La Banque s’est engagée à aider la région du Sahel jusqu’à ce qu’elle mette fin au cycle de violence, de dépendance économique, de pauvreté et de vulnérabilité climatique
ABIDJAN, Côte d’Ivoire, 16 février 2021/ — L’Alliance Sahel qui coordonne les actions de développement des principaux partenaires des pays du G5 (Burkina Faso, Mali, Mauritanie, Niger, Tchad) Sahel s’est engagée, lundi 15 février 2021, lors de sa deuxième assemblée générale à N’Djamena, au Tchad, à renforcer ses actions en faveur de l’éducation, la jeunesse, la création d’emplois et à soutenir le retour de l’État dans les zones fragiles.
A l’issue de cette assemblée organisée en visioconférence et en présentiel, les membres de l’Alliance se sont également engagés à mobiliser davantage le secteur privé dans les actions de développement.
Arancha Gonzáles Laya, présidente de l’Assemblée générale de l’Alliance Sahel et ministre espagnole des Affaires étrangères, de l’Union européenne et de la Coopération, a déclaré : « Malgré les difficultés, malgré la pandémie, et une mobilité plus que réduite, nous avons réussi à avancer sur l’agenda de Nouakchott.
Ici (à N’Djamena), on a un autre agenda : améliorer et intensifier le dialogue entre le G5 Sahel et ses partenaires, se focaliser sur les zones les plus vulnérables, renforcer la redevabilité, mettre l’accent sur l’éducation, la jeunesse, l’emploi et le secteur privé ».
Créée en juillet 2017, l’Alliance Sahel regroupe désormais 25 pays et organisations internationales et onze membres observateurs.
Parmi les observateurs figurent l’Organisation internationale de la Francophonie (OIF), l’Irlande, la Norvège, le Danemark et le Canada.
L’assemblée générale visait notamment à faire l’état des lieux des engagements pris à la première réunion organisée à Nouakchott en février 2020 et définir les perspectives.
Faisant le point de ses actions depuis sa création, l’Alliance indique avoir mobilisé 23 milliards d’euros de ses partenaires en faveur de 900 projets dans les cinq pays du Sahel. Sur le terrain, au moins, 550 000 personnes ont pu avoir accès à l’électricité, 1,6 million à l’assainissement, 5,6 millions d’autres ont eu accès à l’eau potable, plus de trois millions d’enfants ont été vaccinés et 1200 organisations de la société civile ont été soutenues.
De plus, un demi-million de paysans et d’éleveurs ont été soutenus dans leurs activités et 420 000 jeunes ont bénéficié de formations professionnelles.
L’assemblée générale se tenait en marge du sommet des chefs d’Etat du G5 Sahel qui, selon le ministre français de l’Europe et des Affaires étrangères, Jean-Yves Le Drian, sera un « sommet du sursaut et du développement ».
Selon lui, « L’Alliance peut et doit aider à restaurer le pacte social partout où il est fragilisé ».
La région du Sahel fait face à une crise multidimensionnelle marquée par une profonde instabilité socioéconomique, une forte vulnérabilité environnementale liée au changement climatique ainsi qu’ une insécurité politique liée à la présence de groupes terroristes.
Ces défis sont amplifiés depuis mars 2020 par la pandémie de Covid-19.
La Banque africaine de développement en première ligne
Dans un discours lu par Modibo Toure, Envoyé spécial, relations avec les actionnaires (Afrique) à la Banque africaine de développement, le président de la Banque, Akinwumi A. Adesina, a rappelé que le Sahel doit relever trois défis : la crise sécuritaire, l’insécurité économique et le changement climatique.
« Les trois se nourrissent les uns des autres, alimentant un cycle de violence, de dépendance économique et de pauvreté », a déclaré le président Adesina.
Rappelant l’engagement de la Banque africaine de développement en faveur du Sahel, le président Adesina a dit s’être engagé lors du One Planet Summit pour la biodiversité, à investir 6,5 milliards de dollars pour accélérer la réalisation de la Grande Muraille Verte de l’Afrique, dont l’objectif est de restaurer 100 millions d’hectares de terres dégradées à travers le Sahara et le Sahel par la construction d’un mur vert sur 7000 km, de Dakar à Djibouti et créer jusqu’à 10 millions d’emplois d’ici 2030.
Selon le président Adesina, la Banque africaine de développement contribuera au Mur à travers cinq programmes parmi lesquels le programme Desert to Power qui vise à produire jusqu’à dix gigawatts d’énergie solaire et à fournir de l’électricité propre à 250 millions de personnes dans les onze pays du Sahel. La Banque investira deux milliards de dollars dans Desert to Power d’ici à 2025 et pourrait générer par effet de levier r vingt milliards de dollars supplémentaires, a ajouté le président M. Adesina.
Le deuxième programme pour la Grande Muraille Verte est le Programme d’accélération de l’adaptation en Afrique qui vise à aider les gouvernements du Sahel à intensifier les mesures d’adaptation et à réaliser la transition vers une agriculture numérique fondée sur les données.
Au moins deux milliards seront mobilisés en partenariat avec Global Center for Adaptation, dans le portefeuille d’investissements agricoles. Ce qui va attirer près de 25 milliards de dollars supplémentaires.
Le président Adesina a également rappelé que la Banque africaine de développement reste engagée à aider les pays du G5 Sahel à « surmonter la tempête » de Covid‑19 dans l’objectif de renforcer la gouvernance économique et financière et d’aider à régler les arriérés pour permettre aux pays du G5 Sahel d’être en meilleure position pour rétablir leur croissance en 2021.
SOURCE: African Development Bank Group (AfDB)