A la manœuvre, ils étaient huit triés sur le volet. Ils déclarent avoir rencontré plus de la centaine de personnes et donné autant de coups de fil. Ils ont travaillé au secrétariat genevois de l’institution. Mais, ils tiennent à marquer leur reconnaissance aux « ministères de la Santé, aux organisations à but non lucratif, aux partenaires de développement et aux personnes vivant avec les maladies ou affectées par elles ». Pourquoi ? « Tous ont fait preuve d’hospitalité et ont accueilli nos visites et celles de notre personnel dans des délais relativement brefs, parfois même les week-ends ». Un lyrisme touchant qui ne les empêche pas d’annoncer les couleurs, dès les premières pages de leur rapport pour l’instant truffé de suggestions et réactions en rouge, signe que le document intitulé « Fonds mondial : de l’urgence à la pérennité » est à un stade encore très préliminaire.
Le panel s’est montré impressionné par les résultats du Fonds mondial et relève que « seize des 21 pays les plus touchés par le Vih ont enregistré une baisse significative de la prévalence parmi les jeunes ». De même, souligne t-il, la mise à disposition des Arv a permis de garder en vie des millions d’individus dont les femmes constituent plus de la moitié. Sans compter le renforcement de capacités à travers « la formation et le recyclage de centaines de milliers de professionnels de la santé dans le monde », une avancée significative a été notée sur le front de la lutte contre le paludisme, notamment grâce à la distribution de près de 200 millions de moustiquaires. Le taux de mortalité due à la tuberculose aurait aussi connu une forte réduction.
Carences à Genève
Les tests Vih-Sida ont été vulgarisés et l’accompagnement qu’offre ce service aurait permis à des millions de personnes « de se protéger et protéger leurs proches ». D’ailleurs, constatent les évaluateurs, l’appui du Fonds mondial a rendu plus solides les systèmes de soins communautaire ou domestique, alors que plus de centres sanitaires ont pu désormais disposer « de kits de dépistage, d’équipement, de matériel de diagnostic et de médicaments ». Last but not least, le Fonds est salué par la dynamique de recherche sur le palu, la tuberculose et le sida qui se constate dans les sites et les structures sanitaires qu’il soutient. Les rapports exécrables entre l’Inspecteur principal et le directeur exécutif du Fonds étaient un secret de polichinelle.
Le panel en fait désormais une information. Il dit sans fards avoir suffisamment d’indices « montrant que les relations entre le Directeur exécutif et l’Inspecteur général finissent par nuire à l’efficacité de fonctionnement du Fonds mondial ». La faute à qui ? « Ambiguités dans la structure initiale », soupçonnent les évaluateurs qui recommandent un comité d’audit présidé par un indépendant, qui puisse être appuyé au besoin par des consultants, qui supervise le Bureau de l’Inspecteur général tout en s’assurant que ce Bureau « continue à jouir de l’indépendance nécessaire pour mener à bien ses audits et ses enquêtes à l’abri de toute ingérence politique ».
En attendant, les panelistes invitent le secrétariat à accepter sa responsabilité dans les problèmes de gestion financière dénoncés dans les pays clients. Certains passages du rapport sont des paraboles mais on n’a pas besoin d’un dessin pour comprendre. Parce qu’outre le constat que le panel fait en déplorant que le système de suivi jusque-là adopté par le secrétariat, « à déceler et à prévenir la fraude », il lâche la massue : « un examen trop peu rigoureux du budget des propositions ouvre la porte à un remplissage qu’il est aisé d’exploiter une fois la subvention approuvée ». Une prime à l’indélicatesse-pays ? Les auditeurs s’en défendront qui préconisent très clairement la tolérance zéro pour la corruption.
Adam Thiam
Le Républicain 16/11/2011