Vue sur le « Ponte delle Torri » (Pont des Tours) dans la ville médiévale italienne de Spolète, le 21 avril 2017 / © AFP / TIZIANA FABI
La ville de Spolète, célèbre pour sa magnifique vieille ville nichée sur une colline escarpée de l’Ombrie, dans le centre de l’Italie, est devenu l’une des premières du pays à bannir les voitures et installer un métro piétonnier.
« Il fallait du courage et de l’inconscience pour tenter ça », assure à l’AFP l’architecte Giualiano Macchia, l’un des promoteurs de ce projet gigantesque achevé cet hiver après 30 ans de travaux.
Mais désormais, une série de tunnels, ascenseurs, escaliers roulants et couloirs avec tapis roulants relient la vieille ville aux trois grands parkings, dont deux souterrains, installés à l’extérieur.
Pour la bagatelle de 65 millions d’euros, dont 46 millions financés par les ministères des Travaux publics et de l’Environnement.
« Cette manière originale de résoudre le problème d’une ville verticale et touristique, avec des vestiges archéologiques remontant à l’époque pré-romaine, des monuments et des églises médiévales, est un exemple pour le monde », assure Sergio Zinni, président de la Fontation Caisse d’épargne de Spolète, l’un des sponsors.
Système de mobilité alternative, le métro piétonnier permet aux habitants comme aux touristes d’accéder à pied aux places en longeant les murs de différences époques, jusqu’à la Rocca Albornoziana, la forteresse du XIVème siècle qui trône au centre de la ville, tout en haut de la colline.
« C’est très facile à utiliser. Je viens souvent ici et je n’ai jamais eu de problème », raconte Nestor, un Colombien qui vient souvent passer le week-end à Spolète.
– Tapis roulant entre les montagnes –
« Tel est notre défi: une ville sans voiture, ouverte à tout le monde », explique le maire, Fabrizio Cardarelli.
« Nous profitons des vieilles murailles existantes, sans exproprier de terres ni de vergers, nous creusons la montagne, tout en vérifiant la résistance aux séismes », résume pour sa part l’architecte Macchia.
Le métro piétonnier, avec ses longs tapis roulants, court dans la montagne, sous une série de tunnels colorés. Pas de ticket, seulement des « stations » distantes de 200 à 300 mètres: Teatro Nuovo, Piazza Pianciana, Via Saffi…
Dehors, le paysage est intact, le silence plaisant, l’air plus propre. Seuls certains résidents ont le droit de rouler en voiture, les autres doivent se garer dans les grands parkings à l’entrée du centre historique.
En 2016, alors que les travaux n’étaient encore pas tout à fait finis, plus de deux millions de visiteurs ont utilisé le métro sans train de Spolète, assure M. Macchia.
Cette ville d’environ 38.000 habitants inscrite en 2011 au patrimoine mondial de l’Unesco accueille en résidence tout au long de l’année des artistes de tous les continents, en particulier dans le domaine de la musique et de la danse.
Concerts et opéras sont d’ailleurs joués en plein air dans le spectaculaire théâtre romain, comme il y a 2000 ans.
Mais pour venir en profiter, mieux vaut avoir une voiture: au grand dam des habitants et des élus locaux, la ligne ferroviaire qui relie Spolète à la capitale italienne reste trop vétuste et les trains trop rares pour proposer une réelle alternative aux touristes désireux de voyager sans trop polluer.