ART ET CULTURE : Mery Sangaré, un artisan sculpteur hors pair

La société coopérative Mery Sangaré pour la promotion de la culture et de l’artisanat a
accordé une interview à travers son président, Mery Sangaré, à l’Indicateur du renouveau
dans son atelier, à Faladié-Socoro près de l’école le progrès. Pour parler du parcours et des
difficultés que les artisans rencontrent au Mali, leur vision sur l’art et la culture, les
propositions de solutions aux problèmes liés à ce métier et les perspectives pour faire
émerger le monde de l’artisanat et de la culture.
L’Indicateur du renouveau : Pouvez-vous vous présenter M. le président ?
Mery Sangaré : Je m’appelle Mery Sangaré, je suis né à Bougouni et j’ai grandi dans l’art
dans notre famille à Bougouni parce que mon oncle taillait les pierres pour en faire des
tableaux avec de l’argile. J’ai beaucoup appris avec lui, mais au fur et à mesure que les
choses avançaient j’ai vu que avec ça le marché est trop lent. Et c’est en 1992 que j’ai
commencé à côté de lui à travailler avec les morceaux de calebasses, à décorer les
calebasses et je suis parvenu à créer beaucoup de choses. Un peu de temps après j’ai eu un
contrat de 3 ans à Gambie, j’ai fait 2 ans au palais présidentiel de Banjul pour décorer et
apprendre aux élèves artisans. Et après ce contrat, j’ai décidé de venir m’installer au pays
afin de partager mon savoir-faire avec mes frères et mes amis.
L’Indicateur du renouveau : Quelles sont les difficultés que vous-avez rencontrées dans ce
métier ?
M. S. : Dans ce métier, il y a plusieurs difficultés. La première difficulté c’est quand tu fais
des créations, il se pose le problème de comment les vendre et où les vendre ? C’est ça le
premier grand problème des artisans sculpteurs du Mali. Parce que nous, on travaille avec
des choses jetées dans les rues, dans les poubelles pour les rendre vivantes.
Notre art, c’est ce qu’on appelle l’art vivant. Et les gens rient de nous en nous voyant
ramasser ces morceaux de calebasse. Il faut qu’il y ait un marché pour les artisans sculpteurs
parce qu’il n’y a pas de lieu d’échange ou de vente pour sculpteurs maliens. Secundo, pour
les matériels de travail, les artisans sculpteurs ne bénéficient d’aucune aide du
gouvernement. Tertio, les sculpteurs artisans n’ont pas de place pour s’installer afin de
travailler dans la quiétude pour un bon épanouissement de leur métier.
L’Indicateur du renouveau : Quelles sont les propositions que vous pouvez faire pour
l’amélioration des conditions de vie des artisans sculpteurs du Mali ?
M. S. : La première proposition, c’est la reconnaissance de L’Etat, nous voulons être
reconnus par l’Etat. L’Etat doit savoir qu’il achète beaucoup de créations à l’extérieur, nous
on peut faire ça ici et à moindre frais. Et c’est en achetant nos produits que l’Etat va
contribuer à notre épanouissement.
L’Indicateur du renouveau : Est-ce vous avez prévu des expositions pour cette année ?
M. S. : Nous avons prévu une exposition pour cette année. Et cela fait deux ans et quatre
mois que nous sommes sur les préparatifs. Nous allons inviter toutes les ambassades en
République du Mali et nos autorités politiques et administratives pour leur exposer nos
créations afin que nous soyons un peu connus à travers le pays et à l’échelle internationale.
Et jusqu’à présent nous n’avons eu aucune aide pour les préparatifs de cette exposition,
nous sommes aujourd’hui à 4 millions de F CFA de dépense uniquement sur fonds propres
de notre coopérative. C’est qui fait que, nous sommes aujourd’hui dans la galère.
L’exposition se fera à Bamako et après Bamako, une tournée se fera de Kayes, Mopti et
Sikasso. Nous avons invité beaucoup de collaborateurs pour l’exposition.
L’Indicateur du renouveau : Est-ce vous avez un appel à lancer pour le monde des
artisans ?
M. S. : L’appel que j’ai à lancer, c’est demander à tous les artisans du Nord au sud, de

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l’Ouest en Est du Mali de s’unir car c’est dans l’union qu’on peut construire quelque chose,
qu’on peut s’épanouir et qu’on peut avoir de la force et non en rang disperser.
Moriba Camara