Plusieurs dizaines de combattants du Mouvement pour le salut de l’Azawad (MSA) et des civils ont été tués la semaine dernière dans la zone de Tamalat (région de Ménaka). Des crimes imputés à l’État islamique dans le Grand Sahara (EIGS) qui voudrait exterminer la communauté Kel Tamasheq afin de mieux se positionner dans la zone dite des «Trois frontières».
«Des dizaines de personnes, dont une quinzaine de combattants, ont été tuées entre le 8 et le 9 mars 2022 à Tamalat et Inchinane», a confié (vendredi 11 mars 2022) à une agence de presse internationale Moussa Acharatoumane, porte-parole du Cadre stratégique permanent (CSP) regroupant les principaux mouvements armés du nord du Mali. Et de préciser qu’au moins «une vingtaine de combattants du MSA et une quarantaine de civils ont été tués dans ces incidents».
Ce qui vient confirmer l’information qui a circulé toute la semaine dernière sur les réseaux sociaux, notamment sur twitter. Selon certaines sources, plus d’une cinquantaine de civils ont été tués à Tamalat et à Tinsinanane par des présumés radicaux. Des élus locaux évoquent aussi «plus d’une centaine de civils et d’ex-combattants tués mardi, mercredi et jeudi derniers» à Tamalat et Inchinane (à la frontière avec le Niger). Une persécution qui a contraint des femmes et des enfants à fuir à pied les villages de la région pour chercher refuge dans la ville de Ménaka.
Et de violents combats opposent ces derniers jours les combattants du Mouvement pour le salut de l’Azawad (MSA, basé à Ménaka et signataire de l’Accord pour la paix et la réconciliation au Mali en 2015) à des groupes de l’Etat Islamique au Grand Sahara (EIGS), affiliés au groupe Etat islamique. Ces éléments de la Plateforme des groupes armés se battent pour défendre la population en attendant que nos forces de défense s’organisent pour mieux se déployer dans la région de Ménaka.
Des «groupes terroristes s’acharnent sans distinction sur tout ce qui bouge, n’épargnant ni femmes, ni enfants, ni vieillards et provoquant ainsi une véritable hécatombe», a indiqué le MSA dans un communiqué publié jeudi dernier. La veille, le mouvement avait déjà alerté sur une éventuelle «attaque opérée par une horde d’hommes affiliés à Daesh (Etat islamique) dans la localité de Tamalat». Et aux dernières nouvelles, la CMA se serait finalement jointe au Groupe d’autodéfense des Imrades et alliés (GATIA) pour appuyer les combattants du MSA afin de combattre les assaillants de l’EIGS opérant essentiellement dans la zone dite des «Trois frontières» (Mali, Niger et Burkina Faso).
Une zone menacée par la rivalité entre Daesh et Aqmi !
Et des frappes aériennes des Forces armées maliennes dans la matinée de dimanche dernier (13 mars 2022) sur des positions de l’EIGS dans la zone de Harodi (à une dizaine de Kilomètres au sud d’Inchinanane à la frontière avec le Niger) ont permis d’affaiblir sérieusement les assaillants.
Cette zone est en fait au cœur d’une farouche bataille de repositionnement géostratégique. Elle est à la fois convoitée par le Groupe de soutien à l’islam et aux musulmans (GSIM qui contrôle aujourd’hui la zone de Bourem) d’Iyad Ag Ghali et l’EIGS. Ce dernier réseau terroriste veut carrément exterminer la communauté Kel Tamasheq afin de prendre possession de ses terres. C’est ainsi que, dans un vocal audible sur WhatsApp et adressé aux touaregs du Mali et du Niger, le Général El Hadj Ag Gamou a invité celle-ci à unir ses forces à celle des États concernés (Mali et Niger) pour étouffer ce funeste projet terroriste. «J’invite les Kel Tamasheq du Niger et du Mali à unir leurs forces avec celles de nos États respectifs pour combattre ces terroristes missionnés pour nous exterminer», a-t-il déclaré en tamasheq.
Dans cet audio de 10 minutes, le Général Gamou rappelle aussi qu’il y a longtemps qu’il a attiré l’attention des Touaregs sur les risques de la désunion.
Naby