Le pic de frustrations et de déceptions suite à la gouvernance tâtonneuse d’IBK eut finalement comme conséquence le renversement de celui-ci par une junte composée d’officiers. Un coup d’Etat light globalement salué par les différentes couches de la population. Cependant, en y regardant de plus près, et en gardant à l’esprit que le diable se cache dans les détails, ce peuple malien devra rapidement redressé le gouvernail.
L’on pensa assez naïvement que le plus dur était fait, que désormais les Maliens regardent tous dans la même direction, et que la sincérité était enfin devenue la religion commune de tous. Eh bien, il semblerait qu’entre l’épisode traumatisante de 2012 et celle atypique que l’on vit, que le Malien ait comme un blanc de mémoire. Car encore une fois, les acteurs principales de la scène publique semble tous focalisés sur le partage du pouvoir. Koulouba et environs, sont le centre de toutes les convoitises au point d’occulter l’essentiel du travail qui devra être accomplit. Il s’agira surtout de travailler tous main dans la main, sans aucun esprit de suspicion, avec toujours en tête, l’intérêt supérieur de la Nation.
C’est ainsi que demain devront commencer des concertations nationales afin de tracer une feuille de route consensuelle pour une transition apaisée et réussie. Le CNSP espère ainsi récolter des propositions probantes afin d’alléger le très lourd poids de gestion du pays qui pèse sur ses épaules. Des concertations qui, si elles sont bien menées, seront la porte ouverte pour un retour rapide à la normale. Par contre, si l’esprit de partisannerie l’emporte sur la raison, alors de jours incertains s’annoncent de nouveau, qu’à Dieu ne plaise.
Car déjà, des faits semblent montrer que le spectre du calcul politicien plane sur le Mali. Le M5 RFP revendique en quelque sorte la paternité de la chute d’IBK. Il espère jouir du capital sympathie qu’il aurait rassemblé au cours des dernières semaines. Il s’estime légitime pour continuer le combat du peuple malien. D’un autre côté, le CNSP, après s’être affiché au côté du Mouvement lors d’un rassemblement, entend lui aussi prouvé que le putsch est bel et bien son œuvre, et que de ce fait, il peut bien avoir son mot à dire dans la gestion du pays. Il s’agit d’une divergence qui existe avec en toile de fond les menaces de la CEDEAO pour une transition civile d’un an.
Une chose est sûre. Ce n’est nullement le moment de profiter d’une quelconque brèche afin d’en tirer quelque profit que ce soit. Priorité doit être donné au comment organiser la transition, et plus essentiel encore : sur quels critères se baser pour choisir celui ou celle qui la dirigera.
Ahmed M. Thiam