Ici, la pratique politique nait des gages consentis, de l’obole versée, de larmes contenues pour avancer. Bref des engagements publiquement attestés et des sacrifices, parfois ultimes, consentis. Les ainés n’ont-ils pas combattu la pénétration coloniale puis la colonisation installée ? La parenthèse CMLN n’a-t-elle pas été adoubée (à tort ou à raison, par tous ou partie) parce que se prévalant d’une Nation à libérer ? Vingt trois ans plus tard, c’est au nom de ce même idéal de progrès incarné, et pour lequel il a fallu se battre, que le mouvement démocratique, dans toutes ses composantes, a joui de la reconnaissance des Maliens. Ils les leur ont témoigné de mille manières.
En 2012, tous ceux qui voudront exister ou continuer à exister devront se soumettre au même exercice. Car on ne s’invente pas politique. En dehors de tout, il faut s’inscrire dans les partis dont la vocation est de construire ensemble le pays, dans un combat politique inspiré et non se poser en indépendants dont la cible principale est justement les partis politiques.
Pour continuer à exister, tous ceux d’aujourd’hui, aux avant postes ou pas, devront renouer avec les valeurs politiques d’abnégation, de prises de positions clairvoyantes et hardies et de luttes héroïques. Mettre le pays au dessus de tout pour que le pays les mette au dessus de tous.
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* L’ancien Premier ministre, Modibo Sidibé continue de faire languir ses partisans qui souhaitent ardemment qu’il annonce sa candidature à la présidentielle de 2012. Aujourd’hui, ce sont les initiatives de son épouse, Mme Sidibé Astou Thiam, qui invitent les militants des clubs et associations de soutien à la candidature de Modibo Sidibé à aller retirer leurs cartes d’électeurs et voter pour son mari qui éclairent l’opinion. Tantôt donné candidat de Att tantôt celui du mouvement citoyen, le grand commis de l’Etat joue son avenir politique. Sans parti et sans que l’on sache véritablement quel est son poids politique, il est condamné à réussir ou à quitter la scène.
* Ahmed Diane Séméga l’actuel, ministre de l’Equipement et des Transports est considéré comme l’âme du PDES après avoir évincé Djibril Tangara de la tête du Mouvement citoyen et même d’éjecter celui par qui le Mouvement citoyen devenu PDES est né. Aujourd’hui, à son tour, son leadership lui est disputé par Bittar et de manière plus larvée Hamed Sow, son président d’honneur. Il faut dire qu’il est handicapé par une loi non écrite qui a fait dire qu’aucun ministre du gouvernement actuel ne pourrait se positionner pour la présidentielle 2012. Survivra t-il au choc des ambitions ?
* Le Parti pour le développement économique et social (PDES) a été créé le 17 juillet 2010 et regroupe d’anciens militants du Mouvement citoyen. Ce qui fait dire à certains que c’est le parti présidentiel. En son sein des ministres, des cadres et plusieurs opérateurs économiques. Actuellement, une bataille de positionnement y fait rage. Par partisans interposés, le 1er vice-président, Jeamille Bittar, ci devant président du Conseil économique social et culturel et non moins président de la Chambre de commerce et d’industrie du Mali, a maille à partir avec son président Ahmed Diane Séméga. Ce proche d’ATT dont le mandat à la tête de la CCIM est arrivé à expiration depuis plus d’un an est considéré comme l’argentier du parti. Ce qui autorise, de son point de vue, toutes les ambitions, y compris celle de président de la République. Bittar, pensent de nombreux observateurs, veut juste survivre politiquement, après 2012.
* Hamed Sow Présenté comme celui qui a conçu le fameux Programme de développement économique et social (PDES) du Président ATT, Ahmed Sow, ancien ministre de l’énergie et de l’eau, est plus connu au Mali pour ses démêlés avec l’Organisme européen de lutte antifraude (OLAF). Illustre inconnu sur la scène politique avant l’arrivée d’ATT à Koulouba, Ahmed Sow est aujourd’hui vice-président du Parti pour le développement économique et la solidarité (PDES). Ces derniers jours, il s’est donné la mission de faire l’arbitre entre Jeamille Bittar et Hamed Diane Seméga qui se disputent le leadership au sein du parti. Mission d’autant plus difficile que lui-même ne dédaignerait pas d’être adoubé par le parti dit des amis d’Att et par le Général lui-même.
* Madani Amadou Tall Quand un conseiller économique existe plus que d’autres, c’est sûrement avec la « baraka » du chef. Il ne peut en être autrement. Devenu conseiller économique en 2002, à la faveur de l’arrivée du Président ATT à Koulouba, Madani Amadou Tall n’a nullement été inquiété lorsqu’il a mis sur les fonts baptismaux son parti Avenir et Développement du Mali (ADM). Cela aurait pu déplaire comme ce fut le cas avec la FCD de Tangara. Alors il défend avec hargne la reforme constitutionnelle en cours. N’est-il pas dans son rôle lui qui a dirigé la campagne électorale pour l’élection d’ATT en 2002 aux Etats-Unis. C’est pourquoi, dit-on, le président ATT l’a désigné comme son conseiller. En tout cas, Madani Amadou Tall a toujours été perçu par bon nombre de ses concitoyens comme une des cartes que le Général pourrait actionner au moment venu pour peser dans son sens. Mais en a-t-il seulement du poids ?
* Djibril Tangara, L’ancien président du Mouvement citoyen (ayant conduit ATT à Koulouba) réclame toujours le leadership de cette association et donc d’une certaine manière la paternité du PDES, tant est que ce parti est sorti des entrailles du Mouvement citoyen et dont la FCD n’a été qu’une étape du parcours. Malgré une récente interview ou il soutenait que pour 2012 il ira où le général lui dira d’aller il a signé la plateforme de soutien au candidat du RPM. Pourtant il continue de clamer sa fidélité Att. Il faut dire que depuis qu’il a quitté le gouvernement il en a vu des péripéties. Il expliquera sans doute un jour la quadrature du cercle.
* Ousmane Ben Fana Traoré est lui aussi issu du Mouvement citoyen. Il crée en 2005 le Parti citoyen pour le renouveau (PCR), lequel arbore aujourd’hui l’étiquette libérale et prône la valorisation du secteur privé. Il continue aujourd’hui son travail d’implantation à l’intérieur du pays, sans doute, pour pouvoir au second tour se positionner comme un faiseur de rois.
Housseni Amion Guindo « L’avenir du Mali par les jeunes avec les femmes ». Tel est le leitmotiv de Housseni Amion Guindo, jeune politique, révélé au Mali par la population du cercle de Sikasso qui a fait de lui l’un de ses députés. Président de la CODEM, créé le 24 mai 2008 il a été désigné par les Partis unis pour la république (PUR), un groupe d’une douzaine de partis politiques comme leur joker à l’élection présidentielle de 2012, le député de Sikasso fut, faut-il le rappeler, militant du RPM. Du fait sans doute de sa jeunesse il compte parmi les plus mobiles des candidats annoncés parcourant tous les week-end le pays profond. Mais, il faut dire qu’il reste un véritable mystère sur la scène, du fait de ses moyens qui lui permettent de bousculer des formations historiques. Pour avoir débauché plusieurs militants et responsables d’autres chapelles, Housseni Amion Guindo est aujourd’hui fortement soupçonné, par ses détracteurs, d’être au service du Président ATT qui va l’utiliser politiquement au moment venu.
* Moussa Mara Président du parti « Yéléma » ou changement, Moussa Mara est candidat à l’élection présidentielle 2012 après une infructueuse alliance avec les Pur. Il demeure l’homme politique malien le plus atypique de sa génération. Aujourd’hui, Maire de la commune IV du District de Bamako, il le dit à qui veut l’entendre : « En 2004, nous avons essayé d’apporter nos compétences et expériences à notre collectivité en nous portant candidat aux élections municipales. Malheureusement notre liste fut éliminée de la course à la suite de péripéties qui illustrent bien l’état de notre système politique et surtout la qualité des hommes qui le servent ». Mais, en 2007, avec pourtant un score de 48, 5% des voix au second tour face à Ibrahim Boubacar Keita, il n’arriva pas à s’offrir un siège à l’hémicycle. Mais, ce n’était que partie remise. En 2010, il remporte les élections communales en CIV. Nombreux sont, aujourd’hui, ses concitoyens qui pensent qu’il bénéficie d’un appui du Président Amadou Toumani Touré. Soutient d’ATT ou pas, le fait est que Moussa Mara a eu une ascension fulgurante sur la scène politique malienne.
* Première femme candidate à une élection présidentielle au Mali, Mme Sidibé Aminata Diallo était pratiquement inconnue sur la scène politique malienne, jusqu’à la veille des élections de 2007 .Elle a été investie par le Rassemblement pour l’éducation à l’environnement et au développement durable (Redd), le 13 mars 2007 pour l’élection présidentielle de 2007. Au premier tour, elle se retrouve avec un score de 0,55 % des voix. []Le 3 octobre 2007, Mme Sidibé Aminata Diallo est nommée ministre de l’Éducation de base, de l’alphabétisation et des Langues nationales grâce, dit-on, à sa grande proximité avec la mouvance présidentielle. Mais depuis son départ du gouvernement à la faveur du remaniement du 9 avril 2009, elle et son parti sont rentrés en hibernation. Prélude à une mort politique ?
* Mme Touré Safiatou Traoré est apparue sur la scène politique au cours de la campagne électorale des législatives de 2007 sous les couleurs du Parti citoyen pour le renouveau (Pcr). Réputée très proche du président ATT, elle a remporté l’unique siège de député de la Commune III et s’est beaucoup investie pour la promotion du genre. Mme Touré Safiatou Traoré est aujourd’hui, secrétaire générale de l’Union des patriotes de la République (Upr).
* Mme Haïdara Aïchata Alassane Cissé plus connue sous le pseudonyme de Chatto est la 5è secrétaire parlementaire. Elue à Bourem sur une liste indépendante, elle est aujourd’hui militante du PDES. Elle s’est notamment signalée à travers l’association Taoussa qu’elle dirige. Saura-t-elle éviter les effets collatéraux de la guéguerre en cours dans son parti ?
* Hamadaou Sylla est élu dans la circonscription de Banamba lors des élections législatives de 2007 sur la liste indépendante, avec dit-on l’aide de ATT. Il a été maire de Dougouwolonwila de 1999 à 2002[]. Ancien vice-président du Mouvement citoyen, [ ]Hamadaou Sylla est Secrétaire national à la stratégie et à la prospective du PDES. Quel avenir après l’hémicycle ?
* Cheick Boucadry Traoré Fondateur et Directeur général de TANEX Corporation (TANEXCO), une société d’ingénierie financière, Cheick Boucadry Traoré est un des fils du Général Moussa Traoré qui a dirigé d’une main de fer pendant 23 ans le Mali. Il est le fondateur du parti Convergence africaine pour le renouveau (CARE) Après avoir exprimé son intention de briguer la magistrature suprême, il décline à longueur de presse son programme « magique » qui sortira le Mali des abimes où son père l’avait plongé 23 ans durant. Mais s’estime t-il comptable de l’héritage du père ? Sur son site internet son épouse Liberata Gasasira Traoré répond : « il est quelqu’un qui n’a jamais été directement engagé dans des activités politiques bien qu’il vienne d’une famille d’hommes politiques ». En tout cas dans la famille, il va falloir faire un choix entre le fils et le beau fils Cheick Modibo Diarra.
* Cheick Modibo Diarra Né en 1952 à Nioro du Sahel, Cheick Modibo Diarra est un de ceux qui ont le plus fait parler du Mali sur le plan international. Ambassadeur de bonne volonté de l’UNESCO, le navigateur interplanétaire, que personne ne peut créditer d’un passé politique lointain, n’a pas pu résister à l’appel des sirènes politiques. Président de Microsoft Afrique depuis février 2006, Cheick Modibo Diarra était attendu sur un tout autre terrain que la politique au Mali et en Afrique. Avec une probabilité quasi nulle de remporter une élection présidentielle au Mali, l’on est tenté de chercher les véritables motivations de cet homme de science qui a crée le 19 septembre 2010 le Rassemblement pour le développement du Mali (RPDM). Il édifiera sûrement le moment venu.
* Soumana Sacko L’ancien Premier ministre Soumana Sacko n’est pas vraiment un nouveau venu sur la scène mais le ministre et le premier ministre qu’il a été était motivé par son profil de technocrate intègre volant au secours d’une économie moribonde. Le temps a passé et il a créé, le 25 mai dernier, la Convention nationale pour une Afrique solidaire (Cnas-Faso hèrè), son parti. Dans la foulée, l’annonce a été faite de la tenue de son premier congrès ordinaire et de l’investiture du candidat Soumana Sacko, à l’élection présidentielle de 2012, les 17 et 18 décembre 2011. Il restera à faire la différence entre gérer les caisses de l’Etat et gouverner un pays !
Au cours d’une interview, en juillet 2007, Mme Fatoumata Dicko répondant à un de nos confrères laissait entendre : « Je ressens beaucoup de bonheur, parce que je ne me suis jamais engagée autant dans la politique. Je suis une fervente militante du Psp, Parti pour le progrès et la solidarité depuis l’avènement de la démocratie. Cette année, le parti a demandé à ce que je dépose ma candidature pour la députation. J’ai accepté volontiers parce que je savais que j’avais des atouts politiques compte tenu de mes relations avec ma base, avec mon cercle, Douentza, les bonnes relations que j’entretiens depuis toujours avec la population de Douentza.»
* Seydou Cissouma a été désigné au poste de commissaire au sein de l’Uemoa. Poste pour la première fois occupé par un journaliste malien. Cet ancien conseiller à la communication du président de la République est un fidèle allié. Sa nouvelle affectation, aux dires des ses ennemis, est une reconnaissance pour l’homme qui a éteint tant de feux médiatiques en même temps qu’à l’international il sera un relais important. Même après.
Le maire de Wélessebougou, Yeah Samaké, a déclaré, vendredi 15 juillet dernier, sa candidature à l’élection présidentielle de 2012. Le transfuge de l’Urd et président du Parti pour l’action civique et patriotique (Pacp) avait déclaré à cette occasion : « je ne veux pas de Soumaila Cissé président de la République du Mali. Il n’incarne pas les valeurs que j’attends d’un président de la République, il traine des casseroles derrière lui lors de son passage au gouvernement… «. Tout l’URD a vu dans cette fronde une manœuvre politicienne.
* Mamadou Djigué dit Jeff le fils du milliardaire a annoncé sa candidature à l’élection présidentielle de 2012 sous la bannière du Mouvement des jeunes pour le changement et le développement (Mjcd). C’était le jeudi 22 septembre 2011 à l’occasion d’un meeting organisé au Centre international de conférences de Bamako. Au cours de ce meeting, les militants du MJCD avaient soutenu que 2012 sera une année pour la jeunesse du Mali. Vivement 2012.
Le Républicain 18/11/2011