Après le plaidoyer des différentes commissions parlementaires saisies sur le projet de loi portant amnistie des putschistes du 22 mars, les débats ont été rudes entre certains parlementaires, qui ont profité de la tribune pour se régler des comptes.
C’est le député élu à Kati sous les couleurs de l’Adéma, l’ancien ministre de l’Equipement Lanceni Balla Kéita qui a ouvert les hostilités. Il a surpris plus d’un quand il a indiqué que la situation que vivait le Mali nécessitait un coup d’arrêt que l’on peut appeler coup d’Etat ! Une manière tacite de reconnaître le coup de force de Sanogo ?
En tout cas à l’Assemblée nationale, en ce vendredi 18 mai 2012, les gens n’en croyaient pas à leurs oreilles quand on sait que son parti, l’Adéma/PASJ a condamné le coup de force et est même membre du front anti-putsch, le FDR.
Mais le député en question ne s’est pas limité à cette gaffe ; il lancera un appel au président du CNRDRE, le capitaine Sanogo afin qu’il se libère de l’emprise des forces opportunistes qui rodent autour de lui. Lanceni Balla Kéita se voulant plus précis a cité le « MP-22 » et Dr. Oumar Mariko.
Pour lui, si le capitaine Sanogo ne fait pas attention en chassant de son giron ces opportunistes, ils vont le conduire dans un précipice. Des propos prononcés au nez et à la barbe du secrétaire général du parti Sadi, présent dans la salle.
Oumar Mariko prendra la parole, mais s’est gardé de citer nommément les gens. Il a parlé de son rôle dans le combat pour la démocratie en 1991 quand il était secrétaire général de l’Association des élèves et étudiants du Mali (AEEM). Pour Oumar Mariko, l’idéal recherché par ce combat – c’est-à-dire la démocratie – a pris des coups qui ont « amené l’Aigle-Mali à baisser la tête ».
« En 1997, quand on assisté à la mauvaise organisation des élections, l’Aigle-Mali a baissé la tête. En 2007, quand le président de la Cour constitutionnel a indiqué que notre pays s’est installé en demeure dans la fraude électorale, l’Aigle-Mali a baissé encore la tête », dira Oumar Mariko.
Et de se réjouir du fait que des jeunes gens se soient levés pour redresser cette démocratie malade. Oumar Mariko n’a pas manqué d’étaler au pupitre de l’A.N ses accointances avec la junte, provoquant du coup la colère d’une grande partie du parlement, dont leurs partis constituent l’épine dorsale du FDR. Le secrétaire général du parti Sadi et député élu à Kolondiéba a même été chahuté par ses collègues, sans que cela ne le perturbe dans son approche.
La moutarde monte au nez de Me Tapo
Me Kassoum Tapo, très remonté contre Oumar Mariko du fait que le secrétaire général du parti Sadi a fait de Kayira une radio de propagande mensongère contre les gens, n’a pas fait dans la dentelle. Il a dit avoir été lynché sur Kayira par Mariko et tenait à lui rendre la monnaie de sa pièce à travers la tribune du Parlement.
Pour lui, il n’est en rien concerné par les accusations de malversations financières à lui reprochées par Mariko et ses affidés. D’ailleurs, dira-t-il, « je suis parvenu, après un appel d’offre de 2,8 milliards de nos francs, à négocier de gré à gré le même marché à 2 milliards F CFA et faire ainsi bénéficier au Trésor public 800 millions de nos francs ».
« M. Mariko, je suis loin d’être ce que vous me prêtez. Quand on me prenait comme président de la Céni en 1997, j’étais déjà bâtonnier, c’est-à-dire ayant été déjà élu par mes pairs. J’ai été membre du Barreau français pendant 10 ans. Ça, ce n’est pas donné à n’importe qui. J’ai été secrétaire général des étudiants maliens en France, mais je n’ai pas participé à la transition en 1991, mais vous y étiez et avez bénéficié des avantages comme les primes et autres… Il faut que vous sachiez qu’avant vous des gens ont mené le combat de la démocratie au niveau de l’école, comme Tiébilé Dramé.
Vous avez parlé des élections de 1997 et 2007, mais vous n’avez pas fait cas de celles de 2002. Pourquoi ? Parce qu’en ce moment vous étiez du gouvernement ! » a répliqué Me Tapo sous le coup d’une colère noire. Oumar Mariko a voulu revenir pour répliquer à son collègue, mais le temps était insuffisant.
Sans se mêler des empoignades verbales entre ces trois députés ci-dessus cités, l’honorable Konimba Sidibé, député élu à Dioïla sous la bannière, a estimé que le Parlement a fait quelque chose, mais n’a pas été loin dans la recherche d’une solution à la crise sécuritaire au Nord-Mali. Il a trouvé que l’Assemblée nationale pouvait même voter une motion de censure contre le gouvernement, mais ne l’a pas fait. Ce qui n’a pas manqué de faire révolter des députés, qui voyaient mal la majorité renverser son gouvernement.
Abdoulaye Diakité
L’ Indicateur Du Renouveau 21/05/2012