proposé de mettre à la disposition des conseils régionaux un budget et c’est le seul annoncé dans cet océan des défis.
A. M. C.