Le vent de la contestation souffle à l’assemblée nationale du Mali.
Hier, jeudi 23 juin 2016, les députés, très remontés contre la gestion des affaires de l’hémicycle par le président Issaka Sidibé, ont débrayé.
La plénière qui portait sur l’adoption des procès verbaux des séances précédentes, la délibération sur les projets de loi et les communications a été, ainsi, reportée sine die.
A l’Assemblée nationale du Mali, l’heure est aux mises au point et l’application des textes pour que chaque niveau de responsabilité et de prise de décision puisse effectivement jouer son rôle.
Il s’agit de l’implication effective des organes dirigeants pour une gestion démocratique du parlement et marquer la fin d’une « gestion patrimoniale ».
Peut-on parler d’une révolte des députés contre leur président ? On peut dire que les députés sont passés à la vitesse supérieure et c’est une première que d’une seule voix les députés disent non, même s’il y a eu un précédent où une suspension de séance a suffit pour mettre de l’ordre (voir ci-dessus).
Ces derniers jours, l’atmosphère a été très lourde et on pouvait présager un climat délétère dans la représentation nationale.
Et pour cause, les députés sont très remontés contre le président de l’hémicycle, l’honorable Issaka Sidibé.
Ils lui reprochent, selon des sources concordantes, une « gestion patrimoniale des affaires de l’assemblée nationale ».
Pour se faire entendre, les honorables représentants, toutes tendances confondues, ont boudé la séance plénière d’hier qui devait se tenir à 10 h dans la salle Aoua Kéita de l’hémicycle.
L’ordre du jour de la dite séance portait sur l’adoption des procès verbaux des précédentes séances plénières, la délibération sur les projets de loi et les communications.
A l’heure indiquée, aucun député n’a répondu présent à l’appel du président de l’hémicycle.
A la grande surprise de tout le monde, les députés de la majorité présidentielle tout comme ceux de l’opposition ont boudé la séance.
La salle Aoua Keïta, où se déroulent les séances plénières (la salle Modibo Kéita étant en rénovation) est ainsi restée vide durant toute la journée.
La plénière fut reportée pour « raison de problèmes internes », selon un député de la majorité présidentielle.
Même si la nature de « ces problèmes internes » reste à déterminer, « le malaise entre le perchoir et les organes dirigeants de l’hémicycle » est consommé.
Selon des sources proches de l’assemblée nationale, le blocage serait dû à la volonté des décideurs de « changer à la dernière minute l’ordre du jour initial ».
Pour d’autres sources parlementaires, « la gouvernance du président Issaka Sidibé est en cause ».
Il y a un déficit d’information et de communication, ajoutent nos sources.
« Les décisions prises le sont sans concertation, elles ne sont ni expliquées ni argumentées.
Il y a un problème entre le président et les organes dirigeants, ce qui fait que la séance plénière d’aujourd’hui n’a pas pu se tenir.
Car les ministres qui devraient défendre les projets de loi sont déjà rentrés.
Il ne sera pas séant de les faire revenir encore aujourd’hui », indique un député de l’opposition parlementaire, à la mi-journée.
Une chose reste certaine, il y a, aujourd’hui, une guerre ouverte entre le président Sidibé et les députés.
Même si certains affirment qu’il n y a pas de péril en la demeure, car selon un responsable du groupe parlementaire de l’opposition, la question est en cours de résolution par la voix du dialogue.
Ce n’est pas la première fois que les députés bandent leurs muscles contre le président de l’hémicycle.
Le 24 mai dernier, il y a eu des tiraillements entre les députés de la majorité présidentielle (honorable Moussa Timbiné) et le président Issaka Sidibé lors de l’interpellation du ministre des domaines de l’Etat et des affaires foncières, Mohamed Aly Bathily.
Il a fallu ce jour, procéder à une suspension de séance pour calmer les esprits.
Bien avant, les députés de l’opposition, à l’image de Alkaïdi Mahmoud Touré et Mamadou Hawa Gassama Diaby, n’ont eu de cesse à protester contre la conduite des travaux parlementaires et la partialité du président Issaka Sidibé. Espérons que cet ultime « bras de fer » permettra de mettre les pendules à l’heure.
Aguibou Sogodogo
Source :Le Republicain.24/06/2016