ATT« Il n’y aura pas d’exploitation dans la Commune de Faléa »


Une délégation d’Europe/Ecologie, composée de deux députées et de chercheurs, vient de boucler dans notre pays une visite de plusieurs jours. Initiée sur demande de l’Association des ressortissants et amis de la Commune rurale de Faléa (ARACF), cette visite avait pour but de s’enquérir des risques environnementaux que pourrait représenter la prochaine exploitation de l’uranium à Faléa, dans le cercle de Kéniéba. Cette localité, faut-il le rappeler, est aujourd’hui le théâtre d’intenses activités de recherche de l’uranium par la multinationale « Rockgate Capital Corp ».

Pour le président de l’ARACF, Many Camara, les travaux de cette recherche ont été entrepris sans concertations véritables avec les populations. Le responsable associatif, qui déplore l’extrême enclavement de cette commune et le manque réel de perspectives de développement pour cette commune, craint qu’avec ces travaux autour de l’uranium, Faléa soit victime d’une catastrophe écologique, à l’image du Niger et du Gabon. Bref, explique le M. Camara, cette mission des députées d’Europe/Ecologique avait pour but principal de prévenir d’alerter les autorités.

Au cours d’une rencontre avec la presse, tenue mardi dernier, Mmes les députées ont expliqué que cette mission a été riche en enseignements. Selon Mmes Eva Jolie et Michelle Rivagie, la première étape du séjour malien a été marquée par une visite de terrain dans la Commune rurale de Faléa. Là-bas, les rencontres avec les populations et les responsables de la société canadienne chargée de la recherche, ont permis aux visiteurs de tirer plusieurs conclusions.

Il s’agit, expliquent-ils, du déficit d’information sur les conséquences de la radioactivité, le manque évident d’expert dans les ministères chargés de la question, l’absence notoire de communication entre la société de recherche, Rockgate, et les populations de la localité. Sur ce point les visiteurs ont fortement déploré « l’arrogance vis-à-vis des habitants sur toutes questions concernant les impacts environnementaux ».

Aussi, les membres de la délégation, ont constaté que dans les travaux de recherche ont débuté sans une étude d’impact environnemental et sanitaire. Et que le Code minier de notre pays ne prévoit pas d’étude en matière d’exploitation de l’uranium. Pourtant, explique les députées, ceci est d’autant plus important qu’il permet au Mali d’éviter le scénario à la nigérienne et à la gabonaise, où l’exploitation de l’uranium a provoqué de sérieuses conséquences environnementales. « Dans le cahier de charge de recherche, l’environnement n’existe pas », ont déploré les députées écologistes.

La seconde étape de la visite au Mali a été les rencontres à Bamako avec les ministres des mines et de l’environnement. Selon les eurodéputées, les deux ministres ont promis d’effectuer dans un bref délai une mission dans la localité de Faléa. Aussi, il leur a été promis la réalisation en juin prochain d’une étude d’impact environnemental sur l’exploitation de mine d’uranium à Faléa.

Cette étude, précisent les membres de la délégation, aura pour objectif fondamental de connaître les risques radiologiques en l’état afin de prendre des mesures rapides, le cas échéant, si les populations sont établies sans le savoir sur des zones à radioactivité naturelle élevée. Aussi, il s’agira de déterminer la part de l’impact lié aux activités industrielles (d’habitude minimisée par les exploitants miniers) et d’obtenir des travaux de remédiation adéquate après l’exploitation.

« L’exploitation de la mine est très dangereuses malgré ses avantages. Les mines d’uranium sont l’une des activités radioactives les plus polluantes », ont alerté les eurodéputées. La dernière étape de la visite de la délégation de l’Europe écologie  a été l’audience accordée par le chef de l’Etat. Au cours de cette rencontre, rapportent les députées, il a été question d’expliquer au président ATT les raisons de leur visite au Mali. Et d’alerter sur les conséquences de l’exploitation des mines d’uranium dans cette localité.

En réponse aux inquiétudes exprimées par les visiteurs, le chef de l’Etat a promis de faire son possible pour protéger l’environnement, et mettre les populations à l’abri des conséquences de la radioactivité. « Il n’y aura pas d’exploitation de mines d’uranium à Faléa », a promis le chef de l’Etat. Avant d’ajouter : «  Je vais faire arrêter les forages ».

Issa Fakaba Sissoko

L’ Indicateur Renouveau 01/04/2011