Des musulmans prient à la mosquée de Lakemba, le 28 juillet 2014 à Sydney, en Australie / © AFP / SAEED KHANUn conseil islamique australien a demandé la création de refuges où les jeunes musulmans pourraient exprimer sans crainte des points de vue « incendiaires », un appel dénoncé jeudi par les autorités comme perturbant et malvenu.
Dans une requête adressée à une commission d’enquête parlementaire sur la liberté de religion, le conseil islamique de l’Etat de Victoria a expliqué que ces espaces pourraient être financés sur des fonds publics destinés à des programmes antiterroristes et anti-extrémistes.
Cette demande est révélée alors que l’Australie sort à peine d’une prise d’otage considérée comme terroriste par les enquêteurs.
Les fonds pourraient « créer des espaces sûrs dont les jeunes musulmans ont un besoin urgent afin de pouvoir se rencontrer et discuter d’une série de sujets en termes émotionnels », écrit le conseil islamique.
« Un (refuge) où ils pourraient faire preuve de franchise et même utiliser des termes qui, dans l’espace public, seraient considérés comme incendiaires ».
Le Premier ministre de l’Etat de Victoria Daniel Andrews s’est dit « très perturbé » par cette idée.
« Il n’y a aucun moyen sûr de se lancer dans des tirades contre l’Occident », a-t-il dit à la presse. « Il n’y a aucun moyen sûr de lancer des tirades contre les valeurs qui nous sont chères ».
« Je suis très perturbé par la suggestion que nous pourrions avoir des espaces où les gens pourraient se montrer extrémiste dans le cadre d’un programme de déradicalisation. Cela n’a absolument aucun sens à mes yeux ».
Il a exclu tout financement de ce type d’initiative.
Le conseil islamique a fait valoir que la montée de la rhétorique d’extrême droite avait débouché sur « un climat de surveillance de nos familles ».
« Les jeunes musulmans en particulier sont surveillés partout, chaque jour, et ils commencent à intérioriser cette surveillance sept jours sur sept, il y a de plus en plus de problèmes graves de santé mentale chez de nombreux musulmans, ce qui augmente les tensions familiales ».
Pour le conseil, les mots sont « davantage perçus comme des crimes que ne le sont les actions », ce qui limite la liberté des jeunes « de s’exprimer », plus que chez les jeunes non-musulmans.
Lundi à Melbourne, un homme d’origine somalienne a été abattu par la police après avoir pris en otage une escort-girl. Yacqub Khayre, 29 ans, est aussi soupçonné d’avoir tué un Australien d’origine chinoise.
Il avait été inculpé et acquitté dans un projet avorté d’attaque terroriste contre une caserne de Sydney en 2009. Trois de ses co-accusés avaient été reconnus coupables de ce projet de représailles contre les opérations militaires australiennes au Proche-Orient.
Douze attentats ont été déjoués en Australie et 61 personnes inculpées depuis que le niveau d’alerte a été relevé, en septembre 2014.
(©AFP / 08 juin 2017 09h09)