Les putschistes disposent du soutien de la base, des soldats de rangs, ce qui leur a permis, après avoir forcé les portes des magasins du camp Kati pour sortir les munitions d’attaquer en grand nombre le palais de Koulouba et de prendre le contrôle de la radio.
Pas de ralliements significatifs
Mais pour l’heure les mutins n’ont pas réussi à rallier les officiers supérieurs. Selon nos sources, de haut gradés ont été approchés pour rejoindre le mouvement. Ils ont refusé. Autre handicap pour les putschistes, les partis politiques pourraient se montrer plus hostiles que prévu au coup d’Etat, même si, sur le fond, ils comprennent les raisons de la révolte des soldats contre le régime d’ATT .
Jusqu’à présent seul Oumar Mariko, du parti Sadi, soupçonné d’activisme auprès des militaires, s’est déclaré prêt à travailler avec les putschistes. Sur le plan international les condamnations particulièrement fermes se sont multipliées au fil des heures, l’image de soldats jouant les shérifs dans les quartiers de Bamako en pillant à droite et à gauche risque d’aliéner aux putschistes l’éventuelle bienveillance d’une population très critique elle aussi à l’égard du gouvernement.
Scènes de pillage à Bamako, témoignages
Malgré les appels au calme et la condamnation des pillages par le chef de la junte, le capitaine Sanogo, des bandits, des hommes ont treillis ont profité du chaos qui régnait dans Bamako jeudi pour piller et voler ce qui pouvait l’être…
Dans ces conditions la junte aura-t-elle les moyens de s’imposer durablement au pouvoir ?
Au moins dix personnalités maliennes ont été arrêtées depuis l’annonce du coup d’Etat
Parmi elles figurent deux anciens Premiers ministres dont l’un, Modibo Sidibé s’apprêtait à annoncer officiellement sa candidature à la prochaine présidentielle. Un autre candidat à la présidentielle, Jeamille Bittar, l’ancien ministre des Affaires étrangères Soumeylou Boubèye Maïga et le maire central du district de Bamako, font partie des personnes arrêtées. Ils sont quasiment tous détenus au camp militaire de Kati, à 15 km de Bamako, où a commencé la mutinerie d’une partie de l’armée.
Officiellement rien ne leur est encore reproché mais ces arrestations constituent une source d’inquiétude pour leurs proches et pour une association malienne de défense des droits de l’homme. D’autant que les personnes privées de liberté n’ont pour l’instant pas de droit de visite. Interrogés par RFI, les militaires mutins ont pris l’engagement de faire respecter la présomption d’innocence.
vendredi 23 mars 2012 par RFI