Un excellent article de presse paru à l’époque sur les relations difficiles entre les Maliens et l’administration diplomatique et consulaire écrivait ceci : « Le jeudi 19 février dernier a donné du grain à moudre à ces insinuations souvent exagérées, mais dont il convient de reconnaître les réalités. Ce jour-là donc, une jeune dame vient chercher son passeport qu’elle aurait déposé depuis plusieurs mois. Après l’avoir fait attendre plus d’une heure, l’agent consulaire en charge du dossier l’amène dans son bureau. Et puis on apprendra que la pauvre dame s’est fait molester par la fonctionnaire qui n’aurait pas supporté la façon dont elle a été mise en cause. Au lieu de trouver les mots justes pour expliquer les difficultés actuelles concernant la délivrance des passeports, l’agent consulaire n’a pas trouvé mieux que de maltraiter physiquement l’usager».
Impunité
L’auteur avait écrit à juste titre « Alerté, le consul général Mangal Traoré prendra les choses en main. Après avoir mis hors de danger la victime, il informera son agent de l’adoption de mesures disciplinaires à venir. Lesquelles ne tarderont pas à se concrétiser par une mise à pied préalable à d’autres sanctions probables. D’autant plus que l’agent en question n’en serait pas à ses premiers écarts irrespectueux vis-à-vis du public ». Il croyait si bien dire. Mais Nana la grande – comme on l’appelle au consulat, une allusion à sa taille par rapport à son homonyme une cousine de l’ex-président ATT qui assure le standard téléphonique – n’écopera aucune sanction. La mise-à-pied était une façon déguisée la soustraire de la vue des usagers après son impair puisqu’elle continuera à bénéficier intégralement de son salaire.
Pourtant juste après son forfait Nana s’en était vanté auprès de certains collègues. Elle affirmait non sans fierté qu’elle venait de tabasser une petite fille qui l’a manqué de respect. Elle ne doutait pas que celle qu’elle considérait comme une « petite fille » à cause de sa taille chétive était bien une femme mariée qui venait d’accoucher il y a deux semaines. Elle était d’autant plus sûre d’elle-même qu’elle n’était pas a son premier pugilat au sein du consulat. Nana avait copieusement giflé un usager (un Français) venu faire son visa, un forfait qui lui avait valu à l’époque une mise-à-pied et une affectation au service passeport. Son caractère irascible a souvent provoqué des coups de gueules au consulat et parfois même des coups de poings avec un collègue (homme).
La famille de la dame battue qui a porté plainte s’est vue approchée par le consulat qui a proposé 1 000 euros pour une prise en charge financière d’éventuels frais de soins pour les séquelles causées par l’agression violente perpétrée par l’agent consulaire. Mais l’affaire, qui a enflammé les réseaux sociaux avant de paraitre dans la presse, n’a pu être contenue.
Une réunion tenue à l’ambassade avec les principaux responsable de la diplomatie malienne avait décidé du licenciement de Nana. Car elle avait déjà eu son dernier avertissement dans une précédente affaire. Donc, la décision de l’ambassadeur d’affecter Nana au service du protocole a surpris plus d’un au sein même de la chancellerie.
Népotisme
La place laissée vacante par Nana Traoré est au cœur de toutes les convoitises. Dès le mois de février, un fonctionnaire s’était déjà manifesté pour faire embaucher son fils, comme c’est le cas souvent au consulat du Mali. On se rappelle du recrutement peu orthodoxe, l’année dernière, de la fille d’un premier ministre.
L’ambassadeur Cheick Mouctary Diarra, qui clame à tout vent qu’il ne peut plus embaucher personne à cause de la pléthore du personnel vient pourtant recruter la fille d’un ex-dignitaire déchu du régime de Moussa Traoré. Et cela au moment où on parle du licenciement de 12 agents recrutés hors des cadres organiques. Autant dire que la place laissée par Nana Traoré ne restera pas longtemps vacante. Ainsi va le consulat du Mal.
Cheick Sissoko, Paris, France
La Rédaction 12/05/2015