Une juteuse enveloppe de 2 milliards 500 millions de nos francs servira, selon un document officiel du Secrétariat général du gouvernement, à la tenue des assises nationales de la refondation dans un Etat, qui n’honore pas encore ses engagements financiers légaux, le financement public des partis et celui de la presse.
Les dirigeants de l’Etat du Mali font la sourde oreille face aux cris des acteurs politiques et aussi de la presse pour obtenir leurs droits légaux portant sur leurs financements respectifs.
Ces financements aux partis politiques et à la presse ne sont pas payés pendant ces trois dernières années.
Alors que ce sont des dispositions légales (constitutionnelles) qui accordent ces droits.
Certains cadres de l’administration évoquent des difficultés de trésorerie de l’Etat pour expliquer cette situation.
Ce qui n’est pas vrai, puisqu’au même moment, un budget de 2,5 milliards F CFAsera consacré à l’organisation des fameuses assises nationales de la refondation (ANR).
Lesquelles assises n’auront aucun résultat concret si ce n’est de réchauffer les recommandations et résolutions du Dialogue national inclusif et/ou de la conférence nationale d’entente.
Et ces fonds vont servir à l’organisation matérielle, à la logistique, aux perdiems voire à des pourboires et/ou pots-de-vin afférents à de telles opérations, dans un pays habitué à des surfacturations et à des marchés passés dans la précipitation (donc de gré à gré), avec divers intéressements…
Il semble que certains cadres du ministère de la Refondation jubilent déjà à l’idée d’être la cheville ouvrière de ces assises qui seront suivies de diverses réformes toutes aussi budgétivores les unes que les autres.
Alors que ces assises ou ces réformes ne sont pas compatibles avec l’urgence du retour à la normalité institutionnelle.
La question se pose alors de savoir si l’on veut aller à ces assises pour prioritairement en tirer les marrons financiers du feu.
Le Premier ministre Choguel Kokalla Maïga et son ami, le ministre Ibrahim Ikassa Maïgane pourraient-ils pas se sucrer sur l’utilisation de ces fonds ?
et pourquoi mépriser le financement public des partis politiques et l’aide à la presse au profit d’assises qui n’ont pour intérêt que de saigner le Trésor public ?
Rappelons toutefois que le mercredi 29 septembre dernier, plusieurs leaders politiques étaient face à la presse et ont affiché leur colère par rapport à la conduite de la Transition, en particulier sur le projet de tenir ces assises nationales de la refondation.
« Nous rejetons l’organisation des «assises nationales de la refondation » de l’Etat, qui sont coûteuses et inopportunes …»,
avait martelé DrBocary Tréta, le président du RPM.
Il avait à ses côtés, entre autres, Pr Tiémoko Sangaré de l’ADEMA-PASJ, Me Kassoum Tapo du MOREMA, Pr Younouss Hamèye Dicko du RDS, El Hadj Baba Haïdara dit Sandy de l’UM-RDA
«S’il faut prendre la rue, pourquoi pas ?
Si nous usons de toutes les possibilités démocratiques et qu’on se rend compte qu’en face nous n’avons pas un démocrate, nous allons finir par utiliser les mêmes moyens qu’eux, nous sommes des Maliens comme eux… »,
avait fustigé Me Kassoum Tapo, membre du regroupement.
Il faut signaler que les organisations faitières de la presse aussi fulminent leur colère pour réclamer leur dû.
D’aucuns, acteurs politiques et journalistes menacent même de boycotter ces assises, qui semblent avoir pris en otage les financements à eux destinés.
Bruno Djito SEGBEDJI