Dans une version provisoire de leur communiqué final, les ministres des Finances et banquiers centraux des vingt premières économies mondiales ont pris acte d’une perspective toujours favorable pour la croissance et l’emploi dans certaines économies, mais se sont inquiétés d’une reprise lente voire d’un risque de stagnation persistante chez certaines autres, en particulier au Japon ou dans la zone euro.
Ils ont donc promis d’agir de manière déterminée contre ces risques, sur le front monétaire comme budgétaire, selon ce texte dont l’AFP a obtenu une copie.
Mais une lecture entre les lignes de ce document dont chaque virgule est soupesée permet de déceler certaines divergences.
Ainsi, le G20 y a souligné le rôle essentiel de la politique budgétaire pour (…) soutenir la demande domestique. Une pierre dans le jardin de l’Allemagne qui se voit reprocher de ne pas faire plus de relance malgré ses exportations record et ses budgets équilibrés.
Le projet de communiqué final a également prudemment évoqué la chute des prix du pétrole, estimant qu’elle allait permettre de revoir leurs politiques budgétaires.
Ainsi, les ministres ont appelé à favoriser les investissements et des transferts mieux ciblés, et à saisir l’occasion de réduire encore des subventions inefficaces.
Mais le communiqué provisoire reconnaît aussi que la chute de l’or noir a des implications différentes selon qu’un pays est producteur ou consommateur, les deux cas de figure étant représentés au G20.
Les membres du groupe des vingt semblent plus en phase pour promettre de renforcer leur coopération afin de fermer les canaux de financement du terrorisme, un engagement réclamé par la France après les attentats à Paris en janvier.
Ou encore pour exprimer leur profonde déception face au blocage persistant de la réforme du Fonds monétaire international (FMI), due à la résistance américaine.
– La Grèce en coulisses –
Les rédacteurs du communiqué sont aussi tombés d’accord pour encourager les efforts de l’OCDE, qui finalise un arsenal de nouvelles règles contre l’optimisation fiscale des multinationales, et qui prépare l’échange automatique de renseignements contre la fraude des particuliers.
Ces chantiers ont pris une résonance particulière avec la publication lundi par plusieurs journaux internationaux de révélations sur la filiale suisse de la banque HSBC, les SwissLeaks.
Outre cet agenda officiel, la réunion d’Istanbul a aussi été l’occasion d’aborder en coulisses le sujet hautement sensible de la Grèce.
Le ministre britannique des Finances George Osborne, l’un des plus alarmistes, s’est inquiété lundi soir des risques grandissants d’une très mauvaise issue à cette crise.
Ces propos ont suscité un certain agacement parmi des participants à la réunion, à la veille d’une réunion très importante à Bruxelles des ministres de la zone euro, dont la Grande-Bretagne n’est pas membre.
Le nouveau gouvernement d’Alexis Tsipras, issu du parti de la gauche radicale Syriza, veut s’affranchir des anciens accords passés avec ses créanciers, synonymes d’austérité, et réclame à ses partenaires un financement d’urgence le temps de préparer un programme de réformes et de désendettement.
Sans soutien international, la Grèce, qui bénéficie d’une aide internationale jusqu’à fin février mais ne peut plus se financer de manière autonome, risque le défaut de paiement.
Mais l’Allemagne refuse qu’Athènes bénéficie d’une rallonge sans se soumettre à un programme d’aide en bonne et due forme, synonyme de discipline budgétaire, ce qu’a encore répété en Turquie son ministre des Finances Wolfgang Schäuble.
Il a ajouté sèchement lundi qu’il n’avait toujours pas compris comment le gouvernement grec voulait s’y prendre.
Entre ces deux camps, les Etats-Unis ont appelé les Européens à faire preuve de pragmatisme et la France s’efforce de jouer les médiateurs.
Aucun gouvernement n’accepterait après une alternance puissante de dire +j’arrive, mais en fait rien ne change+ (…) Mais le pendant est le respect des règles européennes, et dans ces règles européennes, on ne distribue pas l’argent comme ça, a dit à l’AFP son ministre des Finances, Michel Sapin.
(©AFP / 10 février 2015 12h22)