En fait, il a saisi la balle au bond lors d’une interview de nos confrères de Les Afriques. A la question de l’harmonisation des mandats, donc de leur prolongation, le président de la République a répondu : ‘’Je ne sais pas comment ils vont prolonger mon mandat. Je ne sais pas ce que cela veut dire de prolonger un mandat. Mon mandat finit le 8 juin 2012 et je n’ai jamais pensé… Je suis même étonné de voir discuter de mon sort sans moi, sans que personne, sauf vous, ne vienne me demander ce que j’en pense. Je pense que ce sont des artifices. Ce sont des choses qui ne veulent absolument rien dire… Pour moi, mon mandat finit le 8 juin et je ne rentre pas dans quoi que ce soit. Ils n’ont pas besoin de mobiliser qui que ce soit. La seule personne qu’il faut mobiliser, c’est moi-même, et je suis d’avis que le mandat finit le 8 juin et qu’il faut partir le 8 juin.
Je ne vois donc pas pour quelle raison on ouvre un débat qui n’a pas de sens. Vous êtes le seul venu me poser la question. Si les journalistes maliens l’avaient fait, j’aurais déjà répondu … S’agissant de l’article 30, c’est-à-dire, savoir si le président doit continuer ou pas, ni le président, ni l’Assemblée nationale, ni le congrès ne peuvent le changer. C’est le peuple malien qui peut le faire par référendum. Je vois dans cette agitation un peu de manque de confiance. Je crois qu’en réalité les gens sont pressés. Mais moi aussi d’ailleurs, je suis pressé de leur laisser la place. Rien n’empêche les Maliens de changer cet article, mais moi, je ne voterai pas pour cela. ‘’ En somme, la longueur de la réponse d’ATT est plus qu’édifiante.
Il attendait sûrement, voire même impatiemment, de répondre à cette question. Interrogé sur la pétition émanant de Sikasso, il en a profité pour fustiger ceux qui, selon lui, utilisent des artifices. En outre, c’était aussi l’occasion pour le chef de l’Etat de rebondir sur la question du dauphin du président : ‘’ Je ne soutiendrai aucun candidat. Je me contenterai de tout faire pour organiser des élections libres, transparentes et crédibles.
Tous les candidats pressentis ont plus ou moins des rapports personnels avec moi. Le plus important pour moi, et là c’est le soldat qui parle, c’est qu’à la fin de ma mission, je souhaite au Mali d’avoir un très bon président, pondéré, ouvert, disponible, travailleur, et surtout profondément enraciné dans nos valeurs de culture. Quel que soit celui qui sera élu, il n’y a pas de problème pour moi. J’attendrai de connaître toutes les candidatures pour savoir pour qui je vais voter ‘’ En fait, la réponse du chef de l’Etat a le mérite de clarifier les positionnements et de se démarquer, en même temps, des opportunistes de tous bords. Autrement dit, il ne faut plus se prévaloir du soutien annoncé d’ATT pour la présidentielle 2012. C’est donc dire que tout le monde ira au charbon. Même ceux qui disent qu’ils n’ont eu aucune arrière-pensée en proposant une médaille d’or à ATT.
Baba Dembélé 04/02/2011