Ils étaient des milliers d’enseignants et des parents d’élèves à descendre dans la rue le jeudi 11 avril 2019 pour exprimer leur ras-le-bol devant la gravissime et préoccupante situation scolaire. Les manifestants ont non seulement dénoncé l’indifférence, voire l’irresponsabilité du gouvernement, mais aussi et surtout pointé un doigt accusateur sur les parents d’élèves et de surcroit le peuple qui relèguent la lutte des enseignants au second plan et ne font pas assez pour faire plier le gouvernement. Les revendications des enseignants sont-elles légitimes ? Pourquoi alors une telle indifférence générale à leur cause ? Va-t-on cautionner une année blanche hypothéquant l’avenir de toute une génération ?
Les syndicats signataires du 15 octobre et tous les autres regroupés au sein d’une structure appelée Synergie ont marché le jeudi 11 avril 2019 pour réclamer leurs droits. Cette marche est la énième du genre pour les mêmes revendications, celles qui sont relatives à l’amélioration de leurs conditions de vie et de travail. Pour rappel, sur les dix points de revendications, six ont connu un accord total, le septième un accord partiel, et ce sont les trois points les plus essentiels qui n’ont pas fait l’objet d’accord du tout.
Le hic est que le gouvernement ne fournit le moindre effort pour satisfaire ces revendications. Ni la pression des députés, ni les multiples tentatives de médiation des familles fondatrices, encore moins les deux mois de grève des enseignants n’ont pu faire fléchir Boubou Cissé de sa position de niet. Devant la représentation nationale, le Ministre des finances n’a eu d’autres réponses que le budget national ne pourra pas supporter d’autres charges supplémentaires. Au même moment, les plus hautes autorités du pays font des voyages princiers. Aucun budget des différentes Institutions n’a connu une diminution pour cause de récession, mais quand il s’agit des enseignants, si on n’évoque pas leur nombre très élevé, on parle de l’insupportablité de la charge par le Budget. Pourquoi évoque-t-on chaque fois le nombre des enseignants pour justifier le refus de satisfaire leurs revendications ? La réponse est que les autorités n’ont pas d’ambition pour notre pays. Au moment où certains pays de la sous-région tendent vers 100 % de taux de scolarisation, le Mali crie sous tous les toits que les enseignants sont trop nombreux, alors qu’on n’a même pas atteint les 70 % de taux de scolarisation.
En somme, une réunion de médiation devrait se tenir après la marche. Nous pouvons espérer que les deux parties tomberont finalement d’accord sur les points qui font l’objet de discorde. Surtout que les enseignants n’ont même pas fait de la résolution des points de revendication une urgence. Mais, qu’ils aient la garantie qu’ils auront gain de cause d’ici la fin du mandat d’IBK.
Youssouf Sissoko