Le rapport sur la situation des droits humains au Mali de l’AMDH au cours des années 2008, 2009 et 2010 relate des cas d’atteintes qui ne laissent place à aucun doute.
Les menaces contre la liberté d’expression et la liberté d’action des défenseurs des droits de l’homme
Les militants des droits de l’homme feront savoir qu’au cours des années 2008, 2009 et 2010, ils ont enregistré peu d’atteintes à certains droits civils et politiques de la part des autorités notamment la liberté d’expression. Toutefois, tiendront-ils à révéler, depuis plus d’une année, les défenseurs des droits de l’homme et particulièrement les organisations féminines font l’objet de menaces constantes de la part des groupes religieux musulmans à cause de leurs déclarations et leurs prises de position en faveur de l’adoption du nouveau code des personnes et de la famille.
Pour l’association des militants des droits de l’homme, il importe que les autorités maliennes prennent des mesures de sécurité pour leur permettre de s’exprimer librement et d’accomplir leur mission en toute quiétude.
Le droit à un procès équitable
A en croire l’AMDH, des efforts restent à faire pour donner plus de célérité à la procédure judiciaire qui accuse encore des lenteurs.
Selon elle, au niveau de l’enquête préliminaire, le délai de la garde à vue n’est toujours pas respecté. Aussi, les délais de la détention préventive sont constamment violés. Ce qui porte atteinte à la présomption d’innocence et au droit d’être jugé dans un délai raisonnable.
Les conditions de détention et les traitements inhumains et dégradants
Il ressort du rapport de l’AMDH que le droit à l’intégrité physique est de nos jours fortement remise en question.
Au niveau des commissariats de police et des brigades de gendarmerie
«Nous assistons au retour des actes de torture dans les lieux de détention». Telle est la révélation accablante faite par l’AMDH dans son dernier rapport sur la situation des droits humains au Mali. Deux exemples concrets : le cas d’un ressortissant Sénégalais du nom de Matar Wade, tailleur de son état, qui fut soumis à des actes de torture le 25 novembre 2009 dans les locaux du Commissariat du 1er arrondissement de Bamako. C’est aussi le cas de Namory Kéïta détenu à la maison centrale d’arrêt de Bamako. «Au moment où celui-ci nous a été présenté, précisément le 25 août 2010, ses fesses et son organe génital étaient ensanglantés. Il a fait l’objet de violences et de sévices de la part d’un gardien de prison», relata l’AMDH. Selon les militants des droits de l’homme, certains agents de la police et de la gendarmerie continuent de garder les citoyens dans leurs locaux pour des cas de non paiement de dette civile ou pour d’autres affaires purement civiles.
Au niveau des maisons d’arrêt
Selon l’AMDH, les conditions de détention restent déplorables. Les prisons sont surpeuplées et le taux de la détention préventive dépasse encore de nos jours 80 %. Particulièrement, le cas de la maison centrale d’arrêt de Bamako reste inquiétant avec en moyenne un effectif de plus de 1700 détenus parmi lesquels près de 1160 prévenus alors que cette prison a été conçue pour 400 à 500 détenus. Dans de nombreuses cellules, affirment l’AMDH, les détenus passent la nuit débout, faute d’espace. La construction d’une nouvelle prison à Bamako s’avère donc nécessaire. Malgré le nombre croissant des détenus, la ration alimentaire ne connaît aucune amélioration quantitative. Aussi, le manque d’infirmerie dans la plupart des prisons expose les détenus à la mort en cas de maladie grave.
Telle est la triste réalité qui existe dans le Mali du 21e siècle. Qui l’aurait cru ? Où sont passées toutes les belles promesses faites au peuple Malien au temps fort de la contestation en mars 1991 ? Où sont aujourd’hui tous ces acteurs du Mouvement démocratique qui haranguaient la foule contre la dictature ?
Birama Fall
Le Républicain 02/12/2010