La longue trêve observée dans le processus d’installation des instances parlementaires n’aura donc servi qu’à élargir le fossé entre les composantes de l’entité politique charriée par le Rpm. En dépit des tractations et conciliabules en coulisse, la majorité présidentielle n’a pas pu s’épargner une exhibition de ses divergences d’intérêt, qui ont fini par surgir avec le partage des postes à pouvoir au sein des représentations parlementaires continentales, régionales et sous-régionales. Il s’agit, en occurrence, de l’Union parlementaire africaine, du parlement de la Cedeao et du Comité inter parlementaire de l’Uemoa. D’entrée de jeu, les représentativités au sein de la première instance concernée, l’Upa, n’entraînent aucun malentendu, malgré une répartition largement favorable au parti présidentielle qui se taille à lui seul trois des sièges réservés au Mali.
L’attribution des six postes de la Cedeao est l’objet, en revanche, d’une équation non encore résolue, une polémique impossible à trancher entre le Rpm, ses alliés de l’Apm et son principal adversaire de l’opposition. Et pour cause : trois sièges vacants ont été raflés sans ménagement par le groupe majoritaire qui, pour intéresser ses alliés de l’Apm, misait sur une démission hypothétique d’un député Urd disproportionnellement représentés dans l’institution parlementaire supranationale. Les deux élus de l’opposition ayant rechigné à écourter chacun son mandat, le Rpm n’a pas pu trouver la solution dans le renoncement à un siège au profit de son allié du groupe Alliance pour le Mali.
Un malaise similaire s’est déclenché entre les Tisserands et le groupe Adema-Pasj au sujet du partage des cinq sièges vacants du Cip-Uemoa. En dépit d’un marché conclu d’y faire représenter les Abeilles par l’ancien questeur Mahamadou Cissé, le nouveau parti majoritaire a dû faire volte-face en le préférant au groupe Fare-Sadi, au mépris de toute considération due au rapport des représentativités.
Les insatisfactions inhérentes à ces maldonnes n’ont tout naturellement pas manqué d’affecter le déroulé d’une plénière qui a inauguré les premières protestations et volets de bois vert, tant du côté de l’opposition que de celle de la majorité mécontente. La première entité parlementaire s’est manifestée en abandonnant tout simplement la salle au moment du vote. Tandis que l’Adema-Pasj s’est illustré par son tout premier vote à contre-sens de la majorité parlementaire. Ce n’est pas fini.
Le groupe parlementaire des Abeilles, composé de vieux briscards de la pratique parlementaire, en a aussi profité pour tourner en dérision ses partenaires de la majorité parlementaire en obtenant l’annulation du vote par la remise en cause du mode du scrutin après coup. Il n’en fallait pas plus pour étaler à la face de l’assistance le désamour et l’affection forcée caractéristiques des relations entre caciques de la majorité parlementaire. «Une opposition interne à la majorité», a marmonné le député Moussa Timbiné, premier secrétaire parlementaire du bureau de l’AN, pendant que ses autres camarades du Rpm sont directement montés au créneau pour dénoncer publiquement l’existence d’ennemis tapis au sein la majorité sous le manteau d’amis.
Les travaux reprendront ce matin. Il n’est point évident que les protagonistes parviennent à accorder leur violon sur les enjeux ayant entraîné cette première fissure dans la majorité.
A Kéïta
SOURCE: Le Témoin du 10 mar 2014.