Le phénomène n’est certes pas nouveau. Avant même le début de l’opération Serval, en janvier 2013, les groupes terroristes avaient dissimulé des mines ou des engins explosifs improvisés dans le désert malien, poussant les forces françaises à prendre leurs précautions dans leur reconquête du Nord. Mais depuis le mois de juin, les militaires français et ceux de la Minusma ont noté une nette recrudescence de ce mode d’action. Ainsi, selon un bilan fourni par l’ONU, 21 Casques bleus ont été tués par des engins explosifs au Mali depuis le début de la mission, en juillet 2013. Plus de la moitié d’entre eux – onze, dont dix Tchadiens – ont perdu la vie entre le 30 juin et le 18 septembre dernier.
NORD DU MALI: Les dessous des nouvelles attaques
« Il n’y a guère de doutes : cette escalade est liée à la reprise des négociations entre le gouvernement malien et les groupes armés à Alger, affirme Radia Achouri, la porte-parole de la mission onusienne. Les terroristes veulent faire saboter le processus de paix. » À Paris, on confirme cette tendance mais on se montre moins bavard sur le sujet. »Nous avons été touchés trois fois au mois d’août par des mines dans les environs de Kidal, Aguelhok et Tessalit, glisse une source au ministère de la Défense. Heureusement, nous n’avons déploré aucun blessé et enregistré que des dégâts mineurs. »
Malgré les dures frappes subies lors de Serval, les groupes jihadistes sont encore actifs dans le nord du Mali, menant régulièrement des actions de guérilla contre leurs ennemis. « L’usage de mines ou d’engins explosifs improvisés rentrent parfaitement dans cette logique, décrypte Laurent Touchard, expert militaire et collaborateur de Jeune Afrique. Ils permettent de faire de gros dégâts, à distance, et de semer une certaine terreur. »
Ces armes redoutables sont généralement enfouies sous terre en pleine nuit par les terroristes, qui les placent sur les routes empruntées par les convois onusiens ou français, et parfois même à quelques centaines de mètres seulement des camps de la Minusma.
MINES: Pourquoi les soldats de la Minusma sont ciblés
Fabriqués à partir d’explosifs civils ou militaires (obus, roquettes, bombes aériennes…), dont les charges peuvent monter jusqu’à 1,5 tonne, les EII sont déclenchés à distance grâce à des téléphones portables. Contrairement aux Français, les Casques bleus ne sont pas dotés de systèmes de brouillage et sont donc beaucoup plus vulnérables face à cette menace. Les mines ont aussi tendance à se multiplier ces dernières semaines dans le désert malien. Provenant de Libye ou du Tchad, elles sont nettement plus simples d’utilisation : il « suffit » de creuser un trou et d’y dissimuler la mine. La moindre pression exercée en surface fait ensuite exploser sa charge.
Rassemblés par YC (source JA) 2014-09-26 12:12:11