Le nouveau gouvernement du Mali, après le « coup d’état dans le coup d’état », du 24 mai dernier, vient d’être constitué.
Il se compose de 28 membres, dont 3 ministres délégués.
Je ne peux m’empêcher d’afficher une colère à peine contenue tellement je ne comprends pas ce pays. A croire qu’une malédiction nous poursuit !
En effet, nous avons moins de 10 mois avant le terme de la période de transition, au lieu de prendre des mesures de réduction des charges publiques, on s’encombre d’autant de départements ministériels !
C’est finalement la grande déception, dès maintenant, pour certains d’entre nous quant à cette nouvelle phase de la transition malienne !
En opposition à mes précédents post dans lesquels je préconisais un soutien au nouveau régime dirigé par le Colonel Assimi Goita face à l’urgence de remettre le Mali sur la voie d’une certaine normalité politique, je deviens de plus en plus sceptique concernant la volonté et la capacité de nos militaires à remettre ce pays sur les rails !
On me dira qu’il est un peu trop tôt pour juger, mais certains signes trompent rarement.
Je m’attendais, pour le nouveau gouvernement, à une révision véritable, en profondeur, de nos pratiques administratives.
Or là, ce gouvernement de 28 membres dénote bien, à mon avis, de la continuité et non de la rupture, comme annoncé par le nouveau Premier Ministre, Choguel K. Maïga. Même que l’on comprend difficilement que des ministres de l’ancien gouvernement, pas spécialement appréciés pour leur gestion, se retrouvent encore en poste.
C’est le cas de ce ministère des mines, de l’énergie et de l’eau, qui n’a rien trouvé comme solution aux délestages de courant électrique que de requérir que lui soit attribué près de 90% du budget national !
C’est ce même individu qu’on soupçonne d’avoir publié sur les réseaux sociaux sa conversation téléphonique avec le Secrétaire général de l’ex-Premier Ministre, Moctar Ouane, dans laquelle il dévoile des informations censées relever de secrets de la haute fonction publique.
Maintenir ce monsieur au même poste dans le nouveau gouvernement traduit une simple réalité pour moi : il est un homme imposé par les militaires putschistes !
Ni plus ni moins !
Quant au nouveau ministre de la justice, que j’avais apprécié en son temps, il me paraît un tonneau vide : beaucoup d’effets de sensation, pratiquement pas d’actions concrètes !
En définitive, je crois, pour ma part, que le Mali n’en a pas fini avec les remous et j’en conclus ce qui suit :
- Le nouveau Premier Ministre n’a pas dû avoir les mains libres dans le choix des ministres, face à l’intransigeance, probablement très polie, des militaires putschistes ;
- Assimi Goita et ses camarades ne sont pas dans la dynamique de donner un nouveau départ à ce pays, mais ils semblent plutôt au pouvoir pour en profiter autant que possible financièrement et matériellement ;
- Le positionnement de leurs personnalités choisies à des postes-clés du gouvernement vise à assurer aux militaires putschistes une mainmise sur la gestion du Mali, même au-delà de la Transition, un système à l’algérienne ou à l’égyptienne où les militaires constituent le lot des premiers opérateurs économiques du pays !
- Même un accord militaire avec la Russie ne garantit pas la sécurité du Mali face aux djihadistes et autres groupes qui écument le Centre et le Nord du pays ! Les militaires maliens ne feront pas faire une guerre par procuration aux Russes pendant qu’ils se prélassent eux-mêmes à Bamako, affairés à s’enrichir !
Franchement, pour ma part, je commence à perdre espoir que nous puissions redresser le Mali avec notre approche actuelle. Le temps nous en dira plus ! Mais, je pense dorénavant que ce pays est pris en otage par un groupe d’individus, militaires principalement, qui vont encore nous faire prendre des vessies pour des lanternes ! Face à une gestion cahoteuse du pays, comme je vois maintenant arriver, nos adversaires, djihadistes et autres, s’en donneront à cœur joie de venir nous narguer jusque dans les parages de Bamako ! Il y a nécessité à s’organiser pour sauver le Mali car il y a toujours péril en la demeure !
PC B Traore
Source: La Mutation