Pour avoir une réponse légitime à cette interrogation, le parti Asma que préside Soumeylou Boubèye Maïga a demandé et reçu la mise en place d’une Commission parlementaire. Disons une Commission pour juger entre l’ancien ministre de la défense Boubèye et son Premier ministre Moussa Mara. Visiblement, avant même le début des travaux de cette Commission mise en place par le Parlement lors de la plénière du 20 mai 2014, avec l’adoption de la résolution N°14-01/AN-RM, la question semble être tranchée par le président de la République lors de l’interview qu’il a accordée à Rfi étant à Malabo pour le 23ème Sommet de l’Union africaine.
Lorsqu’on lui pose la question de savoir si on peut dire qu’après les combats du 21 mai dernier à Kidal, la confiance était rompue et qu’il fallait la rétablir, et que c’est pour cela qu’il faut aller à Alger, il répond en ces termes: «Je crois que les groupes n’ont jamais perdu confiance. Moi, j’ai le réflexe de le penser et de le croire. Tout le monde sait que ce qui s’est passé à Kidal le 21 mai n’était pas du tout ce que j’avais souhaité. Et je ne peux pas avoir deux jours auparavant, avoir dit malgré la douleur vive qui était la mienne et celle du peuple malien, par rapport à la tragédie survenue le 17 mai, qu’on avait envie de préférer égorger à Kidal.
En dépit de cela, j’avais dit, pour autant convenons qu’il y aura un retour à la paix et allons à la table des négociations. J’ai dit cela. Je ne peux pas le lendemain ordonner qu’on reprenne les armes. Donc, je ne pouvais pas ne pas réagir à cela. Vous avez bien vu que j’ai mis fin aux fonctions du ministre de la Défense. J’ai estimé que mes instructions n’avaient pas du tout été correctement transmises et respectées. On m’a vu en plein Conseil des ministres lorsqu’on m’a informé, dire cela suffit. Cessez-le-feu immédiat. C’est contraire à mes instructions. Tout le monde dans le cabinet autour de moi peut en témoigner».
Comme si cela ne suffisait pas, le président de la République Ibrahim Boubacar Keïta va plus loin en répondant à une autre question. Celle de savoir s’il y a eu une défaillance dans la chaîne de commandement. Il dit : «C’est clair, je l’assume. Et l’assumant, j’ai pris la mesure, la première qui s’imposait. Celui que j’avais mis en charge de la Défense nationale en a payé les frais». En un mot, d’après le président de la République, Boubèye a été limogé. On se rappelle d’ailleurs que même le Premier ministre avait laissé entendre que le départ du ministre de la Défense fait partie des redressements après les événements de Kidal. L’incontournable question est de savoir si la Commission d’enquête parlementaire dira plus, après les sorties du président de la République et de Mara. Alors que Boubèye dit connaître à travers ses réseaux et d’autres réseaux des gens qui ont envoyé des SMS et des appels téléphoniques aux militaires pour lancer la guerre.
De ce fait, on risque de ne pas connaître la vérité à travers cette Commission composée de 15 députés répartis comme suit : Rpm (7 députés), Apm qui est le groupe parlementaire de Mara (3 députés), Adéma-Pasj (2 députés), Vrd (le groupe de l’opposition avec 2 députés) et l’ex-groupe Fare-Sadi (1 député).
Un militant de Boubèye qui n’a pas voulu nous accorder un entretien nous dit ceci : «On finira par nous retrouver dans l’opposition, alors qu’on a été les premiers à soutenir IBK après avoir quitté l’Adéma. Mais aujourd’hui, il nous a trahis ; la confiance n’y ait plus. Boubèye n’a pas donné l’ordre, celui qui a donné l’ordre depuis Gao, c’est Moussa Mara et il doit s’assumer».
Si Boubèye reste non satisfait des travaux de la Commission, il pourrait mettre en œuvre certainement son plan B pour défendre son honneur et faire valoir ses droits. Ce plan B pourrait être sa rentrée dans l’opposition. Dans tous les cas, la guerre est déclarée entre le président IBK et celui qui était, d’après plusieurs observateurs, son meilleur ministre. Soumeylou Boubèye Maïga est un homme connu dans le milieu des services de renseignements et détient plusieurs secrets des différents gouvernements de 1992 à nos jours. IBK acceptera-t-il que Soumeylou Boubèye Maïga rejoigne l’opposition ? Cette question aura sa réponse après les travaux de la Commission d’enquête parlementaire.
Ibrahima Boubacar Yoro MAÏGA
Le Reporter 2014-07-16 03:53:44