Les Bamakois se sont réveillés avec l’étrange sensation d’avoir vécu une première des plus inquiétantes, surtout lorsque l’on déroule le film des évènements. En effet, selon de nombreuses sources, dont des rescapés de l’attentat, c’est vers une heure du matin, dans la nuit de vendredi à samedi dernier, qu’un homme armé a monté l’escalier qui mène au bar – restaurant La Terrasse, adresse très courue de la Rue dite Princesse à l’Hippodrome.
En ce début de week end, l’endroit était bondé et l’ambiance musicale à son summum. Après avoir dégoupillé une ou deux grenades, une au moins ayant explosé, le terroriste a poursuivi en balayant l’assistance de rafales de mitraillette ou de fusil automatique. Chacun a cherché à se protéger, en plongeant au sol pour la plupart des clients, mais cela n’a hélas pas été salutaire pour tout le monde, d’où les décès et les blessures graves.
Sa macabre opération terminée, l’assassin a quitté les lieux pour s’engouffrer dans un véhicule conduit par un complice. En tournant dans la rue 218, en direction de l’Est, pour s’échapper, les terroristes tomberont nez à nez avec une patrouille de la Police qui effectuait une rafle. Là encore, les armes ont parlé, faisant deux victimes, un policier et un gardien de nuit.
Si l’on en croit certaines sources policières, deux suspects auraient été appréhendés, mais, dans la foule de badauds du voisinage qui était sur les lieux dans la matinée de samedi, les tueurs auraient pu s’enfuir sans être inquiétés.
Une chose est certaine, l’endroit avait été ciblé, car regroupant tous les week end nombre d’expatriés venus de tous les continents, qui aimaient y boire un verre, y manger un plat et y danser sur différents genres de musique ou au son d’un orchestre. L’exploitant de La Terrasse est un Libanais blanchi sous le harnais au Mali, assisté de son fils et d’employés dévoués.
C’est dire que la volonté d’assassiner des étrangers était manifeste et que l’on ne peut qualifier ces actes abominables que comme du terrorisme pur et dur. L’habillement du tireur plaide également en ce sens, puisqu’il était cagoulé, portait des gants, et était très déterminé, quasi professionnel. Désormais, Bamako est donc dans l’œil du cyclone, car des fous de Dieu, ce que semblent être ces tueurs, ont manifestement décidé de reproduire chez nous des attentats vus ailleurs ou sur Internet.
Leur objectif est clairement de terroriser la population, toute la population, ou du moins de tenter de le faire. Mais, s’ils espèrent avoir «tué» l’ambiance et les commerces de la rue Amilcar Cabral, véritable nom de la Rue Princesse de l’Hippodrome, qu’ils sachent que cela ne durera qu’un temps et que la vie reprendra ses droits.
Si, en outre, Moktar Belmoktar et ses sbires pensent avoir agi en «bons jihadistes», avoir donné une leçon à certains ou en avoir vengé d’autres, qu’ils inventent, puisqu’ils se croient omniscients, la sourate qui lavera le sang qu’ils ont sur les mains, parce qu’elle n’existe dans aucun Livre Saint.
Ramata Diaouré
Source: Le 22 Septembre 2015-03-09 12:31:58