Car, dans les années 1990, date de l’avant-dernière rébellion, nombreux sont les Arabes et Touaregs qui ont été sauvagement assassinés, en raison de leur appartenance communautaire. Leurs biens et leurs maisons ont été pillés et saccagés. Le frère ainé d’un ancien Premier ministre a payé de sa vie cette atmosphère. Beaucoup de personnalités arabes de Tombouctou en ont également fait les frais. Idem pour Gao, où un secteur entier, celui des Kel Essouk, a été sérieusement «nettoyé» et ses habitants sauvagement assassinés. Jusqu’à aujourd’hui, cette partie de la ville de Gao reste fantomatique.
Cette situation hante toujours les populations «blanches» du Nord. Et à chaque fois qu’il y a une rébellion, l’instinct de survie amène ces populations à se réfugier dans les pays voisins, dans des camps où les conditions de vie sont souvent infrahumaines. Les cadres, commerçants et autres notabilités qui en ont les moyens se trouvent dans les mêmes pays des logements aux conditions acceptables.
C’est ainsi que plusieurs cadres et opérateurs économiques des deux communautés ont fui le Mali avec le coup d’Etat du 22 mars, qui a précipité la prise des trois grandes villes du Nord (Tombouctou, Gao et Kidal). Parmi eux, Mohamed Ag Mahmoud alias Akilinine, Oumarou Ag Ibrahim, Président du Haut conseil des collectivités, Bajan Ag Hamatou, député de Ménaka et bien d’autres.
Le premier cité a pris son courage à deux mains, estimant que la situation était stabilisée, pour rentrer au bercail. C’était sans compter sur la méchanceté de son entourage, en l’occurrence son adjoint, lequel n’a cessé d’écrire contre lui au niveau du Premier ministre, auquel l’ADN est rattachée, pour dire qu’il avait rejoint le MNLA. Ce qui est archifaux.
Les membres des mouvements rebelles sont connus. Ils ne s’en cachent pas. Ils le proclament et ils en sont fiers. Les rebelles, si on les cherche, on sait où les trouver. Ils sont dans les trois régions du Nord. Ils n’osent pas venir à Bamako. Ou alors tous ceux qui sont dans la capitale et qui disent haut et fort qu’ils sont avec l’Etat malien doivent être considérés comme tels.
Ceux qui connaissent Akilinine savent qu’il n’est pas un rebelle et qu’il a toujours combattu ces apatrides. Il a œuvré avec l’Etat pour les déstabiliser, les ramener à la raison. Akilinine est un agent du développement, qui a sauvé des vies çà et là. Il a contribué, par son intelligence, à crée des retenues d’eau pour sauver des hommes et leurs troupeaux, pour creuser des puits, pour construire des centres de santé et des écoles au profit des populations nécessiteuses.
Akilinine n’est pas MNLA sinon il serait l’un de leurs 28 ministres, dans un gouvernement où plusieurs n’ont même pas le Bac. S’il était avec eux, cadre supérieur de son état, il aurait figuré sur la liste du Conseil transitoire de l’Azawad.
Akilinine n’est pas MNLA parce qu’il a toujours aidé l’Etat à sécuriser le Nord, avec ses parents Elhadj Gamou, Assarid Ag Imbarcawane, Azaz Ag Loudagdag, Mohamed Yssouf Ag Ghalasse, tous de la communauté des Imghads.
Vivement que justice soit faite, car en démocratie on ne peut pas rester plus d’une semaine en garde à vue sans être présenté à un juge ou sans qu’un parent ou un avocat ne rencontre le présumé innocent. Akilinine doit être relaxé, parce qu’il n’est pas un rebelle.
Le Premier ministre est donc vivement interpellé pour que justice soit rendue. Ceux qui sont à l’étranger, qui veulent rentrer et qui n’ont rien à voir avec les mouvements rebelles sont inquiets. Ils ont peur de revenir au bercail et de se voir cravater suite à la dénonciation d’un voisin ou d’un collègue de service malveillant. Comme c’est le cas aujourd’hui d’Akilinine. A suivre.
Chahana Takiou
Le Septembre20/06/2012